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lundi 20 avril 2020

Le coronavirus et le monde enchanté


 

 Publié par Antonin Campana sur 15 Avril 2020

Depuis des décennies, nos élites nous racontent une Belle Histoire sur des ponts qui remplaceraient des murs, sur des frontières qu’on abattrait pour que tous les gars du monde se donnent la main, sur un soleil qui illuminerait un métissage joyeux.

Dans ce monde enchanté, le vivre ensemble et la mixité sociale annoncent un avenir harmonieux pleins de couleurs et de douceurs. Qui n’en voudrait pas ?

Dans le monde réel, c’est autre chose.
Le vivre ensemble et la mixité sociale ne font rêver que ceux qui ne les connaissent pas.
A force d’avoir voulu copier le monde enchanté, le monde réel s’est transformé en cauchemar.
Mais, fort heureusement, ceux qui racontent la fiction ne sont pas ceux qui subissent le réel !
Deux univers parallèles ont donc coexisté pendant des années.
Durant tout ce temps, le monde enchanté a été présenté comme le monde réel, alors que le monde réel était quant à lui propulsé dans l’univers des fantasmes et des fake-news.

C’est alors qu’un petit virus s’est invité dans le monde enchanté.
Tout d’abord, les conteurs du monde enchanté sont restés fidèles à la description de leurs contrées, où le virus n’avait pas sa place.
Il n’était pas question d’infléchir le récit de la merveilleuse fiction sociale pour une simple gripette. Puis les conteurs ont essayé d’inscrire l’intrus dans la Belle Histoire.
Ils ont dit : « le virus n’a pas de passeport !».
Consacré Sans-papier, le virus migrant de Chine fut une occasion de rappeler généreusement à tous les hommes que fermer les frontières n’était pas bien.
C’était un repli nationaliste !
Or, il faut le savoir, dans le monde enchanté, les Méchants sont ceux qui veulent fermer les frontières, et les Gentils, au contraire, sont ceux qui veulent les ouvrir pour accueillir chaleureusement toute la diversité du monde !
Prenant note de cet altruisme républicain, le virus a immédiatement fait usage de son droit au regroupement familial.
Pleins d’autres petits virus sont donc arrivés, se répandant dans nos rues et générant un « sentiment » d’insécurité sanitaire.
Les conteurs ont promptement cherché à contrer ce sentiment, assurément xénophobe et venu des Méchants, en prétendant qu’il ne fallait pas, Macron le 06 mars, « modifier nos habitudes de sortie ».

Enfin, il y eut le drame : la fiction qui rencontre le réel.

Le réel qui désintègre la fiction.
Le virus tuait des gens. Beaucoup. Beaucoup trop.
Aussi, n’était-il plus possible de cacher que le virus se fichait du Contrat social et du monde enchanté.
Certes, le virus aspirait au vivre ensemble et désirait la mixité sociale.
Mais ce n’était pas pour enrichir la société, ni être une chance pour la France.
Loin de là : c’était pour mieux parasiter le corps social, vivre sur son dos, sucer son sang et son énergie et se reproduire à ses dépends !
Comble de l’ironie, le coronavirus, sans doute influencé par la Belle Histoire et désireux de s’intégrer, en tous cas au nom des principes d’égalité et de non-discrimination, a manifesté son désir de vivre aussi bien avec les généreux du monde enchanté que les malheureux du monde réel.
En fait, les virus étaient de véritables nomades, tels que les aimait Jacques Attali, l’un de nos plus grands conteurs.
Ils faisaient un hôtel de chaque hôte, quel qu’il soit, et s’y trouvaient parfaitement dans leur patrie !

Bref, les conteurs, malgré eux attirés dans le monde réel, n’ont plus pu nier celui-ci.
A contrecœur, pour se protéger, ils ont dit qu’il fallait rétablir les frontières et ont avoué à demi-mot qu’elles étaient utiles.
Le récit a changé. Il fallait désormais désintégrer le vivre ensemble par la distanciation sociale.
Pour mettre fin à la mixité sociale, et au risque de réhabiliter le salut romain que les Méchants pratiquaient dans le monde enchanté, les conteurs ont imposé des gestes barrières.
Pour finir, un peu trop tard, malheureusement, certains s’en souviendront, les conteurs, reniant la moraline qui faisait l’enchantement de leur monde, ont déclaré la guerre au virus sans papier, pourtant seulement coupable de s'être réfugié parmi nous, après avoir été chassé de Chine.

A l’heure où nous écrivons, il ne reste plus grand chose de la Belle Histoire !
La fiction vient d’éclater comme un ballon de baudruche à la chaleur d’un volcan en éruption. Contraints par le virus qu’ils ont laissé entrer, les conteurs désertent le monde enchanté et débarquent dans le monde réel.
Voyez : ils n’ont pas perdu de leur superbe !
Déjà, sur les écrans, ils construisent une nouvelle histoire où ils tiennent le beau rôle.
C’est qu’ils pensent régner dans le réel comme ils régnaient autrefois dans la fiction.
Mais savent-ils seulement, ces pauvres conteurs, qui les attend dans le monde réel ?

Antonin Campana

autochtonisme

1 commentaire:

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