21 avril 2020
Selon
une enquête de la cellule d’investigation de Radio France, de nombreux
certificats de conformité des masques commandés en Chine ne sont pas
valables.
Si les masques, essentiellement en provenance de Chine,
commencent à arriver en France, les dispositifs de protection
chirurgicaux ou FFP2 ne sont pas utilisables dans de nombreux cas.
« Les importations en provenance de Chine ont pu
reprendre. (…) Cette semaine, nous avons réussi à importer beaucoup plus
de masques que ce que nous consommons en ce moment » déclarait
Édouard Philippe lors de sa conférence de presse (sans la presse)
dimanche 19 avril.
Selon lui, l’État a résolu ses problèmes
d’approvisionnement en masques pour le personnel médical, FFP2 ou
masques chirurgicaux.
Mais plusieurs pays européens, notamment la Belgique, les Pays-Bas ou la
Finlande ont déjà eu cette désagréable surprise de recevoir des
cargaisons de masques qui ne sont pas utilisables dans des conditions de
sécurité satisfaisante.
"Le gouvernement annonce pouvoir satisfaire aujourd’hui les besoins en masques du système de santé. Mais quelles garanties prennent les autorités françaises sur la qualité du matériel importé ? De nombreux éléments jettent le doute sur le sérieux de ... https://t.co/QEbu59YplC— Laviesimplement (@Lvsimplement) April 21, 2020
« Sur la cargaison qu’il venait de recevoir, un quart était conforme, mais le reste était de très mauvaise qualité. »
Camille Verchery, le PDG de VVR international, un autre spécialiste de la recherche de fournisseurs sur le marché chinois, a été sollicité par l’agence publique Business France pour vérifier les approvisionnements en masques et en blouses.
« En janvier, face à l’explosion des besoins de la Chine en équipements de protection individuels (EPI) à usage médical, l’État chinois a mis sous contrôle les fabricants chinois, notamment les usines certifiées CE, afin qu’elles produisent pour les besoins de la Chine » explique-t-il.
« Malheureusement, le besoin étant toujours supérieur à l’offre chinoise, de nombreuses usines non spécialisées se sont mises à produire des EPI à usage médical, sans véritable expérience. Dans cette catégorie, on trouve absolument de tout. J’ai eu une cinquantaine de demandes d’entreprises françaises qui m’ont présenté des offres qui leur étaient faites par des producteurs de masques. Dans la quasi-totalité des cas, nous avons conclu que le matériel n’était pas fiable » a-t-il déclaré.
Des documents de certification falsifiés
Afin de répondre à la demande mondiale, de nombreuses entreprises chinoises non spécialisées se sont lancées dans la confection de masques.
Depuis plusieurs semaines, des organismes de certification émettent des alertes suite à la diffusion de faux certificats de conformité.
Au niveau européen l’ESF (European Safety Federation), qui réunit une bonne partie des acteurs du marché de la protection a recensé des dizaines de faux certificats en circulation.
Pour le Synamap, représentant français de l’AESF, « les fournisseurs habituels ayant disparu, c’est un peu comme si on achetait à l’aveugle. Je connais deux de nos adhérents, gros importateurs de matériel, qui ont renoncé à faire venir des masques de Chine, parce que là, ce n’est plus possible de savoir ce que l’on achète. »
Parmi les faux certificats que nous avons pu obtenir, l’un renvoie vers un fabricant de soutiens-gorge chinois, qui annonce pouvoir fournir des masques FFP2 réglementaires.
Un autre est utilisé pour vendre des masques alors qu’il avait été en réalité émis pour certifier un thermomètre médical.
Des témoignages qui reviennent des soignants sur la qualité des masques
Sur le terrain, de nombreux soignants témoignent de la qualité du matériel de protection: masques trop petits, inconfortables, qui ne permettent pas de maintenir l’étanchéité au niveau du nez pendant plus de quelques minutes…
Aglawen Vega, infirmière à l’hôpital Cochin explique: « Sur les masques chirurgicaux, vous avez une barrette en métal qui doit assurer l’étanchéité au niveau du nez, et sur certains masques, ça part dès les premières minutes. Ça avait dû m’arriver une fois en dix ans, là, c’est arrivé plusieurs fois, ça dépend vraiment des lots de masques. De toutes façons, on ne sait plus d’où ils viennent. On est rationnés. Les masques sont distribués dans des enveloppes à nos noms. »
Ces masques ont-ils été fabriqués par un producteur référencé ?
Ont-ils été certifiés et testés ?
L’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM), responsable de leur conformité, n’a pas répondu aux nombreuses sollicitations de la cellule investigation de Radio France.
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