Manifestement, à quelques mois des échéances municipales, les enjeux parisiens manquaient un peu de clarté : entre Benjamin Griveaux (LREM canal officiel), l’historien qu’on sait, qui confond Marc Bloch et Charles Maurras et qui pense peut-être que le concile de Trente était une réunion de copropriété rassemblant trente colocataires.
Sans oublier Cédric Villani (LREM canal impromptu), notre mathématicien, dont l’araignée n’est pas arborée qu’à la boutonnière, mais aussi et parfois un peu dans les sous-pentes de son cerveau fécond.
En face ? Anne Hidalgo, la reine maire de Paris.
Il fallait donc que quelqu’un se dévoue pour remettre un semblant d’ordre dans cette pétaudière.
François Bayrou, dont la force de frappe politico-médiatique est aujourd’hui globalement équivalente à celle d’un Jacques Cheminade, ne pouvait que participer à ce qui est devenu une sorte de happening permanent, plus fort encore que les tulipes de Jeff Koons.
Ainsi, ce dimanche dernier, sur les ondes de France Inter, lors de l’émission « Questions politiques », le président à vie du MoDem s’inquiète des ravages que pourrait causer cette lutte fratricide, sachant que les voix de Griveaux ne se reporteront pas, au second tour, sur celles de Villani, et inversement. Pour éviter ce cataclysme, il y a « une possibilité de faire une majorité de rassemblement », sachant que « les Parisiens cherchent une alternance à Paris et cette alternance doit venir d’une majorité large avant le premier tour » et que le même François Bayrou ne croit pas aux « réconciliations de second tour ».
On espère que les lecteurs, qu’ils soient ou non parisiens, suivent ce raisonnement aérien sans trop se gratter l’occiput.
De manière plus pragmatique, s’il y a un candidat de trop, entre Villani et Griveaux, il serait donc opportun d’en ajouter un troisième, histoire de clarifier la situation, on imagine.
Deux noms seraient donc avancés.
Jean-Louis Borloo ou Agnès Buzyn seraient de possibles jokers, à en croire le maire de Pau.
Seulement voilà, Jean-Louis Borloo n’est « au courant de rien ».
Quant à Agnès Buzyn, elle serait « à fond sur ses dossiers », à en croire son proche entourage.
On avouera que tout cela n’est pas très limpide.
Tout comme sont tout aussi obscures les déclarations bayrouesques, lors de cette même émission, relatives, cette fois, à la place des symboles religieux dans la sphère publique : « On perd de vue quelque chose de tout à fait essentiel : la laïcité, c’est la règle pour qu’on puisse vivre ensemble, c’est la règle pour qu’on se respecte dans nos différences, pour que triomphe le plus important, qui est la compréhension mutuelle. »
Et tout pareil et bien au contraire, on imagine.
Ensuite, François Bayrou de poursuivre, quant à l’état de la France : « Le climat politique n’est pas sain, n’est pas clair et mérite qu’on s’interroge. Un pays qui ne se sent pas bien avec lui-même, n’est pas bien avec lui-même, n’est pas bien avec le système de gouvernement qui est le sien. Un pays qui va bien est un pays qui se reconnaît dans le gouvernement qu’il suit, un pays qui sait où il a, qui voit qu’il y a des efforts à faire, qui consent à ces efforts, mais au fond, qui ne cesse de se réunir pour trouver la réponse à ces questions. »
Comme le discours n’est pas livré avec le décodeur idoine, on ne vous en dira pas plus.
En attendant, et ce, à défaut de sauver la France, il y aurait peut-être une occasion pour venir à la rescousse de Paris : une candidature de Sylvie Goulard, peut-être ?
Après le « plan B », une sorte de « plan Z », donc ?
Ce François Bayrou, parti de rien pour n’arriver nulle part, mais ne devant son absence de destin qu’à lui-même, est décidément un enchantement de tous les instants.
Nicolas Gauthier
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