Les médias l’avaient pratiquement enterré depuis qu’il n’est plus ministre de l’Intérieur.
Comme s’il avait disparu de la scène politique pour ne plus y revenir.
Matteo Salvini les a détrompés en organisant à Rome, devant la basilique Saint-Jean-de-Latran, une manifestation géante (entre 50.000 et 200.000 personnes, selon les estimations).
Objectif : rassembler toutes les droites.
Même Le Monde reconnaît que « le rendez-vous a été un succès » : les militants et sympathisants de la Ligue ont côtoyé les fidèles de Berlusconi et des groupes qualifiés d’« ultra-droite ».
L’ancien Premier ministre rappelle, sous les applaudissements de la foule, que son parti, Forza Italia, veut « libérer les citoyens de l’oppression fiscale, judiciaire et bureaucratique ».
Matteo Salvini s’affirme comme le chef de l’opposition.
Il promet de « renvoyer à la maison » ses anciens alliés du Mouvement 5 étoiles, qui ont tourné casaque, tout comme la gauche, souhaitant que cet événement soit « l’acte fondateur d’un projet visant à élargir le parti à des forces différentes » en vue des prochaines échéances électorales.
Il faut dire que les sondages montrent qu’il est aux portes du pouvoir.
Avec 30 % à 33 % des intentions de vote, la Ligue est le premier parti du pays.
Ses adversaires, le M5S et le Parti démocrate, oscillent chacun entre 18 % et 20 %.
Si les autres courants de droite le soutiennent, moyennant sans doute quelques concessions, il est pratiquement sûr de l’emporter et de gouverner.
Cette volonté d’union donne à réfléchir sur les possibilités d’une telle situation en France.
N’y a-t-il pas des points communs entre le Rassemblement national, Debout la France, le Parti chrétien-démocrate, une fraction de LR et bien d’autres mouvements de droite moins connus ?
Sur la politique migratoire, sur la sécurité, sur la souveraineté de la France, sur son identité culturelle, sur les racines chrétiennes de l’Europe, ils peuvent se rejoindre.
Quant aux différences de conception sur l’économie, elles peuvent s’estomper si chacun y met du sien.
Chaque fois qu’ils en ont l’occasion, les journalistes bien-pensants cherchent à opposer Marine Le Pen et Marion Maréchal.
Il est vrai que le ni droite ni gauche, prôné par la première, et l’union des droites, que la seconde appelle de ses vœux, semblent s’opposer.
En apparence, seulement. Si l’on se libère du poids des habitudes, il est d’autres critères qui transcendent la droite et la gauche.
Il y a eu et il y a encore, à gauche, des personnalités qui ont des réflexes patriotes.
Ainsi, à l’égard de l’Algérie française, des socialistes ont eu une attitude plus digne que certains politiciens de droite.
Quant à l’opinion publique, dans sa majorité, elle se satisfait peu de ces clivages anciens.
Ce qui peut rassembler la droite patriote – et même une partie de la gauche – est plus important que ce qui peut la diviser.
Mais il faut dépasser les querelles d’ego, la volonté légitime d’assurer le développement de son propre parti, pour viser le seul intérêt de la France.
Si les cadres politiques s’opposent à cette union, leurs électeurs peuvent les y contraindre.
Matteo Salvini le fait en Italie.
Marine Le Pen, si elle sait ménager les susceptibilités, pourrait tenter de le faire en France.
Philippe Kerlouan
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