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vendredi 1 mars 2019

L’euro a vraiment ruiné les Français

 
 
 

Constat quasiment officiel

Une étude du très sérieux Centre de politique européenne, basé en Allemagne, révèle ce que beaucoup croyaient être du domaine du « ressenti » : notre pouvoir d’achat – celui des Français, ainsi que celui de nos voisins Italiens – a été gravement affecté par la mise en place de la monnaie unique. Mais c’est d’abord la faute de nos dirigeants : nous n’étions pas prêts.
Et nous ne le sommes toujours pas.
Quelques-uns de nos lecteurs, se voulant plus « euroréalistes » que franchement « eurosceptiques » ou « europhobes », nous ont reproché notre « une » de mercredi sur l’euro, présenté comme « une violence faite aux peuples ».
« Un peu trop racoleur », nous dit l’un.
« Ne dramatisez-vous pas ? », s’interroge un autre.
Ce titre venait en appui du percutant entretien que nous avait accordé le professeur Olivier Pichon.
Il nous avait expliqué notamment que, dans le contexte de l’euro, le chômage avait remplacé, en tant que variable d’ajustement, les dévaluations, devenues impossibles.

Deux jours à peine après cet entretien choc, c’est un très réputé think tank (« réservoir à idées ») allemand, pourtant proche des économistes les plus libéraux, qui nous révèle que, depuis sa mise en place, l’euro a fait des heureux et des malheureux, et que la France compte parmi les plus mal lotis de la zone euros.
Sur la période 1999-2018, soit en 19 ans, chaque Français a perdu… 56 000 euros !

Nous avions tous la certitude d’une dégradation de notre pouvoir d’achat.
Nous constatons tous que nous vivons plutôt moins bien que lors de la décennie précédente, que nous avons plus de difficultés à boucler notre budget, que les cadres supérieurs d’aujourd’hui vivent comme les cadres moyens d’hier, les cadres moyens comme les ouvriers et employés d’hier, et que, chez les ouvriers et employés, est apparue la catégorie des travailleurs pauvres, ce qui était tout simplement inimaginable, au siècle précédent.
Sans parler des retraités.
 
 

Sur la même période, chaque Allemand a gagné 23 000 euros de plus.

L’euro a profité aux pays bien gérés, aux pays qui ont su se réformer, s’adapter à la crise.
Sur la même période, chaque Allemand et chaque Néerlandais ont par exemple gagné entre 21 000 et 23 000 euros de plus, indépendamment des gains découlant de l’amélioration de la productivité, de l’informatisation, de l’innovation, etc., et malgré une Allemagne de l’Est où tout était à reconstruire.

L’introduction de la monnaie unique ne peut donc être présentée comme ayant constitué une chance pour les pays composant l’UE.
Il y a eu des gagnants et des perdants.
Le think tank mentionne en particulier la disparition de l’outil de la dévaluation.
En 1986, Balladur avait opéré une dévaluation pour redresser notre compétitivité.
Dorénavant ce n’est plus techniquement possible.

Et en l’absence des réformes qui auraient permis à la France d’améliorer nos performances économiques, de ne pas décrocher par rapport à l’Allemagne, et donc de bénéficier nous aussi de l’euro, nous sommes les grands perdants.
Face à ce très grave dévissage, il n’y a que deux voies possibles : un retour à la souveraineté monétaire, ou une véritable réforme structurelle, à commencer par la réforme de l’Etat, car rien n’a été fait, sur ce plan, chez nous, depuis la crise de 2008.
Les mauvais choix de nos dirigeants donnent aux Français le sentiment qu’ils sont une génération sacrifiée.
Mais sommes-nous certains pour autant que « demain, sur nos tombeaux, les blés seront plus beaux » ?

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