Richard Hanlet
Une psychiatre parisienne vient d’être mise en examen pour avoir fourni à des clandestins des centaines de certificats médicaux de complaisance, pour leur permettre d’acquérir des titres de séjour.
Cinq autres praticiens avaient connu le même sort en décembre pour des pratiques similaires.
Si, aux yeux du monde, la médecine grandit toujours un peu ceux qui l’exercent, il n’y a pas de profession sans brebis galeuses et ces confrères qui – avec la complicité des associations immigrationnistes – ont monté ce genre de commerce sont évidemment inexcusables.
De même que ceux qui confondent prise en charge des toxicomanes et open bar de produits de substitution…
Mais après les malhonnêtes, il y a aussi les faibles, qui n’ont pas toujours le choix.
Imaginez-vous jeune femme médecin dans un « quartier », il est 20 h 45, votre salle d’attente est vide après l’accueil de votre dernier patient, un jeune sans-papiers accompagné de ses deux « cousins-interprètes » bodybuildés, qui vous réclame un certificat pas vraiment justifié par son état de santé. Devant votre réticence, ils commencent à taper du poing sur votre bureau… Vous faites quoi ?
Sans parler des 25 € dont vous ne verrez jamais la couleur, au nom de quoi devriez-vous être celle qui dispose, in fine, du droit régalien de décider qui peut fouler notre sol ?
Refusez et vous risquez de vous faire casser la figure.
Acceptez et, la semaine prochaine, ils seront trois ou quatre à vous demander la même chose… Reposons la question : vous faites quoi ?
Ce 7 mars, le site médical Egora publiait le récit d’un confrère de Bobigny : « Le jour où j’ai été humilié devant mon externe. »
Extrait : « Le caïd est entré dans la salle d’attente en criant qu’il avait déjà cogné le médecin précédent et qu’il fallait examiner sa fille sur-le-champ. Face aux insultes, à la rage, et surtout pour protéger l’externe présent avec lui, le Dr Thomas Cartier a accepté un rendez-vous. En huit ans d’installation en banlieue parisienne, ce généraliste n’avait encore jamais reçu de menaces de mort. »
En bout de chaîne, la médecine est priée de traiter tous les problèmes que la lâcheté des politiques, entraînant celle des forces de l’ordre et de la magistrature, refuse de traiter.
On prête au « petit père » Queuille (vingt et une fois ministre sous deux Républiques) l’aphorisme selon lequel il n’y aurait pas de problème qu’une absence de décision ne finisse par résoudre.
Un demi-siècle après sa mort, la pratique s’est affinée, et on pourrait dire qu’il n’y a pas de problème dont on ne puisse se débarrasser en refilant la patate chaude à la médecine.
Demandez au docteur.
Monsieur X. a été licencié, n’a aucune chance de retrouver du travail, mais est encore à plusieurs mois de la retraite : en cherchant bien, le docteur ne trouverait-il pas une petite invalidité ou une longue maladie pour faire le joint ?
Ça arrangerait tout le monde !
L’enchaînement est imparable.
Tout problème ou conflit génère du stress.
Tout stress peut entraîner des maladies.
Donc, tout problème peut finir chez le médecin.
Quant à penser qu’il le règle…
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