L'attentat contre Sergueï Skrypal.
L'usage du Novichok pour l'empoisonnement de l'agent double Sergueï Skrypal incrimine la Russie aussi inévitablement que des empreintes digitales sur l'arme d'un crime font de leur propriétaire un suspect incontournable.
Mais suspect ne veut pas dire coupable.
Le Novichok a été mis au point vers 1970 par las Soviétiques.
Depuis 48 ans, quelle preuve y a-t-il qu'aucun autre service (ou officine) n'ait acquis le savoir-faire permettant de le produire ?
Quelle preuve qu'aucune quantité de ce produit n'ait échappé au contrôle des autorités du KGB, puis du FSB (en pleine guerre interne à la charnière des années 80/90), et n'ait été récupéré par des services étrangers, en transitant par des organisations (mafieuses par exemple) ?
Ce qui est certain, c'est que l'auteur de cette tentative d'assassinat, quel qu'il soit, s'est efforcé d'incriminer la Russie.
1- S'il s'agit d'un Service étranger (CIA ou MI6), les arguments sont nombreux : la politique américaine se durcit vis à vis de la Russie ; l'intensité des combats en Syrie entraîne « la nécessité de sanctions économiques européennes » contre ce même pays ; et l'OTAN lui demande des comptes pour cette attentat ! (la mission de l'OTAN est de s'opposer à une attaque éventuelle russe contre l'Europe occidentale, pas de déclarer la guerre à la Russie pour des affaires de sécurité intérieure d'un des États-membres, en l'occurrence la Grande Bretagne.
Prochainement, Poutine devra procéder à sa réélection.
Cette tentative d'assassinat, si elle ne risque pas d'inverser les prévisions du résultat de la consultation, permet cependant aux alliés des Occidentaux en Russie, de galvaniser l'opposition contre elle.
Cette action permet aux États-Unis de s'inviter dans la campagne présidentielle de Poutine, de la même façon que ce dernier s'était invité dans celle de Trump.
2- Mais la Russie peut aussi avoir choisi de signer délibérément ce crime (il lui aurait été facile d'éliminer Skrypal et sa fille par un procédé plus discret) pour au moins deux raisons :
le KGB et le FSB ont toujours mis un point d'honneur à exécuter, même à l'étranger, ceux qu'ils considèrent comme des traîtres.
Le fait que Skypal ait fait l'objet d'un troc contre des espions russes n'y change rien : l'échange a permis la libération de « héros » de la Russie détenus en Occident.
Après quoi, il restait à éliminer le coupable.
3- Que faut-il en penser ?
Le but poursuivi par l'élimination de Sergueï Skypal concerne la politique est-ouest, et éventuellement la propagande qui s'y rattache.
Ceux qui ont pris la décision se situent dans la proche entourage de chefs d’États, vraisemblablement de D. Trump, de T. May ou de V. Poutine.
Ils n'ont pas agi de leur seule initiative.
Ils se sont appuyés sur des études, faites par leurs Services, qui ont analysé toutes les conséquences de l'attentat.
Or, globalement, les suites de cette tentatives d'assassinat sont défavorables à Moscou, qui voit s'opérer contre elle une mobilisation de l'OTAN sans précédente depuis les pires moments de la guerre froide.
Penser que la décision du crime a été prise par Moscou, c'est penser que les offices de renseignements russes ne sont pas compétents ; croire qu'elle l'a été par les Américains, c'est reconnaître à la CIA une grande habileté professionnelle.
Je ne suis pas de ceux qui prennent les services de renseignement pour des incapables.
Mais je sais aussi que je ne sais probablement pas tout ...
Hervé Le Bideau
le 16/13/2018
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