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lundi 20 juin 2016

La police qui dit non, par Caroline Parmentier

Le 20/06/2016
 
Police Non Hollande
 
 
Il se tient très droit, la tête haute, le visage fermé. Appuyé sur des béquilles. Il a deux têtes de plus que Hollande et Valls. Lorsque le chef de l’Etat et le Premier ministre passent à sa hauteur à la fin de la cérémonie d’hommage insoutenable à Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, ce gardien de la paix refuse ostensiblement de leur serrer la main et fait « non » de la tête. L’image est forte.
 
Hollande passe très vite, sans insister, BFM-TV censé commenter les images en direct, n’en dit pas un mot et glisse sur l’incident.
Valls s’arrête net à la hauteur du policier.
Les mains derrière le dos, il se dresse sur ses ergots et ne parvient qu’à le regarder sous le nez comme pour lui dire : « Tu me défies ? »
 Ils échangent quelques mots que les images ne permettent pas de distinguer.
Le policier semble lui répondre « aucune envie de vous la serrer, au contraire ».
Un pas derrière, Bernard Cazeneuve assiste à la scène, médusé.
Les caméras de retransmission, elles, continue de suivre docilement le chef de l’Etat qui s’éloigne prudemment.
Ce gardien de la paix a fait ce que tous les policiers présents avaient envie de faire.
On les sentait très hostiles dans leur douleur.
 C’était criant malgré leur dignité et leur devoir de réserve.
Plusieurs d’entre eux, hommes et femmes donnent le sentiment de serrer la main de Hollande à contrecœur en regardant le sol, les mâchoires crispées, les poings serrés.

Quand Hollande prend dans ses bras Hugo, onze ans, l’aîné des deux fils orphelins que laisse Jean-Baptiste Salvaing, c’est nous tous qui avons envie de crier notre dégoût.
 Ce n’est pas ce qu’on attend de lui, cette énième cérémonie de larmes pour remonter dans les sondages.
Lui le chef de l’Etat qui affirme qu’il n’accepte pas que des agents soient l’objet d’insultes mais qui les laisse se faire passer à tabac, harceler, blesser parfois grièvement en toute impunité depuis des semaines par les milices antifas en plein état d’urgence et mardi encore au lendemain même de l’attentat atroce de Magnanville.

Lui qui nous ressert le copier-coller de ses discours précédents, de Charlie, de l’Hyper Casher, du Bataclan, sans avoir rien appris, qui dit « assassinée » en parlant de Jessica Schneider pour ne pas dire « égorgée » (trop connoté), qui dit « terroriste » sans dire « islamiste » et qui insiste avec admiration sur le fait que Jean-Baptiste Salvaing s’est défendu à mains nues, tout comme Cazeneuve avait félicité Kevin Philippy de ne pas avoir sorti son arme alors qu’il avait failli brûler dans sa voiture avec son équipière.

« Le gouvernement a perdu toute crédibilité auprès des forces de l’ordre, c’est une situation inédite » nous confiait un syndicaliste policier à la fin de la cérémonie.

 

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