20 juin 2016
par Éric Verhaeghe
Tiens! une bonne révolution ce vendredi… vous en diriez quoi?
Ce samedi, François Hollande et Jean-Christophe Cambadélis se tapaient dans les mains, sur les côtes et dans le dos à l’idée de leur grande manoeuvre tactique supposée brillantissime consistant à annoncer une primaire en janvier 2017.
Mais d’ici là, certains caps risquent de se révéler très difficiles à passer.
Par exemple celui de jeudi.
Que faire face à une manifestation interdite?
Après le remarquable échec des discussions entre l’inexpérimentée ministre El-Khomri et le moitié expérimenté syndicaliste Martinez, vendredi dernier, le pire est à craindre.
La CGT organise une nouvelle manifestation jeudi, interdite par le ministre de l’Intérieur.
Et maintenant on fait quoi?
Les précédentes manifestations ont déjà attiré tout ce que la France compte de gamins décérébrés mais décidés à taper du flic.
Il y a peu de chances que celle-ci échappe au même sort.
Bien au contraire: comme le Préfet de Police a dit sa préférence pour un rassemblement statique place de la Bastille (quel symbole hasardeux!), l’occasion devrait être idéale pour que les Black Blocks s’acharnent à faire sauter les barrages de police empêchant de rejoindre la place de la Nation.
Les ingrédients sont donc réunis pour une nouvelle séquence d’émeutes qui démontrera toutes les tares que l’on peut reprocher au gouvernement: absence de concertation, manque d’imagination dans les alternatives au conflit, passage en force, incapacité à « tenir » le pays.
On n’ose même pas imaginer à quoi ressemblera le pays le lendemain.
Le gouvernement osera-t-il traîner Martinez en justice?
Dans tous les cas, la CGT aura banalisé le climat quasi-insurrectionnel qui existe dans une partie grandissante du pays.
Ce n’est donc que cela, l’insurrection?
Et le Brexit dans la foulée?
Le vendredi de tous les dangers
Au passage, et à la lecture des manuels d’histoire dans notre enfance, nous pouvions imaginer les insurrections comme des grands moments où tout le pays retenait son souffle, ou plus rien d’autre que l’insurrection ne se passait pas.
En réalité, les grands soirs n’existent pas et les révolutions ne concernent qu’une part marginale de la population.
Lorsqu’elle se produit, on s’en rend à peine compte.
C’est plus tard, bien plus tard, qu’on en prend la mesure.
Probablement sommes-nous engagés sur cette pente où, un jour, des historiens verront dans le printemps 2016 les prémisses d’un bouleversement de grande ampleur.
Si cette hypothèse devait se vérifier, nous pourrons nous en féliciter: la Vè République est devenue invivable, étouffante.
L’ironie de l’Histoire veut que, le même jeudi, les Britanniques aient rendez-vous dans les urnes pour choisir de rester ou non dans la construction communautaire européenne, que je me refuse de confondre avec l’Europe.
L’Europe, ce grand destin.
L’Union Européenne, ce ratage complet.
Les commentateurs annoncent déjà le pire.
Le samedi 25 juin, les dirigeants des pays fondateurs de la CEE se retrouveront à Berlin pour aviser de leur réponse aux résultats.
C’est évidemment une imposture complète puisque Berlin ne faisait pas partie du projet initial de la Communauté Européenne.
Pour que la France accepte de se retrouver en Allemagne deux jours après le referendum britannique, il lui faut une fameuse dose de soumission.
Dans tous les cas, Angela Merkel, en provoquant cette rencontre en Prusse deux jours après un événement aussi fatidique, envoie un message clair sur son intention de renforcer la domination prussienne en Europe, et sur son incompréhension profonde des causes du Brexit.
Si celui-ci devait se réaliser, ce serait d’abord à cause de la politique migratoire unilatéralement décidée par Berlin… et même, disons-le, à cause du caractère unilatéral de cette politique.
Une fois de plus, la Prusse est prête à sacrifier l’Europe à ses intérêts immédiats et à ses lubies hégémoniques.
Entretemps, le monde aura changé.
En cas de victoire du « Leave », les marchés financiers auront subi les pires secousses et le monde financier aura perdu sa boussole.
Le monde changera-t-il vendredi?
Et singulièrement la France?
Personne ne peut en être sûr, mais personne ne peut l’exclure.
Et c’est bien la caractéristique dominante de notre époque: tout est désormais possible, même le pire.
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