Le 19/06/2016
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Vendredi 17 Juin 2016 à 12:34
Propos recueillis par
Assassinat sauvage d'un couple de fonctionnaires de police par un individu se revendiquant de Daech. Violences de part et d'autre dans les manifestations. Alexandre Langlois, secrétaire général de la CGT Police, revient pour "Marianne" sur une semaine particulièrement éprouvante pour la police et pour le mouvement social contre la loi Travail.
Marianne : Après l'assassinat d'un couple de fonctionnaires de police lundi, dans quel état d'esprit sont vos collègues ?
Alexandre Langlois : C'est l'émotion et le choc.
Personne ne s'attendait évidemment à cela.
Cela nous a frappé de plein fouet.
Nous savons que le métier de policier est dangereux.
Nous avons conscience des risques qui pèsent sur nous, nous les acceptons.
Mais cet acte barbare, c'est un phénomène nouveau.
Il y a déjà eu par le passé des tentatives de vengeance de voyous sur des collègues.
Mais c'est la première fois que cela arrive au domicile.
Et cela change tout pour nous.
On est maintenant obligé de s'interroger sur la sécurité de nos conjoints, des risques que notre métier peut leur faire courir.
Mais la marche blanche qui a été organisée en hommage à nos deux collègues assassinés et qui a rassemblé 2.500 personnes, fonctionnaires de police, gendarmes et citoyens, nous a donné un peu de baume au cœur.
Cela a montré qu'on était au-delà de ça, que nous défendions l'égalité, la liberté et la fraternité.
Et que cette fraternité justement, qui fait notre vivre-ensemble, était bien présente.
Il faut maintenant panser les plaies et continuer notre travail de protection de la population.
Mardi 14 juin, vous faisiez partie des milliers de manifestants à Paris contre la loi Travail, avec des pancartes "Je suis policier et contre les violences de l'Etat". Quel était le sens de votre message ?
"Pourquoi les éléments violents n'ont-ils été interceptés que trois quarts d'heure après la manifestation ?"
Le matin, nous sommes allés voir des collègues CRS qui étaient en faction pour leur expliquer notre démarche.
Pourquoi nous parlions de la violence de l'Etat.
Dans 95% des cas, cela a été très bien accueilli.
Nous avons été écouté et compris.
Après, comme dans chaque corps de métier, il y a des cons partout.
Mais dans la majorité des discussions, nos collègues nous disaient que c'était bien et même important d'être dans cette manifestation.
Ce message contre les violences de l'Etat avait un double objectif.
Nous voulions bien sûr pointer du doigt les cas de violences policières : on ne peut pas le nier, des manifestants en ont subies.
Ce n'est pas la police en tant que telle qui est en cause, mais les ordres qui lui sont donnés et qui créent ces situations.
Nous l'avons encore constaté mardi : pourquoi les éléments violents n'ont-ils été interceptés que trois quarts d'heure après la manifestation ?
Les ordres arrivent bien trop tard.
Résultat, on se retrouve avec des collègues blessés et des manifestants également.
Mais la violence de l'Etat n'est pas que physique.
C'est aussi la violence sociale que nous voulions dénoncer, avec la loi Travail, le déni de démocratie du 49-3 ou les menaces d'interdiction de manifester.
Selon vous, pourquoi une telle tension et une telle intensité de la violence dans les manifestions ? Le 14, si les projecteurs médiatiques se sont focalisés sur les vitres brisées de l'hôpital Necker, on a très peu entendu parler de ce manifestant qui aurait reçu, selon les témoins sur place, un projectile lancé par les force de l'ordre dans le dos*. Résultat, une plaie profonde de 5 cm de diamètre et une vertèbre cassée…
En tant que policier, j'ai l'impression qu'il y a une volonté politique pour que cela ne s'apaise pas.
Si, pour reprendre ce terme de "casseurs", nous recevions l'ordre de les intercepter dès le début des manifestations ou au moins au moment où ils passent à l'acte, cela permettrait de pacifier ces manifestations, d'éviter des charges de police qui se font généralement sur des manifestants pacifistes puisque ces "casseurs" ne restent jamais bien longtemps.
On ferait redescendre ce niveau de violence et de tension.
*Le parquet a annoncé ce vendredi l'ouverture d'une information judiciaire sur ce cas.
Qu'avez-vous pensé de la communication du gouvernement, justement, sur ces vitres brisées de l'hôpital Necker ?
C'est scandaleux à plusieurs titres.
Choquant que le ministre de l'Intérieur se soit permis d'indiquer que l'enfant de nos collègues assassinés se trouvait dans cet hôpital.
Il a suffisamment souffert pour qu'on le laisse, lui et sa famille, en dehors des récupérations politiques.
Laissons ce petit garçon et les siens se reconstruire, ils ont suffisamment été éprouvés.
Quant à cette charge contre les services d'ordre des syndicats qui auraient laissé faire les casseurs, c'est n'importe quoi.
Ce n'est pas à eux d'assumer le maintien de l'ordre public en dehors des cortèges syndicaux, mais aux autorités !
On voit bien que ces casseurs sont instrumentalisés par le pouvoir.
Et puis, comme s'en sont indignés des personnels de l'hôpital Necker, cette récupération politique de la casse alors que des médecins travaillent 70 heures d'affilée, que des postes ont été supprimés et qu'ils manquent de moyen pour assurer leur mission, c'est vraiment déplacé.
Alexandre Langlois : C'est l'émotion et le choc.
Personne ne s'attendait évidemment à cela.
Cela nous a frappé de plein fouet.
Nous savons que le métier de policier est dangereux.
Nous avons conscience des risques qui pèsent sur nous, nous les acceptons.
Mais cet acte barbare, c'est un phénomène nouveau.
Il y a déjà eu par le passé des tentatives de vengeance de voyous sur des collègues.
Mais c'est la première fois que cela arrive au domicile.
Et cela change tout pour nous.
On est maintenant obligé de s'interroger sur la sécurité de nos conjoints, des risques que notre métier peut leur faire courir.
Mais la marche blanche qui a été organisée en hommage à nos deux collègues assassinés et qui a rassemblé 2.500 personnes, fonctionnaires de police, gendarmes et citoyens, nous a donné un peu de baume au cœur.
Cela a montré qu'on était au-delà de ça, que nous défendions l'égalité, la liberté et la fraternité.
Et que cette fraternité justement, qui fait notre vivre-ensemble, était bien présente.
Il faut maintenant panser les plaies et continuer notre travail de protection de la population.
Mardi 14 juin, vous faisiez partie des milliers de manifestants à Paris contre la loi Travail, avec des pancartes "Je suis policier et contre les violences de l'Etat". Quel était le sens de votre message ?
Pourquoi nous parlions de la violence de l'Etat.
Dans 95% des cas, cela a été très bien accueilli.
Nous avons été écouté et compris.
Après, comme dans chaque corps de métier, il y a des cons partout.
Mais dans la majorité des discussions, nos collègues nous disaient que c'était bien et même important d'être dans cette manifestation.
Ce message contre les violences de l'Etat avait un double objectif.
Nous voulions bien sûr pointer du doigt les cas de violences policières : on ne peut pas le nier, des manifestants en ont subies.
Ce n'est pas la police en tant que telle qui est en cause, mais les ordres qui lui sont donnés et qui créent ces situations.
Nous l'avons encore constaté mardi : pourquoi les éléments violents n'ont-ils été interceptés que trois quarts d'heure après la manifestation ?
Les ordres arrivent bien trop tard.
Résultat, on se retrouve avec des collègues blessés et des manifestants également.
Mais la violence de l'Etat n'est pas que physique.
C'est aussi la violence sociale que nous voulions dénoncer, avec la loi Travail, le déni de démocratie du 49-3 ou les menaces d'interdiction de manifester.
Selon vous, pourquoi une telle tension et une telle intensité de la violence dans les manifestions ? Le 14, si les projecteurs médiatiques se sont focalisés sur les vitres brisées de l'hôpital Necker, on a très peu entendu parler de ce manifestant qui aurait reçu, selon les témoins sur place, un projectile lancé par les force de l'ordre dans le dos*. Résultat, une plaie profonde de 5 cm de diamètre et une vertèbre cassée…
En tant que policier, j'ai l'impression qu'il y a une volonté politique pour que cela ne s'apaise pas.
Si, pour reprendre ce terme de "casseurs", nous recevions l'ordre de les intercepter dès le début des manifestations ou au moins au moment où ils passent à l'acte, cela permettrait de pacifier ces manifestations, d'éviter des charges de police qui se font généralement sur des manifestants pacifistes puisque ces "casseurs" ne restent jamais bien longtemps.
On ferait redescendre ce niveau de violence et de tension.
*Le parquet a annoncé ce vendredi l'ouverture d'une information judiciaire sur ce cas.
Qu'avez-vous pensé de la communication du gouvernement, justement, sur ces vitres brisées de l'hôpital Necker ?
C'est scandaleux à plusieurs titres.
Choquant que le ministre de l'Intérieur se soit permis d'indiquer que l'enfant de nos collègues assassinés se trouvait dans cet hôpital.
Il a suffisamment souffert pour qu'on le laisse, lui et sa famille, en dehors des récupérations politiques.
Laissons ce petit garçon et les siens se reconstruire, ils ont suffisamment été éprouvés.
Quant à cette charge contre les services d'ordre des syndicats qui auraient laissé faire les casseurs, c'est n'importe quoi.
Ce n'est pas à eux d'assumer le maintien de l'ordre public en dehors des cortèges syndicaux, mais aux autorités !
On voit bien que ces casseurs sont instrumentalisés par le pouvoir.
Et puis, comme s'en sont indignés des personnels de l'hôpital Necker, cette récupération politique de la casse alors que des médecins travaillent 70 heures d'affilée, que des postes ont été supprimés et qu'ils manquent de moyen pour assurer leur mission, c'est vraiment déplacé.
Dix personnes condamnées après la manifestation du 14 juin
Dix personnes, interpellées ce mardi après des affrontements lors de la nouvelle manifestation contre la loi Travail à Paris, ont été condamnées ce vendredi 17 juin à des peines allant de six mois avec sursis à quatre mois de prison ferme. Dix-huit personnes avaient été présentées jeudi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Paris. Trois ont été condamnées à de la prison ferme, et une d'entre elles placée sous mandat de dépôt. Deux autres personnes seront présentées ce vendredi en comparution immédiate. Vingt-neuf policiers et onze manifestants avaient été blessés mardi lors de ce rassemblement au cours duquel plusieurs centaines de personnes cagoulées avaient pris à partie les forces de l'ordre.
Dix personnes, interpellées ce mardi après des affrontements lors de la nouvelle manifestation contre la loi Travail à Paris, ont été condamnées ce vendredi 17 juin à des peines allant de six mois avec sursis à quatre mois de prison ferme. Dix-huit personnes avaient été présentées jeudi en comparution immédiate devant le tribunal correctionnel de Paris. Trois ont été condamnées à de la prison ferme, et une d'entre elles placée sous mandat de dépôt. Deux autres personnes seront présentées ce vendredi en comparution immédiate. Vingt-neuf policiers et onze manifestants avaient été blessés mardi lors de ce rassemblement au cours duquel plusieurs centaines de personnes cagoulées avaient pris à partie les forces de l'ordre.
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