Acculée, Caroline Cayeux a annoncé sa démission le 28 novembre, à l'heure du déjeuner.
Que lui reproche-t-on ? Un conflit avec la Haute Autorité de la transparence de la vie publique qui n’a, rappelons-le, aucun pouvoir judiciaire.
D’avoir sous-évalué (sciemment ou non) son patrimoine tout en maintenant en poste un ministre de la Justice mis en examen. Or, ce n’est pas tant la démission de Mme Cayeux en elle-même qui pose question, mais bel et bien le contexte. Pourquoi elle et pas Dupond-Moretti ? Pourquoi pas Alexis Kohler ?
Un début difficile dans le gouvernement
Le maire de Beauvais avait en quelque sorte pris le même train qu’Éric Woerth. Cette ancienne membre de l’UMP avait appelé de ses vœux un second mandat d’Emmanuel Macron et avait mené fidèlement campagne pour lui. À la tête de la toute récente Agence nationale de la cohésion des territoires, elle avait été nommée dans le gouvernement Borne comme ministre délégué chargé des Collectivités territoriales. Et puis son passé a ressurgi. Opposante farouche à la loi Taubira légalisant le mariage entre personnes de même sexe, d’anciens propos tenus dix ans auparavant lui avaient été reprochés. Las. Non contente d’enflammer les associations LGBT subventionnées pour allumer de tels incendies, Caroline Cayeux a vu se lever face à elle une levée de boucliers du monde politique. Le 16 juillet 2022, une centaine de personnalités de tous bords, allant de Philippe Besson à Jack Lang en passant par Boris Cyrulnik ou encore, dans le monde politique, l'ancien Premier ministre Manuel Valls, les députés de la majorité Joël Giraud, David Valence, Raphaël Gérard, Quentin Bataillon, Sylvain Fort, ancienne « plume » du Président Macron, ou encore les maires de Paris Centre Ariel Weil (PS), du Ve arrondissement Florence Berthout (DVD), du VIe arrondissement Jean-Pierre Lecoq (LR) et du IXe arrondissement Delphine Bürkli (Horizons), ainsi que la première adjointe au maire de Marseille Michèle Rubirola (EELV), avaient dénoncé, dans une tribune que publie le JDD, les propos du ministre.
Lâchée, donc, par ses pairs depuis juillet, enfoncée par ses propres excuses (elle avait utilisé l’expression « ces gens-là » pour parler des homosexuels, une insulte homophobe pour certains...), considérablement affaiblie, il ne manquait que cette affaire de patrimoine pour définitivement acter la chute.
Au fond, le décès de la République exemplaire étant antérieur à celui de Caroline Cayeux, on se demande bien à quoi rime un tel départ dans un contexte où, rappelons-le à nouveau, le ministre de la Justice d’Emmanuel Macron est carrément mis en examen.Après Alexis Kohler, Richard Ferrand, Thierry Solère, Damien Abad, Gérald Darmanin, les affaires s’empilent et sont autant de clous au cercueil de la République exemplaire promise par Emmanuel Macron et dont François Hollande avait été le promoteur : « Moi Président, tout ministre qui était dans une procédure judiciaire devait partir ! », avait persiflé l'ancien Président lors la mise en examen de Dupond-Moretti. Adresse au Président Macron devant les équipes de « Quotidien ».
« Moi Président, tout ministre qui était dans une procédure judiciaire devait partir ! »
— Quotidien (@Qofficiel) October 5, 2022
François Hollande commente la décision d’Emmanuel Macron de ne pas se séparer d’Éric Dupond-Moretti et d’Alexis Kohler#Quotidien pic.twitter.com/EdM9vq7O8A
Certes, l’ancien Président socialiste ne manque jamais une occasion de donner dans le croche-patte à son ancien ministre de Bercy à qui il ne pardonne pas de l’avoir doublé dans la course. Certes, le quinquennat de François Hollande n’avait pas été épargné par les affaires (Cahuzac, Thévenoud ou encore Aquilino Morelle), mais Hollande, contrairement à Emmanuel Macron, ne s’inscrivait pas dans une rupture politique et n’avait pas affiché une volonté d’en finir avec l’ancien monde. Errare humanum est, perseverare diabolicum. Avec François Hollande, nous étions dans l’erreur humaine ; avec Emmanuel Macron, on passe au cran supérieur.
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