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mardi 27 décembre 2022

Dernière idée de l’Ukraine : exclure la Russie de l’ONU


 

Georges Michel 26 décembre 2022

Il n’y aura donc pas eu de trêve de Noël sur le front de l’Est. 

Ce 26 décembre, le ministère de la Défense ukrainien affiche fièrement son tableau de chasse : 102.600 soldats russes tués depuis le début du conflit, dont 550 en 24 heures. 

La précision des chiffres force le respect. De son côté, les Russes affirment que dans la nuit de dimanche à lundi, la défense aérienne russe a abattu un drone ukrainien. Les débris de l’appareil auraient fait trois victimes sur la base militaire d’Engels, dans la région de Saratov, à 700 kilomètres de la frontière russo-ukrainienne. Le 6 décembre, cette base stratégique russe avait déjà été l’objet d’une attaque ukrainienne.

Mais il n’y aura pas eu, non plus, de trêve sur le front diplomatique. En effet, moins d’une semaine après son voyage à Washington, Zelensky, dans sa stratégie du petit frère cherchant à pousser la cour des grands aux extrêmes, vient de lancer une nouvelle offensive : il faut exclure la Russie en tant que membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies. Pas moins. Dmytro Kuleba, ministre des Affaires étrangères, n’y est pas allé par quatre chemins : « Demain [ce 26 décembre], nous exprimerons officiellement notre position. Nous avons une question simple : la Russie a-t-elle le droit de rester membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU et d’être à l’ONU ? » Le ministre ukrainien fait les questions et les réponses : « Nous avons une réponse convaincante et raisonnée : non, elle ne l’a pas. » Convaincante pour qui ? Pour Zelensky et son gouvernement, sans doute. Mais pour le reste du monde ? Rien n’est moins certain.

Pour le politologue Pascal Boniface, interviewé sur LCI, lundi matin, cette requête « n’a aucune chance d’aboutir ». Et d’expliquer : « Oui, bien sûr, la Russie a violé le droit international, oui, bien sûr, la Russie a commis un crime d’agression... en attaquant un pays alors qu’elle n’était pas en état de légitime défense et qu’évidemment, il n’y a pas une résolution du Conseil de sécurité pour lui permettre de "se défendre" contre l’Ukraine et en fait d’attaquer l’Ukraine. Mais la Russie est membre permanent du Conseil de sécurité et, donc, elle mettra un veto à toute résolution qui demanderait son exclusion. Par ailleurs, la Chine en ferait également de même… » Une fois de plus, avec l'Ukraine, on est donc sur le terrain de la communication. D’aucuns diront de la propagande. C'est de bonne guerre, diront les autres. Et l'Ukraine de sortir sa batterie d'arguties : « Il y a 31 ans, la Russie a abusé de la Charte des Nations unies et usurpé le siège de l’URSS au Conseil de sécurité de l’ONU, contournant la seule procédure légitime établie par la Charte. » Une usurpation qu'aucun membre de l'ONU n'aurait vue jusqu'à maintenant !

Plus sérieusement, si l’on prend la peine de lire la Charte des Nations unies, on voit mal comment on pourrait en arriver à l’exclusion de la Russie, et du Conseil de sécurité en tant que membre permanent et – carrément - de l’ONU. Certes, l’article 6 précise que « si un Membre de l’Organisation enfreint de manière persistante les principes énoncés dans la présente Charte, il peut être exclu de l’Organisation par l’Assemblée générale… sur recommandation du Conseil de sécurité ». On se mord la queue : la Russie tout comme la Chine ne manqueraient pas d’user de leur droit de véto ! Par ailleurs, l’article 18 de cette même Charte stipule que « les décisions de l’Assemblée générale sur les questions importantes sont prises à la majorité des deux tiers des membres présents et votants ». Parmi ces « questions importantes » figurent notamment « la suspension des droits et privilèges des Membres, l’exclusion de Membres ».. Les deux tiers des États membres de l’ONU sont-ils disposés à se fâcher avec la Russie en l’humiliant sur la scène internationale ?

Quoi qu'en pense l'Ukraine aujourd'hui, la Russie tient son siège de membre permanent du Conseil de sécurité au titre d’héritière de l’URSS, « membre originaire des Nations unies ». Certes, on entend ici et là que le monde a changé depuis 1945. En septembre dernier, à la tribune de l’ONU, Biden a plaidé en faveur de Nations unies « plus inclusives » et pour une réforme majeure du Conseil de sécurité. La demande d’exclusion de la Russie de ce Conseil de sécurité fait-elle écho aux propos du président américain ? Si c’est le cas, c’est tout le système du droit international issu de la Seconde Guerre mondiale qui pourrait être remis en cause. La fin des Nations unies ? Et la France, dans tout ça ? On a peine à entendre sa voix.

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