Alexandre de Galzain
22 décembre 2022 à 15:14
La présidente allemande de la Commission européenne est, et a toujours été, une personne opaque, dont le mystère est difficile à percer.
Son bilan à Bruxelles, marqué par la crise du Covid-19, est également particulièrement ambigu. Notre reportage sur les chemins de son enfance est à retrouver dès aujourd’hui sur OMERTA.
En
2019, l’ancienne ministre de la Famille, du Travail et de la Défense de
la République fédérale d’Allemagne, Ursula von der Leyen, est nommée à
la tête de la Commission Européenne pour un mandat de cinq ans. Quittant
son poste après plus de cinq années d’impopularité, elle se retrouve à
la tête du plus puissant organisme européen.
L’un de
ses points forts est son programme écologique, notamment pour une
politicienne de centre-droit. Son objectif affiché est de « faire de l'Europe le premier continent neutre pour le climat ». La taxe carbone aux frontières, récemment votée, est censée participer à la réalisation de ce but audacieux.
Proposée
par Emmanuel Macron, sa candidature est censée incarner l’union alors
que le Brexit est en cours de réalisation. Elle est élue à neuf voix
près. Quelques mois plus tard, une nouvelle crise d’importance viendra
frapper le Vieux Continent : celle du Covid-19. Dès lors, Ursula von der
Leyen multipliera les déplacements à l’étranger, pilotera le plan de
relance Covid, apparaîtra en Ukraine après l’attaque russe…
Pourtant, une question demeure : la présidente de la Commission Européenne outrepasse-t-elle ses prérogatives ?
Les attributions réelles d’Ursula von der Leyen
Selon le site toute l’Europe, le rôle du président de la Commission Européenne est multiple. D’abord, « définir
les orientations dans le cadre desquelles la Commission exerce sa
mission - avec pour objectif la défense de l’intérêt général de l’Union », et diriger les réunions de la Commission. Ensuite, il doit décider de « l’organisation interne de la Commission », attribuer des portefeuilles aux commissaires, et nommer ses vice-présidents.
Sur
le plan international, son rôle est de représenter l’Union européenne,
conjointement avec le président du Conseil Européen. Mais aujourd’hui,
qui connaît ce dernier ?
Concrètement, Ursula von der
Leyen s’attribue sans vergogne des compétences. On pourrait reprendre
la formule de Raymond Aron, et qualifier son action de « fédéralisme clandestin
». En effet, la présidente de la Commission est partout, tout le temps,
et assoit un peu plus son emprise sur les États qu’elle représente de facto.
Lorsqu’Ursula von der Leyen ouvre la bouche, c’est la voix de l’Europe
que l’on entend. Rappelons cependant, qu’elle n’est élue que par le
Parlement Européen. Sans grande légitimité, elle est devenue la femme la
plus puissante du monde.
Vox Ursulae, vox Europae
Vox Ursulae, vox Europae
La
voix d’Ursula von der Leyen porte loin, et partout. À la COP 27 en
Égypte, dans les sommets du G7, du G20, et même en Ukraine où elle a
décidé du soutien de l’Union européenne au régime de Volodymyr Zelenski.
Très bien, mais depuis quand une simple présidente de la Commission
peut-elle décider unilatéralement du destin de la moitié de son
continent ? Ayant mis au placard Charles Michel, président belge du
Conseil Européen, théoriquement son égal en politique internationale,
elle fait son chemin, sans entrave aucune.
À chaque
crise, von der Leyen assoit un peu plus son emprise sur le Vieux
Continent. La gestion de la crise sanitaire sera dénoncée par les uns,
louée par les autres. L’Union européenne prend ainsi la décision de
centraliser les commandes de vaccins, pour des commandes montant à
plusieurs milliards d’euros, alloués aux entreprises pharmaceutiques.
Comme souvent au sein de l’Union européenne, le scandale n’a pas tardé à
arriver : comment se fait-il que l’entreprise Pfizer, qui détient celle
dont le mari d’Ursula von der Leyen est PDG, ait obtenu la plus grande
part des contrats de vaccin ? Et pourquoi la présidente de la Commission
Européenne a-t-elle supprimé ses SMS avec le PDG de Pfizer, alors même
qu’elle n’était pas compétente pour diriger les négociations ?
Une
autre mesure exceptionnelle est ce fameux « plan de relance européen »,
à hauteur de 700 milliards d’euros, à la suite de cette même crise. Sur
ce coup, Ursula von der Leyen et Emmanuel Macron sont aux manettes, et
parviennent à convaincre les États « frugaux », à l’instar des Pays-Bas,
de lâcher de l’argent.
La dernière crise, encore, a
permis à la présidente de la Commission de s’imposer encore plus,
partout : avec Emmanuel Macron, Joe Biden et Boris Johnson, elle s’est
placée en fer de lance du soutien à l’Ukraine. Et, comme le disait
récemment Nicolas Sarkozy au JDD : « Je n’ai […] toujours
pas compris en vertu de quel article des traités européens Mme von der
Leyen peut justifier sa compétence en matière d’achats d’armes et de
politique étrangère. »
Mme Von der Leyen, c’est
le fédéralisme rampant, sournois. Comme personne ne comprend grand-chose
à l’Union européenne et ses instances, et que seuls des techniciens
sont aptes à critiquer les dépassements des prérogatives, rien de plus
simple que d'accaparer le pouvoir.
Un grand pouvoir au service d’un grand projet
Un grand pouvoir au service d’un grand projet
S’il
y a bien une chose que l’on peut accorder à Ursula von der Leyen, c’est
qu’elle n’a jamais caché son ambition pour l’Europe. Celle-ci, c’est
une Europe fédérale, unie sous la même entité.
Le
projet ne date d’ailleurs pas d’hier. On peut faire remonter sa source
aux Princes romains sous l’Empire, qui contrôlaient censément tout le
monde européen : urbi et orbi. Le vieux rêve de l’Empire romain
a d’ailleurs hanté toute la période médiévale : de Charlemagne à
Charles Quint en passant par Othon, tous se réclamèrent de cet « Empire »
universel par nature, à une époque où le monde était confiné entre la
mer du Nord, le Sahara, les steppes russes et l’océan Atlantique. La
personne la plus proche d’y parvenir fut incontestablement Napoléon
Bonaparte, mais l’aventure russe brisa son rêve.
Aujourd’hui,
sans conquête autre que des postes européens, Ursula von der Leyen
trace sa route dans cette direction, appuyée en cela par un Emmanuel
Macron dont la boussole idéologique est cette « Europe sans nations »,
élargie par un libéralisme atlantiste.
L’accession au
pouvoir sur le Vieux Continent est désormais conditionnée par
l’europhilie : Marine Le Pen l’a bien constaté en 2017, tout comme
Matteo Salvini un peu plus tard. Les deux adoptent désormais un discours
plus mesuré vis-à-vis de ces institutions.
Dans le
fond, l’Union européenne, devenue « l’Europe » dans le langage de
beaucoup, accentue sa domination sur les États-membres, notamment grâce
aux décisions de la présidente de la puissante Commission : encore et
toujours, Ursula von der Leyen.
Alexandre de Galzain
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