par Laurent Lagneau · 26 décembre 2022
Ces dernières années, afin de vanter les progrès technologiques accomplis par son industrie de l’armement et au-delà des armes décrites comme « invicibles » – comme les missiles hypersoniques – par Vladimir Poutine, le chef du Kremlin, la Russie a particulièrement mis en avant plusieurs nouveaux matériels militaires, dont le chasseur-bombardier de cinquième génération Su-57 « Felon », le drone de combat S-70 « Okhotnik-B », les robots de la gamme Uran, le char T-14 Armata et le véhicule de combat d’infanterie T-15.
Or, depuis le début de la guerre en Ukraine, ces nouveaux équipements ont été très discrets… quand leur utilisation n’a pas eu d’effet tangible.
C’est le cas, par exemple, du missile hypersonique Kinjal qui, mis en oeuvre par le MiG-31K, n’a aucune suite décisive sur la suite des combats.
Cependant, en octobre, Moscou a assuré avoir engagé quatre Su-57 « Felon » pour « détruire » des système de défense aérienne ukrainien. Ce qui n’a pas pu être confirmé de manière indépendante. Cela étant, ce ne serait pas totalement incongru, au moins deux appareils de ce type [alors à l’état de prototype] ayant été déployés en Syrie en 2018. Quoi qu’il en soit, la force aérospatiale russe en attend 76 exemplaires [soit de quoi équiper trois « régiments »] et les premiers appareils de série lui auraient été livrés.
Quant au S-70 Okhotnik-B, conçu pour opérer au côté du Su-57 « Felon », il n’a plus trop fait parler de lui depuis que le consortium aéronautique russe OAK a fait part de son intention de le produire en série, en août 2021, avec des livraisons prévues en 2024.
Dans le domaine de la robotique, on sait que les forces russes ont déployé le robot démineur Uran-6 dans le Donbass, région du sud-est de l’Ukraine passée presque entièrement sous leur contrôle. Mais rien n’indique, à ce jour, qu’elles aient engagé des robots armés Uran-9 [ou Platform-M].
S’agissant des chars, le plus récent envoyé au combat est le T-90M « Proryv-3 », doté d’un canon lisse 2A46M-4 de 125 mm, d’un système de contrôle de tir automatisé « Kalina », d’une protection active « Relikt » et d’une mitrailleuse téléopérée de 12,7 mm. Au moins deux ont été détruits par l’armée ukrainienne, qui en a capturé deux autres. Au total, les forces russes en ont perdu au moins sept.
Aussi, jusqu’à présent, le T-14 Armata n’a pas été déployé en Ukraine, pas plus, d’ailleurs, que le véhicule de combat d’infanterie T-15. L’an passé, et après des essais effectués en Syrie, un responsable russe avait assuré que vingt premiers chars seraient livrés d’ici la 2021. « Des travaux sont actuellement en cours pour produire un lot pilote avant la fin des essais d’État afin d’en obtenir une évaluation opérationnelle », au sein des troupes, avait-il confié à l’agence TASS.
Qu’en est-il désormais? Fin novembre, une vidéo montrant au moins un T-14 Armata sur un terrain d’entraînement situé dans la région de Kazan [Volga] a été diffusée via les réseaux sociaux. Même si la date à laquelle elles furent prises étaient inconnu, il n’en fallut pas davantage pour nourrir la spéculation sur un éventuel engagement de ce char en Ukraine…
Pour rappel, et comme le souligne Marc Chassillan, spécialiste des blindés, dans le dernier hors-série du magazine RAIDS sur les chars de combat, le T-14 « Armata » est un char à « l’architecture révolutionnaire », car en « rupture totale avec les engins » qu’il va remplacer, grâce à la combinaison de trois éléments : « une forte augmentation des classes de masse, l’adopion d’armements principaux téléopérés et l’installation généralisée de systèmes de protections actives ».
Dans le détail, affichant une masse de l’ordre de 57 tonnes, le T-14 Armata est propulsé par un moteur Diesel CTZ A85-3A à seize cylindre disposés en « X », d’une puissance de 1500 ch. Mis en oeuvre par un équipage de trois hommes prenant place dans une capsule blindée à couches multiples, séparée des munitions, il est équipé d’une d’une tourelle téléopérée portant un canon de 125 mm, et d’une suite de capteurs, de radars, de caméras à haute résolution ainsi que du système de protection active de type Afganit. Son armement est complété par des missiles anti-char Sokol, une mitrailleuse de 12,7 mm et d’un canon de 30 mm.
Un mois après la diffusion de la vidéo filmée à Kazan, le journaliste [et propagandiste] russe, Vladimir Soloviev, a affirmé avoir vu des T-14 Armata dans le Donbass. Et de publier des photographies prises à cette occasion sur ses réseaux sociaux.
Seulement, rien ne permet de confirmer cette information actuellement. En outre, selon l’analyste américaine Rob Lee, du Foreign Policy Research Institute, les images produites par M. Soloviev auraient a priori été prises à… Kazan.
Vladimir Solovyov shared footage of T-14 Armata tanks at a training ground in Russia (presumably in Kazan). https://t.co/zM0BrAMQSahttps://t.co/EqYlyq6R6fhttps://t.co/jTPNX9IXVy pic.twitter.com/en7TZuZHxa
— Rob Lee (@RALee85) December 25, 2022
Cela étant, la semaine, M. Poutine a parlé d’une « situation extrêmement difficile » dans les région annexée par la Russie en septembre dernier, savoir Donetsk, Louhansk, Kherson et Zaporijjia. De quoi motiver l’envoi de T-14 dans le Donbass, à supposer que ces chars soient totalement opérationnels?
En attendant, début décembre, la chaîne russe NTV a annoncé l’envoi de 200 T-90M dans la région de Louhansk. Ces chars proviendraient directement de l’usine d’Uralvagonzavod, implantée à Nijni Taguil.
Photo : Archive
De mon point de vu il ne devrait pas prendre de risque avec ce tout nouveau model de char dernière génération ,tout sera fait pour l'adversaire de le capturer en bon état pour l'analyser ,il y a d'autres chars rebuildés pour faire face à ce qu'il reste
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