En janvier 2020, les salariés investissent l’usine pour faire barrage aux bulldozers. Ils occupent les lieux jusqu'au 19 mars, début du confinement.
En pleine pénurie de matériel médical, la seule usine européenne
pouvant fabriquer des bouteilles d’oxygène à haute pression, en France,
est à l’arrêt. Ses anciens salariés réclament sa réquisition.
Ses anciens salariés réclament sa réquisition.
Face au coronavirus, va-t-on
manquer d’oxygène?
Alors que la pénurie de masques agite l’opinion, le
silence est de mise sur les réserves en bouteilles d’oxygène, dont
l’Italie semble cruellement manquer.
Paradoxalement, la seule usine
capable d’en fabriquer en Europe reste désespérément fermée.
Les
salariés de l’usine Luxfer Gas Cylinders de Gerzat (dans la banlieue
nord de Clermont-Ferrand) demandent la nationalisation1
«totale et définitive» de leur outil de travail et la reprise immédiate
de la production afin de pouvoir satisfaire les demandes liées à la
crise sanitaire en cours.
Le 26 novembre 2018, face aux 136
salariés installés dans le réfectoire, un responsable – appelé «manager
de transition» dans le jargon – du groupe britannique Luxfer Holding
PLC, détenu par des fonds tels Fidelity ou encore BlackRock, annonce la
fermeture définitive du site racheté en 2001.
La production s’arrête en
mai 2019.
Délocalisation cachée
L’usine, pourtant bénéficiaire avec un carnet
de commandes bien rempli, ferme en juin et les salariés sont tous
licenciés.
Avec 22 millions de chiffre d’affaires et un bénéfice d’un
million d’euros en 2018, en progression de 55% par rapport à l’année
précédente, cette mise à mort est difficile à accepter pour les
salariés.
D’après le délégué syndical CGT Axel
Peronczyk, le groupe, alors en quasi monopole sur le secteur, souhaitait
remplacer les produits de très haute qualité conçus sur le site par
d’autres, de qualité inférieure, réalisés ailleurs, à des coûts de
fabrication moindre et des prix de vente en hausse de 12%.
Occupation salvatrice
Début janvier 2020, la direction de
l’entreprise fait détruire les paniers de chargement mais, lorsque les
bulldozers se présentent quelques jours plus tard, les salariés
investissent l’usine.
L’occupation empêche la destruction des machines
par la direction et tient bon jusqu’au 19 mars, en pleine crise du
Coronavirus.
Pour respecter le confinement, les salariés en lutte
décident alors de remettre le site sous la responsabilité de la
Préfecture.
Luxfer de Gerzat, qui fabriquait quelque
220 000 bouteilles par an, près de 950 bouteilles par jour ouvré,
fournissait l’Europe et la Russie, mais aussi l’Asie de l’Est, l’Afrique
du Nord, l’Afrique du Sud, l’Australie, le Japon…
La moitié de cette
production était destinée à l’oxygène médical, 40% pour équiper les
pompiers d’appareils respiratoires isolants et 10% pour l’industrie.
Des bouteilles de gaz à haute pression
cruciales durant cette épidémie puisqu’elles sont utilisées pour
atténuer les symptômes de détresse respiratoire.
Elles servent à
domicile, à l’hôpital quand les raccordements à de grandes cuves
d’oxygène ne sont plus disponibles, dans des hôpitaux de campagne
installés pour soulager les hôpitaux saturés, comme actuellement à
Mulhouse, ou encore lorsque les malades doivent être déplacés.
Nationaliser pour sauver des vies
Les travailleurs en lutte prennent
l’allocution du président Emmanuel Macron du 12 mars au pied de la
lettre lorsque celui-ci affirmait: «Ce que révèle cette pandémie, c’est
qu’il est des biens et des services qui doivent être placés en dehors
des lois du marché», pour exiger une nationalisation totale et
définitive de l’usine de Gerzat avec un redémarrage immédiat de
l’activité afin d’éviter la pénurie et sauver des vies.
Une demande
soutenue par plus 110000 signatures récoltées en une petite semaine sur
change.org
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