D’accord, c’est un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, mais bon, ça n’est pas non plus la Préhistoire. Quoique…
Il y a très très longtemps, donc, lorsque j’étais au CP, nous avions des cahiers dont les pages étaient tracées de deux lignes.
Juste pour nous apprendre à écrire.
Avec un porte-plume, qui plus est, qu’on trempait dans un encrier de porcelaine blanche.
Et gare aux ratures quand ça accrochait : Madame Besnard (c’était ma maîtresse) déchirait la page.
Et maman aussi, si jamais, le soir à la maison, on faisait « des cochonneries » sur le cahier.
Et zou ! refais-moi ça proprement !
Ce préambule pour vous expliquer la surprise du matin : « Mais pourquoi nos enfants écrivent-ils si mal ? », interroge Le Parisien.
Une question qui vient après d’autres qui me taraudent tout autant, ceci expliquant en partie cela :
1) Pourquoi les enfants se tiennent-ils si mal ?
2) Pourquoi n’y a-t-il personne pour rectifier positions et postures qui, fatalement, vont entraîner des problèmes de scoliose, lordose et autres fantaisies d’un squelette avachi ?
J’en reviens à Madame Besnard et ses collègues de l’époque : toutes passaient dans les rangs, donnant un petit coup de la main sur le dos ou l’épaule : « Tiens-toi droit ! », « redresse-toi ! », « ne te couche pas sur ton pupitre ! »
Vous me direz que, dans un temps où l’on n’ose plus demander aux gamins de quitter la casquette et la capuche quand ils sont en classe, il paraît difficile de vouloir les redresser…
« Il n’y a pas que les fautes d’orthographe qui s’invitent de plus en plus dans les classeurs.
Il y a aussi des pattes de mouche, des mots gribouillés, des majuscules “à l’ancienne” massacrées, des minuscules illisibles, des carreaux dépassés, des lignes droites non respectées », nous dit le quotidien. Et pas seulement chez les plus petits, bien sûr, car si « les jeunes n’ont jamais autant fabriqué de mots » sur leurs smartphones (et quels mots !), « jamais aussi, ils n’ont écrit aussi mal quand il s’agit de coucher des paragraphes sur du papier ».
La faute à qui ?
À l’air du temps, c’est évident, et, pour commencer, la faute à l’école qui ne juge plus utile (possible ?) d’enseigner la graphie aux enfants.
Et puis ils souffrent, ces pauvres chéris : « C’est une catastrophe, on ne peut pas leur faire écrire plus de trois ou quatre lignes. C’est pénible pour leurs doigts, car le geste ne fait plus partie de la routine », se désespère le proviseur-adjoint dans un lycée de Seine-Saint-Denis.
« Dans les années 1960, un instituteur de CP y consacrait dix heures hebdomadaires. Aujourd’hui, si on arrive à deux heures, c’est la fête ! », ajoute une dame qui a exercé ce beau métier pendant vingt ans avant de se reconvertir dans une nouvelle profession appelée à un bel avenir : graphopédagogue.
C’est formidable, non ?
En effet, comme la méthode globale et les inepties y afférentes ont entraîné l’explosion des orthophonistes pour tenter de réparer les dégâts, l’abandon de l’apprentissage de l’écriture voit maintenant fleurir les graphopédagogues.
Coût de la « rééducation » : de 45 à 60 euros la séance d’une heure.
Et les professeurs des écoles, qu’en disent-ils ?
Ils se plaignent.
Des enfants, bien sûr, mais aussi du fait qu’ils « ont été de moins en moins initiés à l’enseignement des “gestes” ».
Ainsi, un instit’ de Toulouse qui déplore : « On ne m’a jamais appris à tracer les lettres. On est jeté dans la fosse aux lions, pour ça comme pour tout le reste d’ailleurs ! »
Pauvre petit bonhomme qui ne sait pas tenir un crayon.
Besoin d’un soutien psy, peut-être ?
Comme me le faisait remarquer, ce matin, un ami : après la mise en place de cours obligatoires au respect de l’environnement, il semble qu’il soit maintenant indispensable d’initier les profs à l’écriture, alors « à quand les cours de maîtrise de la marche à pied, du lever de fourchette et du déroulé de PQ ? »
Marie Delarue
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