Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat
Ainsi, la famille Chirac aurait exprimé le souhait que Marine Le Pen, présidente du Rassemblement national, soit tenue au large des cérémonies funèbres accompagnant le départ de l’ancien président pour, ce qu’il est convenu d’appeler, « un monde meilleur ».
Loin de nous le propos de nous lamenter sur le sort, ainsi réservé, au chef du RN, mais nous trouvons cette décision particulièrement injuste, pour tout dire sectaire.
Tous les leaders politiques de tous bords seront présents, à l’exception aussi de la France insoumise, conviés à se recueillir sur la dépouille de l’ancien chef de l’État.
Pourquoi pas elle, qui représente tout de même, qu’elle soit appréciée ou détestée, louangée ou boycottée, plusieurs millions d’électeurs ?
Il y aurait donc, aux yeux de la famille Chirac, des « bons » et des « mauvais » Français ?
Quand on parle de la « famille », se résume-t-elle à la seule Claude, la fille de son père, qui fut souvent, « le mauvais » génie de son papa ?
On voit mal madame Bernadette Chirac, assez conservatrice, très pieuse, lancer une telle « fatwa » !
Une girouette politique
Les médias, à l’occasion du décès de l’ancien président, en fond des tonnes, sans nuance aucune.
On tresse des louanges au défunt président sans aucune retenue, sans aucune mesure.
Qui était, en réalité, le « Grand Jacques » ?
Un aventurier de la politique, un bon vivant proche du petit peuple, un homme de gauche ayant fait carrière à droite ?
Un homme très cultivé, malgré les apparences ?
Un peu tout cela à la fois, mon général !
Dans sa jeunesse, le petit corrézien était sympathisant communiste, ayant signé « l’Appel de Stockholm » contre le nucléaire, - le nucléaire occidental seulement, bien sûr -, et vendait, occasionnellement, l’Humanité à la criée.
Ce qui ne l’empêcha pas de faire un voyage aux États-Unis dont il resta marqué à vie.
« Algérie française » pendant son service militaire,- une bonne « maladie » selon nous !-, il fut un défenseur de l’immigration en cosignant en 1976 avec Giscard d’Estaing, le funeste décret ouvrant droit au regroupement familial pour les étrangers, tout en les fustigeant quelques années plus tard, avec sa célèbre phrase sur les « bruits et les odeurs ».
Du très eurosceptique « appel de Cochin », à « l’europhilie maëstrichtienne » et au référendum constitutionnel de 2005, il fit le grand écart, devenant un partisan conformiste de l’Union européenne.
Le bilan
Comme tout homme public à la riche carrière politique, n’oublions pas qu’il fut tour à tour ou en même temps député, ministre, premier ministre, maire, conseiller général et, excusez du peu, président de la République pendant 12 ans, - plus que Charles De Gaulle lui-même !-, il a droit au bilan de son action.
À savoir, deux colonnes, débit/crédit.
Au débit, cet article ne suffirait pas à recenser toutes les erreurs, tous les mauvais coups portés à l’unité de la nation, tout l’immobilisme d’un seconds mandat n’en finissant pas de… finir, les accusations mensongères contre « l’extrême-droite », le refus de dialoguer avec son représentant qualifié pour le second tour de la présidentielle de 2002, etc…
Sans oublier ses démêlés avec la justice, mais là nous ne l’accablerons pas, la chose étant tellement courante avec le personnel politique français !
Au crédit de son action, nous retiendrons, bien sûr, le courageux refus d’engager la France en Irak, à la remorque des USA, sans oublier les deux radicales décisions prises pour stopper les tirs contre nos soldats en Bosnie et en Côte d’Ivoire.
Il ordonna, en effet, deux raids destructeurs menés contre les ennemis de nos armées à Sarajevo et à Bouaké.
Sans oublier la bonhomie générale du personnage, son incroyable facilité à dialoguer avec quiconque, son style de bon vivant, son appétit sans limite de la bonne chère et de la bonne… chair !
Homme d’État ?
Peut-être, hédoniste et épicurien, sûrement.
Mais la course aux jupons, dont il n’avait pas l’exclusivité dans le magma politicien, comme l’amour de la tête de veau et de la Corona, n’a jamais fait une bonne politique.
Dommage que cet homme à l’énergie débordante, au charisme évident, n’ait pu s’entendre avec notre courant de pensée au sens large du terme, malgré quelques fragiles passerelles lancées ici ou là.
Mais à l’heure de la séparation, de l’au revoir, à tout pêcheur miséricorde.
Au moment où l’ancien maire de Paris s’éloigne pour l’au-delà des mers, comme dirait l’inimitable Jean Raspail, souhaitons-lui tout de même, en chrétien imparfait, bon vent !
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