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mardi 24 septembre 2019

Décidément, sale temps pour les vieux !

 
 
 



Ainsi, on apprend ce lundi que le président de la République a signé, le 20 septembre, un décret limitant les avantages concédés aux anciens Premiers ministres.

Qu’on se rassure, pas question de remplacer leur voiture avec chauffeur par une carte Navigo.

La voiture avec chauffeur, l’un des derniers symboles phalliques de notre République, c’est à vie, c’est cadeau.
Donc, potentiellement pour longtemps, si l’on s’en tient à la statistique.
Les choses, en plus, se feront progressivement, comme l’a expliqué, ce matin, ici même, Marie Delarue, sans doute histoire de ne pas brusquer.
La force de l’habitude, c’est justement qu’on s’habitue.
Ce qu’on appelle les avantages acquis ou acquis sociaux.
D’aucuns diront privilèges.
Mais on ne peut tout de même pas demander à Édith Cresson, qui fut Premier ministre dix mois et dix-huit jours, il y a vingt-sept ans, de renoncer comme ça, subitement, à ce petit avantage bien commode ou à cette commodité bien avantageuse.
Du reste, c’est là qu’on voit que notre République est vraiment « sociale », comme le précise la Constitution.
Raboter sans trop écorcher, c’est tout un art.
Pas du bricolage.
Puisqu’on en est au rabot, comment, alors, ne pas évoquer celui que les plus de soixante-dix ans vont connaître, l’an prochain.
Dorénavant, ce « segment de la population française », qui, au passage, a largement voté Emmanuel Macron en 2017, ne sera plus exonéré de cotisations patronales lorsqu’il emploie quelqu’un à domicile.
À partir de 2020, cette exonération sera réservée aux personnes en perte d’autonomie.
Sibeth Ndiaye, porte-parole du gouvernement, explique benoîtement : « L’abattement permet aussi bien d’avoir quelqu’un qui vient vous accompagner à domicile quand vous êtes dans la difficulté ou la dépendance que de vous payer un jardinier. »
Ah, « se payer un jardinier » !
Tout de suite, dans l’imaginaire populaire, on voit un parc avec des allées de gravier blanc, du gazon à perte de vue, des haies de buis et des arbres centenaires.
Donc, plus question d’aider ces « salauds de vieux riches ».
République sociale, qu’on vous disait.
Comment ne pas être d’accord avec ça ?
Bon, la Sibeth aurait pu évoquer ces seniors (car il faut dire comme ça, c’est mieux que vieux) qui pourraient se payer un chauffeur, mais non, elle n’a pas eu l’idée.
Bizarre.
Comme quoi, en tout cas, la démagogie, c’est pas seulement quand on est dans l’opposition.
Donc, la petite dame de 72 balais et plus si affinités, veuve de son état mais qui, pour autant, n’est pas dans les clous de la dépendance, faudra donc qu’elle paye les cotisations patronales pour la taille de ses thuyas, donc qu’elle rabote sur son budget, ou bien qu’elle se remette rapidement au jardinage. Après tout, un peu d’exercice, ça ne fait pas de mal, à cet âge.
Autre solution, encore : renoncer à habiter sa maison avec ses souvenirs pour s’enfermer dans un petit appartement.
Dernière station avant l’hospice.
Et puis, comme elle a déjà bien gentiment accepté l’augmentation de sa CSG en 2018, il n’y a pas de raison qu’elle se mette à râler maintenant.

Selon Les Échos, cette mesure devrait permettre d’économiser 310 millions d’euros en 2020.

Histoire de fixer les esprits et de rassurer ceux qui s’inquiéteraient pour les vieux jours de nos retraités de la République, l’équivalent temps plein d’environ 500 anciens locataires de l’Élysée (calcul fait par votre serviteur à partir des chiffres communiqués par Matignon en juin dernier), les cotisations patronales des chauffeurs restant évidemment à charge de l’État.

Georges Michel

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