30 septembre 2019
Les causes sont multiples et diffèrent en fonction des pays, mais la disparition progressive des classes moyennes dans les économies ultralibérales au profit d’armées de pauvres et de quelques « très fortunés », s’accélèrent.
Si des politiques de gauche réclament un « revenu universel » afin d’assurer au peuple quelques subsides, c’est également une idée défendue par beaucoup de libéraux – notamment américains – qui espèrent en contrepartie supprimer des aides sociales, baisser les salaires et empêcher des révoltes.
Trouvé sur la Tribune de Genève : « Les bas salaires progressent fortement en Allemagne. Plus d’un retraité sur cinq vivra sous le seuil de pauvreté dans 20 ans.
Malgré la pauvreté qui augmente chez les personnes âgées, l’Allemagne n’a toujours pas engagé une réforme de fond de son système de retraite par répartition.
Plus les années passent, plus le nombre de retraités qui vivent dans la précarité progresse.
Selon le dernier rapport de l’Institut de conjoncture à Berlin (DIW), plus d’un retraité sur cinq (21,6%) vivra sous le seuil de pauvreté dans vingt ans, contre 16% aujourd’hui.
Ces chiffres sont d’autant plus alarmants qu’ils sont calculés avec l’hypothèse d’une économie évoluant «positivement».
«Le fond du problème n’a pas été réglé», constate Johannes Geyer, l’auteur de l’étude.
«Les ajustements, comme une meilleure prise en compte du congé maternité ou la retraite à 63 ans à partir de quarante-cinq ans de cotisations, n’apportent rien de significatif sur le fond.
Ce ne sont que des réformes cosmétiques», poursuit l’expert du DIW.
Glaner pour survivre
«Les retraités glanent aujourd’hui des bouteilles consignées pour arrondir leurs fins de mois.
Ils n’ont plus honte», déplore Sabine Werth, directrice de la soupe populaire de Berlin.
«Le développement du secteur des bas salaires décidé par le gouvernement social-démocrate de Gerhard Schröder (ndlr: dans les années 2000) a été une catastrophe.
Les retraités sont de plus en plus nombreux à venir chez nous», insiste la bénévole.
Selon le DIW, l’Allemagne compte 6,5 millions de contrats en «minijob», qui permettent une dispense partielle des cotisations sociales.
Or, 4,5 millions de ces derniers sont considérés comme l’emploi principal des gens concernés, et non pas, comme le voulait l’idée de départ, un job d’appoint.
«Tous ces gens seront dans des situations de précarité quand ils arriveront à la retraite», prévient Sabine Werth.
«Les retraités d’aujourd’hui ont également une biographie complètement différente de leurs aînés.
Ils n’ont pas accumulé autant de trimestres – ou points – parce que le marché du travail s’est transformé.
Ils comptent plus de périodes de rupture (chômage, formation, etc.) et ont moins cotisé», ajoute Johannes Geyer.
La grande coalition d’Angela Merkel, une alliance entre conservateurs (CSU/CDU) et sociaux-démocrates (SPD), a tenté une réforme des retraites pour anticiper cette pauvreté de masse.
L’objectif est la stabilisation d’ici à 2045 du niveau des pensions à 46% des revenus nets (contre 48% aujourd’hui) et un financement des déficits par l’impôt (4,5 milliards d’euros à partir de 2030 et 8 milliards en 2040).
L’âge légal de la retraite va passer progressivement de 65 à 67 ans.
Cette réforme a prévu aussi des cotisations retraites obligatoires pour les travailleurs indépendants.
En 2018, 100 actifs en Allemagne finançaient les retraites de 31 personnes de plus de 67 ans.
Avec l’arrivée des «baby-boomers» (pic de natalité de la fin des années 60), ce sera en 2038 pratiquement deux actifs pour un retraité (100 pour 47).
Cotisations trop faibles
L’introduction en 2015 du salaire minimum (8 euros 50 de l’heure) n’a pas réglé le problème.
Les cotisations restent trop faibles.
«Il faudrait être payé au moins 14 euros de l’heure.
Un tiers de la population active est en dessous de ce barème», remarque Ulrich Schneider, président de l’Union des associations caritatives d’Allemagne.
Pour freiner les effets pervers du système, le gouvernement prépare un projet de loi sur une retraite minimum accordée à ceux qui ont cotisé au moins trente-cinq ans.
«Mais elle concernera surtout les classes moyennes.
Elle ne permettra pas de lutter contre la pauvreté.
Ceux qui n’ont pas cotisé cette durée resteront à l’aide sociale, qui est très faible, comme les chômeurs de longue durée, les travailleurs indépendants, qui n’ont pas d’obligation de cotiser, et les étrangers qui sont arrivés tard dans le pays», poursuit l’expert.
Le phénomène devrait s’amplifier avec l’arrivée à l’âge de la retraite des chômeurs de longue durée est-allemands qui n’ont jamais retrouvé de travail après la réunification.
«Aucune catégorie de la population n’est autant concernée par la précarité», estime Ulrich Schneider.
«Avec eux, la pauvreté des retraités va exploser dans les vingt prochaines années», ajoute-t-il.
C’est également la conclusion du rapport du DIW.
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