Gérard Collomb, en soutenant l’un des premiers Macron, avait annoncé le « nouveau monde ».
Il est, depuis, retourné à son port d’attache de Lyon.
Il est vrai que le monde de Macron n’est pas l’Amérique et ressemble beaucoup à l’ancien, en plus moche.
Sans doute a-t-il amélioré sa productivité, car depuis le vote de la loi initialement dite de « moralisation de la vie publique » et le départ précipité de son père porteur, François Bayrou, accompagné de son inséparable Murielle de Sarnez, pour cause d’emplois fictifs au MoDem, la liste s’allonge des élus de la majorité qui, à défaut de moraliser la politique, démoralisent l’opinion publique.
Cela avait commencé avec la spontanéité musclée d’élus de la diversité : M’Jid El Guerrab, député LREM, ex-socialiste, avait argumenté un débat à coups de casque et envoyé son interlocuteur aux soins intensifs ; Laetitia Avia était accusée d’avoir payé une note de taxi à coups de dents.
Récemment, avec rapidité, la liste s’est allongée.
Le député Mustapha Laabid, LREM ex-socialiste, a été condamné pour abus de confiance au préjudice d’une association d’insertion professionnelle.
Sa peine de six mois de prison avec sursis et trois ans d’inéligibilité est inférieure à celle qui a frappé les Identitaires qui ont manifesté dans les Alpes.
Il a fait appel et reste député.
En revanche, le sénateur LREM de l’Hérault et ancien responsable socialiste Robert Navarro est définitivement condamné pour abus de confiance au détriment du PS. Son pourvoi en cassation rejeté, il est privé de ses droits civiques pendant trois ans.
Le parachute s’est manifestement ouvert trop tard.
Aux dernières nouvelles, selon Mediapart, le député LREM Jean-Jacques Bridey aurait bénéficié d’un double remboursement de certaines de ses notes de frais.
L’élu plaide la distraction sur certains doublons.
L’Hôtel de Lassay, la prestigieuse résidence du quatrième personnage de l’État (le président de l’Assemblée nationale), est devenu un endroit dangereux.
François de Rugy y consommait trop de homards.
L’occupant actuel, Richard Ferrand, député LREM – ex-socialiste, faut-il le préciser -, est la cerise sur le gâteau de la confiance dans la politique servi par la Macronie.
On évoquait à son propos une sordide affaire d’achat d’un immeuble pour le compte d’une SCI créée ensuite par sa compagne et loué par lui, en tant que directeur des Mutuelles de Bretagne, selon la promesse qui justifiait le prêt obtenu par la SCI, les travaux payés par l’organisme social, et qui a abouti à la multiplication de la valeur du bien.
Une belle opération que le parquet de Brest avait classée, mais qui a conduit à une mise en examen à Lille !
Sans préjuger de la suite, on peut se réjouir d’une belle séquence d’arroseur arrosé lorsqu’on se rappelle les tweets du père la vertu Ferrand à l’encontre de Sarkozy (« racaille d’État ») ou de Fillon (« Une droite voudrait que soit placé dans nos mairies et nos écoles le portrait d’un homme mis en examen ») et qui ôtaient au mis en examen toute autorité morale, au mépris de la présomption d’innocence.
Aujourd’hui, il s’accroche à son perchoir avec la dignité et le désintéressement propres au personnage.
Ferrand a reçu un soutien d’un poids inestimable, celui du président de la République. Mais on attend avec impatience les suites de la plainte déposée par le député LR Alain Marleix au sujet de la vente d’Alstom à General Electric, du rôle joué par M. Macron dans cette opération, de son mensonge devant une commission de l’Assemblée nationale et, plus généralement, du financement de sa campagne. À côté de ces affaires, il ne reste que des broutilles, trop nombreuses toutefois pour ne pas soulever une suspicion légitime sur la « morale » du régime que subit notre pays : c’est l’épouse de Gilles Le Gendre, le si intelligent donneur de leçons et président du groupe LREM à l’Assemblée, qui est nommée directrice de la communication à La Française des jeux ; c’est Yves Lévy, époux d’Agnès Buzyn, qui est nommé conseiller d’État extraordinaire, un poste rare et convoité. Faut-il en pleurer ? Faut-il en rire ? Christian Vanneste
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