Emmanuel Macron est content de lui : « On a formidablement réussi ce sommet, la France a rayonné », a-t-il déclaré, dans son entretien au 20 Heures de France 2.
Il faut dire que tout a été fait, dans la communication, pour transformer cette réunion coûteuse en réussite personnelle pour notre Président.
Pourtant, à y regarder de près, ce fut une séance d’illusionnisme.
Apparemment, la réunion du G7 est un succès.
Les discussions, selon Macron, ont permis de créer « les conditions d’une rencontre entre Donald Trump et Hassan Rohani ».
Il a donné une leçon à Bolsonaro sur les incendies en Amazonie, a réprouvé sa réaction, pour le moins désobligeante, à un montage photo qui compare son épouse à la première dame française (convenons que, s’il n’a fait que dire ce que beaucoup de Français pensent tout bas, ce n’est pas le rôle d’un chef d’État de faire ce type de remarques).
Il aurait, d’autre part, obtenu un accord avec les États-Unis sur la taxation des géants du numérique.
Mais, à bien les examiner, ces exploits sont relatifs et n’existent que parce qu’ils ont été présentés comme tels par les médias.
La visite du ministre des Affaires étrangères iranien à Biarritz, surprise préparée à l’avance, n’altérera pas la volonté des dirigeants iraniens d’acquérir l’arme nucléaire ; les incendies en Amazonie sévissaient avant que Bolsonaro n’arrivât au pouvoir et Donald Trump est trop expérimenté en affaires pour ne pas avoir une idée derrière la tête, à propos de la taxation des GAFA.
Qu’importe pour Macron ?
Il voulait étonner la galerie : il y a momentanément réussi.
Sur France 2, il a également abordé quelques dossiers chauds, notamment la question des retraites. Pour apaiser la colère montante sur un recul de l’âge légal de départ qui ne dit pas son nom, il a précisé qu’il préférait, pour sa part, qu’on trouvât « un accord sur la durée de cotisation plutôt que sur l’âge ».
Le bruit courait déjà que la durée d’assurance requise pour une retraite pleine sans décote passerait à 43 ans, au lieu de 42, plus tôt que prévu dans la réforme Touraine de 2014.
Si le projet de loi s’engage dans ce sens, il est peu probable que le mécontentement diminue.
Quant au Mercosur, Macron a affirmé son refus de l’approuver : « Je n’ai pas donné mon accord complet, en l’état je ne signerai pas le Mercosur. »
Si l’on sait lire le français, cela signifie que ce refus n’est que provisoire : si Bolsonaro devient plus sage, il saura revoir sa position.
Il faut être bien naïf pour croire que notre Président partage les inquiétudes d’une majorité de Français sur ce nouveau marché.
Il veut simplement tuer dans l’œuf les oppositions à ce traité de libre-échange, en attendant des jours meilleurs.
Macron veut faire croire que les pays du G7, qui sont parmi les plus riches du monde, sont capables, sous son impulsion, de « lutter contre les inégalités ».
Comme l’écrit, dans Famille chrétienne, Mgr Marc Aillet, l’un de nos rares évêques lucides, « le train de vie mené par les puissants de ce monde pendant trois jours à Biarritz n’envoie pas un signal très probant en ce sens ».
On ne voit pas comment le principe d’une économie libérale mondialisée pourrait réduire « les inégalités entre les pays riches et les pays pauvres ».
Sans compter les évolutions sociétales « qui, au nom de l’égalité des droits, sont devenues un gigantesque marché extrêmement juteux qui ne sera d’ailleurs accessible qu’aux riches ! »
Les Français ne doivent pas se laisser séduire par les simagrées de nos gouvernants, qui ne sont qu’un moyen, parmi d’autres, de leur faire avaler la pilule.
Il faut, au contraire, démasqer les imposteurs et dénoncer leurs roueries.
Philippe Kerlouan
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