Quantité exceptionnelle, qualité exceptionnelle : les qualificatifs ne suffisent pas pour évoquer la moisson 2019.
Seconde meilleure récolte depuis vingt ans, densité record des grains et teneur en protéines élevée, le blé de cette année est lourd et sec.
Il se conservera bien et permettra de fabriquer de bons produits, pour la plus grande satisfaction de ses acheteurs.
L’heure est à la satisfaction.
Et pourtant ! Pourtant, les campagnes de France ne feront pas fortune, cette fois encore !
Le cours des céréales est au plus bas sans perspectives haussières, tant et si bien que les recettes ne suffiront pas à couvrir les coûts de production.
La générosité des récoltes pèse sur les marchés et c’est l’inquiétude qui prévaut désormais chez les producteurs.
Invraisemblable situation ! Alors que les cieux ont été cléments et que le travail a été bien fait, la réalité économique s’avère précaire.
Comment cela peut-il se faire ?
La politique agricole et l’organisation du marché sont-elles à ce point défaillantes ?
La seule certitude concerne le coût des intrants et des charges qui, lui, ne diminuera pas… bien au contraire !
À quelques exceptions près, les cours des céréales et des produits agricoles demeurent inchangés depuis vingt ans.
Sans exception, les cours des carburants, de l’électricité, des charges sociales, des produits phytosanitaires, du coût de la vie ne cessent de croître depuis vingt ans.
Dans plusieurs filières, les courbes se sont croisées depuis longtemps et les pertes s’accumulent récolte après récolte.
Dans ces conditions, le métier manifeste son absurdité économique et perd évidemment de son attractivité.
Le renouvellement des générations n’est plus assuré.
Habiter à la campagne, bénéficier d’une qualité de vie sans pareille, préférer vivre au grand air sont un choix, mais cela n’a de sens que si les heures passées et les sacrifices consentis permettent d’entretenir décemment sa famille.
Or, cela devient très difficile et la résignation l’emporte de plus en plus dans les campagnes françaises.
À cette déprise économique s’ajoute le poids des heures toujours plus occupées par les contraintes de tous ordres.
Le quotidien de l’agriculteur, ce sont désormais les mesures coercitives, les normes à respecter, les difficultés administratives et les stigmatisations injustifiées.
De nombreux agriculteurs sont las et usés, sans perspectives professionnelles, ils baissent les bras.
En silence et loin de l’agitation du monde, ils disparaissent en silence en incitant leurs propres enfants à choisir un autre destin.
Cependant, la vie continue et le travail n’attend pas.
Quels que soient les états d’âme, il faut mettre en terre la prochaine récolte.
Ce sont les saisons qui commandent et, dès la fin du mois d’août, les champs de colza doivent être ensemencés.
Pour quel rendement ? Pour quel revenu ? Nul ne le sait.
Il est impossible à en connaître et l’agriculture est probablement la seule profession dans laquelle des investissements sont réalisés sans qu’il puisse être possible d’en estimer le retour.
Non, vraiment, l’agriculture n’est pas un métier comme les autres.
Loup Mautin
Il faut bien que les consommateurs finaux puissent s'offrir la quincaillerie que leur offre la start-up nation et que les intermédiaires de tous ordres se sucrent au passage. Et en m^me temps les sols sont détruits par des pratiques artificielles douteuses mis en place pour plus de rendement (utiles pour les actionnaires de tous poils). Le pouvoir techno industriel a bien exploité la faille de la paysannerie (orgueuil et individualisme mal placée, exemple "bouffer le voisin") en envoyant depuis 70 ans ses faux prophètes (agronomes, techniciens, financiers, syndicats véreux)aux fins fonds des campagnes.
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