Parti sur son élan d’honorer la contribution bien réelle et méritoire des combattants africains au débarquement en Provence, Emmanuel Macron n’a pas su s’arrêter à temps.
Glissade dans le décor, freinage trop tardif et voilà le chef de l’État appelant les maires de France à baptiser des rues, des places et des monuments du nom de simples soldats venus de pays d’Afrique.
Des cérémonies, également.
Peut-être des stations de métro, un aéroport, des bâtiments prestigieux… Plus rien n’arrête la repentance élyséenne.
Là où jamais aucun combattant français de base n’a donné son nom à la moindre impasse, voilà que le soldat africain devrait voir fleurir son patronyme sur diverses plaques commémoratives. Discrimination positive jusque dans les tréfonds de nos mémoires.
Comment avons-nous pu élire un Président dont l’arbre généalogique ne mentionne aucun ancêtre africain ?
Anomalie qui pourrait voir Emmanuel Macron s’auto-destituer dans un moment de déprime.
Outre l’aspect quelque peu racialiste, si l’on veut bien y réfléchir, la démarche du chef de l’État relève de la plus parfaite abstraction.
Quels seraient les critères de choix parmi des dizaines de milliers de soldats présentant un profil identique ?
Tirage au sort dans un chapeau, roue qui tourne « façon tombola » ?
Une appellation générale pourrait venir résoudre le problème : « Rue du Soldat-africain-qui-était-mieux-que-le-soldat-français ».
Certes un peu longue, mais qui présente le mérite de la clarté.
Du vrai repentatoire.
Et même repentassionesque !
Un rappel à tous les coins de rue de notre infériorité chronique…
Dans son vibrant hommage, le masochiste En Marche ! omit de préciser que le fameux soldat africain était enrôlé de force, sans doute encore moins volontaire et vibrant de patriotisme (et on le comprend !) que le quidam français extirpé de son village pour venir mourir en des contrées dont il ignorait jusqu’à l’existence.
Des pieds-noirs, pourtant majoritaires, il ne fut pas non plus question.
Quant aux divers lieux rendant déjà hommage aux tirailleurs sénégalais, il est à supposer qu’ils furent jugés insuffisants, puisque ne mentionnant pas les noms, adresses et numéros de téléphone des participants.
Par souci d’égalité, il va de soi que pas un seul ne devra être oublié.
Rues, avenues, sentiers, places, chemins…
Tous les lieux identifiables seront réquisitionnés.
Au besoin, l’État creusera des galeries souterraines afin qu’elles portent les noms des combattants. Un monde parallèle entièrement dévolu au repentir.
Ultime refuge des honteux de leur propre identité.
Enfin à l’ombre, effacés, inexistants… Un vrai paradis.
Jany Leroy
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