Je ne partage pas du tout les « analyses » qui expliquent en long en large et en travers, voire dans la quatrième dimension, combien notre pays est déprimé et qu’il va inexorablement « dans le mur », tout comme cette Europe moribonde.
À ses débuts, le mouvement des gilets jaunes a été, effectivement, l’expression du terrible cri de souffrance d’une France « des territoires » qui n’en peut plus d’être ainsi méprisée et écrasée sous le joug d’un État « hors-sol ».
Mais à présent, il s’agit d’un mouvement d’une tout autre nature : c’est un formidable élan d’espoir.
Certes, il est fait de bric et de broc (ce que les « observateurs » se plaisent à souligner dans les débats avec une morgue qui frise souvent l’insulte : c’est le fameux « salauds de pauvres »).
Certes, il n’est absolument pas structuré, ce qui laisse « pantois » ces mêmes observateurs, commentateurs et politiques car il n’a « pas de prise », pas de réel « angle d’attaque » selon les schémas de pensée traditionnels.
Certes, il n’a probablement pas d’avenir politique, puisqu’il ne pourra pas, par essence même, se structurer comme un parti où « aucune tête de doit dépasser ».
Mais cet « être politico-social » nouveau, né d’Internet, porte en lui les signes de la renaissance d’une société française que l’on croyait disparue à jamais.
Il est vrai que cela ne se voit pas à Paris, mais dans nos campagnes : le rond-point a remplacé la place du village !
C’est au rond-point que « les braves gens » ont plaisir à se retrouver pour discuter, faire de la musique, chanter, faire la fête.
C’est au rond-point qu’on retrouve les valeurs de fraternité et de solidarité.
C’est au rond-point que se tisse à nouveau ce fameux lien social si distendu.
C’est au rond-point qu’on trouve des gens heureux de vivre, heureux de vivre ensemble !
On a même vu des prêtres venir dire la messe de minuit sur les ronds-points ! Comme si l’Église, chassée du centre du village par ce que l’on sait, voulait enfin participer à la fête du peuple.
J’entends déjà les esprits chagrins me dire qu’au rond-point, par définition, on « tourne en rond », comme ce mouvement des gilets jaunes.
Mais c’est aussi à partir du rond-point que l’on peut choisir la bonne voie, la « bonne sortie » !
Les « marcheurs », eux, ne « changent pas le cap ».
Tels les enfants de la légende allemande, ils suivent le joueur de flûte qui va les précipiter dans l’abîme, dans le néant.
Eux, on comprend qu’ils soient déprimés ; c’est probablement ce qui explique leur agressivité.
Patrick Robert
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