« Quand ça veut pas ça veut pas ! » Anne-Sophie Chazaud fait élégamment le constat que désormais le petit roi cochonne tout ce qu’il touche. Elle est assez pessimiste pour la suite de son règne.
Ce fut un quinquennat d’un an.
Anne-Sophie Chazaud
Nous avions clairement identifié que le symptôme Benalla était grave et marquait une rupture probablement irréversible dans le quinquennat jupitérien, non pas tellement pour tout ce que ce piteux épisode contenait au plan factuel, mais en raison de tout ce qu’il dévoilait, -et n’oublions jamais que le « dévoilement » est l’autre nom de l’Apocalypse.
Les petits soldats En Marche et les soutiers de la communication macronienne ne s’y trompèrent du reste pas non plus, qui nous enjoignirent constamment de regarder le doigt (ou le poing) Benalla, afin que nous n’apercevions pas, consternés, l’état de la lune, en l’occurrence de ce que toute cette tragi-comédie multidélictuelle et pathétique, à peine rafistolée par toute une tripotée de mensonges et de faux-fuyants aussi ridicules qu’inefficaces, révélait quant au mode de fonctionnement de cette nouvelle gouvernance et dont on voit désormais nettement se dessiner au grand jour les faiblesses, les contradictions inhérentes, profondes et irréconciliables.
Nous n’imaginions pas, en revanche, à quel point le château de cartes de cette gouvernance dont on nous promettait monts et merveilles, qui serait exemplaire et où l’Histoire et ses vaines dialectiques pour vieux politicards disparaîtraient sous la lumière d’un Soleil rédempteur, chimère entièrement et exclusivement bâtie sur une communication constamment paradoxale et prétendument disruptive (au point de se disrputer elle-même), tomberait si vite ni aussi facilement.
Voici le Verbe du pouvoir totalement désenchanté voire devenu impossible, toute phrase émise par le monarque communicant se retourne désormais contre son émetteur, le désappointement se lit sur le visage, tiré, tendu comme tenu par les fils serrés de la contradiction intérieure, acculé à n’être plus qu’agi et ballotté par des faits qu’il ne maîtrise plus.
Isolement et entêtement sur l’Union européenne et la folle démesure migratoire qui structure son insatiable besoin de main d’œuvre quasi-esclave, incompréhension de ce qui se joue de considérable et fondamental dans la reprise en main de leur destin par tous les peuples européens les uns après les autres -les mêmes causes à la fois économiques et culturelles produisant absolument partout les mêmes effets-, incompréhension culturelle et identitaire -et pour cause, l’argent des yuppies n’a pas de frontière.
De Gaulle disait qu’un Etat n’a pas d’amis, « il n’a que des intérêts ».
L’argent néo-libéral et ses laquais aussi, n’ont que des intérêts, mais en outre, il n’ont pas de pays, pas d’Etats –peuplés, comme chacun sait, de lépreux et de réfractaires populistes.
Et voici que ceux qui servaient de simples faire-valoir dans cet improbable équipage se carapatent du Costa Concordia quand il est encore temps, Hulot reparti dans son ULM, Bern qui a déjà arrimé sa bouée-licorne de sauvetage, et bientôt tous les autres : les rhônalpins le savent, les premiers de cordée, les vrais, c’est indispensable, mais lorsqu’il y en a un au pied moins assuré qui tombe, c’est toute la ribambelle encordée qui dégringole.
L’on se moquait d’eux pour ce qu’ils étaient, des objets de communication ; et voici que contre toute attente ils évoquent les questions de fond, ils se piquent de faire le job pour de vrai, les voilà, les ingrats, qui parlent soudainement d’écologie, de patrimoine, qui ne se sentent pas redevables des faveurs de la cour et de ses fêtes aussi vulgaires que tapageuses, et refusent de servir de cautères sur la chenille de bois du rouleau compresseur pseudo-réformiste.
Il n’en faut pas davantage pour que sur ces entrefaites, et comme si tout n’était déjà pas assez grotesque et grave, Hollande le déchu en perde le peu de lucidité qu’il pouvait lui rester et s’active comme un bateleur ivre à la Foire au Boudin de Groland, pour ne rien dire du Cohn-Bendit qui a dû oublier ce qu’il prônait autrefois : place aux jeunes !
Les vieux babos ont fait leur temps et on a vu dans quels errements leurs choix idéologiques les ont menés, alors une bonne camomille fera plutôt l’affaire et au lit, ou à l’hospice !
Ne Cours surtout pas, Cohn-Bendit, le Vieux Monde est derrière toi et tu en fais partie !
Restent toujours bien sûr les irremplaçables cartouches Debbouze et Bellatar qui, sous la houlette de Mimi Marchand et Sibeth Ndiaye promettent peut-être un spectacle de haut niveau et de grande qualité intellectuelle.
Il était clair depuis quelques temps que ce système pseudo-disruptif nous garantirait le pire de la droite et le pire de la gauche, la cruauté sociale et l’inculture identitaire.
On n’est pas déçu.
Les élections à venir, si le Parlement tient d’ici là, seront une déconvenue cuisante, accompagnée au minimum de législatives anticipées.
Ce fut un quinquennat d’un an.
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