Christian Vanneste
Puigdemont est un petit récipient qui ne manque pas d’air pour combler le vide.
Des électeurs étaient appelés aux urnes en Europe ces derniers jours. Les Italiens de Lombardie et de Vénétie participaient à deux référendums consultatifs sur l’autonomie de leurs régions.
La comparaison de ces scrutins avec le drame politique qui se joue en Catalogne est pleine d’enseignements.
Le vote italien s’est déroulé dans le calme, sans grande mobilisation.
La consultation de la population n’avait pas la prétention de détacher ces régions du pays par un acte de force contraire à la Constitution, mais tout simplement de permettre à une majorité d’exprimer son avis.
Les présidents des deux régions appartiennent à la Ligue du Nord, parti réputé populiste, voire xénophobe, d’extrême droite, donc, si on écoute certains médias comme Euronews ou Le Monde. Leur revendication qui consiste à cesser de contribuer de manière excessive aux dépenses de l’État
italien au détriment des populations dont ils ont la charge est inscrite dans leur programme.
Pour autant, ils n’ont pas posé la question de l’indépendance et ont organisé le vote dans le cadre de la Constitution italienne.
La participation a été suffisante – 40 % en Lombardie, 57 % en Vénétie, avec un oui massif à 95 % et à 98 % – pour permettre aux présidents de région d’entamer les négociations avec le gouvernement central de Rome.
Ainsi donc, des « extrémistes », d’ailleurs soutenus par la quasi-totalité des formations politiques, ont obtenu un mandat clair, au travers d’élections transparentes et démocratiques, pour entamer un processus aux objectifs limités, justifié par des arguments raisonnables.
Le mauvais élève, brouillon, irresponsable et dangereux se trouve à Barcelone, à la tête de la Généralité de Catalogne.
Puigdemont est un petit récipient qui ne manque pas d’air pour combler le vide, qui monte et descend en fonction des pressions extérieures dans le bain d’agitation dont il raffole.
C’est un activiste et non un dirigeant.
N’ayant tenu compte d’aucune des mises en garde du gouvernement, du roi auquel il a refusé de prêter serment, de la Justice et du Tribunal constitutionnel, le voici qui ose parler de coup d’État ou prétendre que le gouvernement espagnol se met hors de l’État de droit.
Ce provocateur ne manque pas de toupet : il inverse les rôles.
Le coup d’État, c’est lui qui l’a tenté en ameutant la rue et en organisant un référendum anticonstitutionnel dans des conditions chaotiques avec la complicité de la police locale utilisée de manière illégale.
L’État de droit est fondé sur la hiérarchie des normes et la séparation des pouvoirs, non sur la confusion opérée entre la démocratie et l’utilisation cynique et démagogique d’un mouvement populaire.
La Constitution espagnole qui a permis le passage de la dictature franquiste à la démocratie actuelle, où les régions bénéficient d’une grande autonomie, affirme clairement l’unité indivisible de l’Espagne.
C’est une imposture que de prétendre faire de l’usage de l’article 155 de la Constitution un retour à Franco.
Le gouvernement va suspendre l’autonomie de la Catalogne pour sauvegarder l’État de droit menacé par un activiste irresponsable dont il est temps d’anéantir le pouvoir de nuisance.
La Catalogne est la région la plus riche d’Espagne, presque à égalité avec celle de Madrid.
On pourrait déjà stigmatiser l’égoïsme d’une région riche historiquement et non en raison des politiciens qui la dirigent aujourd’hui.
Mais même cette apparence demande à être corrigée.
La Catalogne n’est que quatrième pour le PIB par habitant derrière Madrid, le Pays basque et la Navarre.
Surtout, elle souffre à l’évidence d’une mauvaise gestion qui fait du coup de force de Puigdemont une opération suicidaire.
C’est la troisième région la plus endettée d’Espagne derrière Valence et Castille-La Manche, la première en valeur absolue avec 75,4 milliards d’euros.
Cette situation classe la dette catalane en catégorie spéculative qui lui interdit de se refinancer auprès des banques.
C’est donc l’État espagnol qui prête !
Et en cas d’indépendance, la dette passerait de 35,2 % à 115 % !
La comparaison avec les « extrémistes » italiens est intéressante.
Qui est extrémiste ?
Qui menace l’État de droit ?
La presse française devrait être plus claire à ce sujet !
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