Le 28/10/2017
Javier Portella
Que se passera-t-il lors des élections qui doivent être convoquées au plus tard dans six mois ?
Un raccommodage entre Rajoy et Puigdemont (je l’avais déjà évoqué dans une de mes chroniques précédentes) était intervenu à la dernière minute, par lequel Rajoy lâchait absolument tout, accordait toutes les concessions possibles et imaginables, à la seule condition que l’indépendance ne soit pas formellement proclamée, l’argutie légale étant la dissolution du Parlement catalan par le président Puigdemont (ce dont celui-ci avait encore le pouvoir selon la stricte application de la loi espagnole) et la convocation de nouvelles élections autonomes.
À deux reprises, la comparution publique de Puigdemont pour l’annoncer urbi et orbi était cependant annulée.
Ce n’est qu’à la troisième annonce de comparution qu’il a enfin daigné parler pour annoncer… qu’il n’en était rien !
Il ne dissolvait pas le Parlement, il ne convoquait pas de nouvelles élections et il s’en remettait à la décision, aujourd’hui, du Parlement concernant la déclaration sécessionniste d’indépendance.
Ce qui s’est évidemment produit en début d’après-midi, après que tous les députés unionistes (Partido Popular, Ciudadanos et Partido Socialista), presque la moitié du Parlement, ont quitté l’enceinte. Presque en même temps, le Sénat espagnol, réuni à Madrid, votait à une écrasante majorité (seuls les sénateurs sécessionnistes et ceux de Podemos ont voté contre) l’application de l’article 155 de la Constitution, qui donne au gouvernement une véritable carte blanche pour contrer la sécession.
Quel usage celui-ci en fera-t-il ?
Aura-t-il le courage d’aller jusqu’au fond, de destituer et d’arrêter tous les séditieux que n’importe quel gouvernement aurait déjà mis depuis belle lurette sous les verrous ?
Voilà la grande question, l’autre étant : comment va réagir tout le gigantesque appareillage de l’administration catalane mise sous les ordres de « l’occupant » (le mot sera bientôt prononcé) ?
Que va-t-il se passer lorsque tous ces milliers de fonctionnaires, hauts, moyens et petits, vont boycotter par tous les moyens possibles et imaginables les ordres reçus de « l’occupant ».
Celui-ci osera-t-il les limoger et les sanctionner ?
Et que se passera-t-il lors des élections qui doivent être convoquées au plus tard dans six mois ?
Pour l’instant, tandis que j’écris ces lignes dans l’urgence, en attendant que le Conseil des ministres réuni à Madrid prenne les premières dispositions, les gens, à Barcelone, se sont déjà jetés dans les rues : 20.000 personnes (selon la police municipale) du côté des défenseurs de la Catalogne et de l’Espagne, 17.000 du côté de ses ennemis.
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