Le 06/05/2015
Ça suffit ! Une telle hypocrisie est insupportable !
La bien-pensance a trouvé un nouvel os à ronger : en cause, les déclarations chocs de Robert Ménard, maire de Béziers, relatives à ce que la presse appelle « le fichage des enfants musulmans ». Les chiens sont lâchés, la meute est déchaînée !
Retour sur les faits : lundi 4 mai, sur le plateau de « Mots croisés », Robert Ménard déclare que 64,6 % des élèves des écoles de sa ville sont musulmans.
Plus tard, il indique : « Ce sont les chiffres de ma mairie. Pardon de vous dire que le maire a, classe par classe, les noms des enfants. Je sais que je n’ai pas le droit mais on le fait. »
Le lendemain, chez Bourdin (BFM TV), il explique : « Il faut aider les enfants […] d’origine musulmane, maghrébine » car « quand dans des écoles, vous avez plus de 80 % d’enfants qui sont d’origine musulmane, maghrébine, vous n’intégrez plus personne. Qui en paie le prix ? Les enfants en question. »
Face au tollé provoqué par ces propos, la mairie de Béziers a expliqué au cours d’une conférence de presse : « La mairie de Béziers ne constitue pas et n’a jamais constitué de fichiers des enfants scolarisés dans les écoles publiques de la ville. Le voudrait-elle qu’elle n’en a d’ailleurs pas les moyens. Il ne peut donc exister aucun “fichage” des enfants, musulmans ou non. Le seul fichier existant à notre connaissance recensant les élèves des écoles publiques de la ville est celui de l’Éducation nationale. C’est donc à elle, et elle seule, de rendre publique cette liste. Elle ne le fera certainement pas au prétexte de motifs juridiques. »
Voilà pour les faits.
Le déchaînement médiatico-politique n’a pas tardé.
Toute la presse, ce mardi, parlait du « fichage des enfants musulmans », sans recul ni analyse des faits.
Le Figaro.fr s’est, quant à lui, ridiculisé en titrant un article « L’esprit de 1939 est de retour : la sortie de Robert Ménard indigne la classe politique », reprenant ainsi un tweet de Taubira, aux références chronologiques douteuses : « L’esprit de 1939 est de retour, les mêmes vieux démons et ces balafres faites à la République. La même lâcheté sur des enfants. »
D’Arabie saoudite, où il est en déplacement, François Hollande y est allé de son commentaire : « Le fichage d’élèves est contraire à toutes les valeurs de la République. »
Bref, c’est la curée.
Que dit la loi ?
L’article 8-I de la loi du 6 janvier 1978 stipule : « Il est interdit de collecter ou de traiter des données à caractère personnel qui font apparaître, directement ou indirectement, les origines raciales ou ethniques, […] des personnes […] »
L’article 226-1 du Code Pénal dispose que « le fait, y compris par négligence, de procéder ou de faire procéder à des traitements de données à caractère personnel sans qu’aient été respectées les formalités préalables à leur mise en œuvre prévues par la loi est puni de cinq ans d’emprisonnement et de 300.000 euros d’amende ».
Avec une stupéfiante réactivité, la justice s’est saisie de la question, et une perquisition a été effectuée dans les locaux de la ville.
Pourtant, Robert Ménard peut-il être poursuivi pour des faits de cette nature ?
La question essentielle est simple : au-delà de toute considération politique, le premier magistrat de la ville a-t-il mis en place, sous son autorité, un fichier destiné à recenser les élèves de confession musulmane ?
L’intéressé affirme que non, en rappelant simplement qu’il est en possession des listes d’élèves diffusées par l’Éducation nationale, ce qui, en soi, n’est pas un délit.
C’est à partir de ces listes qu’il déduit, au simple examen des prénoms, la proportion d’enfants d’origine immigrée dans les classes de la ville.
La même opération se fait aisément dans les tribunaux, où les avocats peuvent consulter le rôle des audiences correctionnelles affichées à la porte des salles d’audience, et en déduire ce qu’ils veulent quant à l’origine ethnique des prévenus !
Il n’y a là ni discrimination, ni traitement informatisé d’informations à caractère racial ; simplement mise à disposition, pour des raisons pratiques évidentes, d’informations brutes que chacun interprète comme il l’entend.
De là à y voir un délit pénal…
Par ailleurs, la seule constatation de ces faits ne constitue pas une discrimination interdite par la loi ! Ces données, accessibles aux personnes concernées, ne servent pas à mettre en place des politiques d’exclusion.
Il apparaît donc délirant que des poursuites soient engagées sur la foi de simples déclarations qui, pour choquer les médias et la classe politique, ne sont que la constatation d’un état de fait.
Mais, sur le plan politique, c’est la foire aux hypocrites.
Car nos dirigeants ne sont pas en reste.
En juin 2009, Manuel Valls, maire d’Évry, avait demandé qu’on rajoute « quelques blancs, quelques whites, quelques blancos » dans une brocante d’Évry.
Interrogé sur cette phrase, il affirmait : « Je l’assume totalement. »
En décembre 2009, il ajoutait : « Il faut relancer le débat sur les statistiques ethniques et je présenterai un projet de loi en ce sens à l’Assemblée nationale en début d’année prochaine. Pour certains, les statistiques ethniques mettraient en cause les valeurs de la République, alors qu’au contraire, c’est l’absence de mesures concrètes qui est à craindre. »
Le 30 mai 2012, Libération publiait un article relatif à la diversité ethnique dans les cabinets ministériels.
Avec cette phrase essentielle : « La diversité est, elle, par définition plus difficile à mesurer. Nous avons opté pour la méthode utilisée par l’Observatoire des discriminations, consistant à répertorier les prénoms non francophones. Parmi les 140 prénoms dans les nominations publiées au JO, pour l’instant seuls cinq ont une consonance non francophone. »
Qu’est-ce que cela, sinon l’utilisation de données publiques à partir desquelles les journalistes ont extrapolé une conclusion selon laquelle les Noirs et les Arabes n’étaient pas assez représentés au sein du gouvernement ?
Qui a poursuivi Libération en justice ?
Et comment apprécie-t-on le nombre de repas sans porc à distribuer dans les cantines, sinon en comptabilisant les élèves sur des bases ethno-religieuses ?
Qui poursuit les maires qui se prêtent à cet exercice ?
Ça suffit !
Une telle hypocrisie est insupportable !
Robert Ménard a jeté un gros pavé dans la mare, et il risque d’en subir les conséquences longtemps.
Au moins a-t-il eu le courage de dire la vérité sur des faits que chacun connaît, comptabilise, analyse et déplore in petto.
Mais rien ne sera pardonné à un maire élu triomphalement « avec le soutien du Front national ».
Tenez bon, Robert ! Le pays réel est derrière vous !
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