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lundi 25 mai 2015

L’ami américain ! Tribune libre de François Revel

Publié le 24 mai 2015 - Modifié le 24 mai 2015

L’ami américain ! Tribune libre de François Revel

En cette période de tensions, où le choc des civilisations nous ramène à la dure réalité des relations internationales, l’Union européenne a fait le choix de l’exception, de la différence en abdiquant toute volonté de puissance.

Niant les rivalités et les conflits ancestraux, soumises à l’utopie du bien vivre ensemble et à la nouvelle religion des droits de l’hommisme, obéissant en bons petits soldats aux injonctions de leur maître américain, les têtes pensantes de Bruxelles vivent dans un monde où seule la pensée néo-libérale est perçue comme idée de progrès.
Sur ce principe, toutes les compromissions sont justifiées, aussi bien celles qui mènent aux pires atrocités comme celles qui compromettent sérieusement les intérêts de notre continent.
Depuis les bombardements sur Belgrade en 1999, le Kosovo en est l’exemple le plus flagrant.
Dans le seul but de servir la géostratégie américaine, la France ainsi que l’Italie, l’Allemagne et le Royaume-Uni n’ont pas hésité un seul instant à s’associer à la plus grande épuration ethnique effectuée sur le continent européen depuis la Seconde Guerre mondiale.
 En mettant la nation serbe à genoux, Washington, Paris et Bruxelles ont sciemment participé au déplacement de plus de 200.000 Serbes, Tziganes et Goranis au Kosovo.

En créant volontairement une zone de conflit dans les Balkans avec la question albanaise, les Etats-Unis ont endossé le rôle du partenaire inévitable.
Comme le dit Aymeric Chauprade, le but de l’opération fut soigneusement planifié pour atteindre des objectifs multiples.

 Entre l’éviction de la Russie d’une de ses anciennes zones d’influence, l’installation sur le long terme du complexe militaire Camp Bondsteel, le contrôle de l’énergie entre la mer Caspienne et l’Adriatique, la mainmise sur l’exploitation des ressources minérales du Kosovo, le soutien indirect aux minorités susceptibles d’affaiblir les adversaires de l’oncle Sam et la « déstabilisation des Européens », le Kosovo « moderne », régie d’une façon mafieuse, avec une forte identité islamique, est devenu le symbole premier de l’échec politique de l’Union européenne.

 En abandonnant les Serbes à leur triste sort, en fermant les yeux sur les exactions de l’UCK albanaise et en laissant les Etats-Unis prendre en main les opérations dans le sud-est de l’Europe, Bruxelles a donné un signal fort d’impuissance et de renoncement.

De ce fait, ne soyons pas étonnés, comme fait mine de le faire le secrétaire général de l’OTAN, Jens Stoltenberg, de voir aujourd’hui la Macédoine confrontée au risque de connaître à son tour une terrible guerre ethnique.

Début mai, au nom d’une grande Albanie à majorité musulmane, rêve soigneusement entretenu depuis plus de quinze ans par Washington et ses alliés pakistanais et saoudiens, Kumanovo, ville située au nord de la Macédoine, fut le lieu d’une violente attaque terroriste faisant 22 morts et 40 blessés.

Réclamant « davantage de droits au sein de la société » macédonienne, les Albanais de Macédoine se placent doucement, comme l’ont fait avant eux leurs frères du Kosovo, en situation de minorité discriminée pour mieux aboutir à une situation de crise et fragiliser ainsi la Macédoine multiethnique.
Représentant 25% de la population macédonienne, bénéficiant déjà « d’une extension majeure » de leurs droits, les Albanais macédoniens testent le niveau de résistance des autorités de Skopje.
Zone de tensions, depuis l’occupation ottomane, les Balkans le demeure toujours par le simple fait de l’incapacité européenne à déterminer d’une façon constructive une politique continentale enracinée.
En s’effaçant devant « l’allié » américain, l’Europe se place dans une dangereuse situation de dépendance et perd, par la même occasion, la possibilité d’écrire seule son avenir.
Le dangereux traité de libre-échange transatlantique américano-européen, soutenu par la Commission européenne, ne va donc pas dans le bon sens et relèguera un peu plus l’Union européenne comme une simple zone d’influence américaine !


Vincent Revel


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