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samedi 4 avril 2015

Mitterrand : des Pensées aux Mazarinades


 
 
Le 04/04/2015
 
Que Socrate est loin de nos philosophes contemporains…
 
Mazarine Pingeot serait une illustre inconnue sans son ascendance adultérine révélée en 1994.
La fille cachée de François Mitterrand, au visage marqué par l’empreinte paternelle, est, paraît-il, romancière.
Journaliste à l’occasion, mademoiselle Pingeot est une femme de gauche, libérée, totalement dans l’air du temps et, bien sûr, fervente admiratrice de son père dont elle dirige la fondation.
François Mitterrand fut le dernier chef d’État au sens monarchique du terme, pétri de culture classique, fin lettré, lecteur assidu et remarquable observateur de son époque.
 Qu’il eût été un modèle de cynisme et qu’il eût ruiné la France pour assouvir sa soif de pouvoir ne retire rien aux qualités intellectuelles d’un homme dont la succession a montré, en creux, la stature.
 Etre « la fille de » ne garantit rien, hélas !
 Certes, Mazarine est agrégée de philosophie, ce qui n’est pas peu ; certes, elle fait partie de la toute petite frange intellectuelle française.
Cela ne lui donne pas pour autant les capacités d’analyse de son père.
Comme tout membre de la caste qui nous gouverne, elle se croit autorisée à donner un avis péremptoire sur tous les sujets, et sur tous les plateaux !
 On attend d’une agrégée de philosophie de gauche un travail à la Sylviane Agacinski ou à la Élisabeth Badinter, une réflexion de fond, qui dérange peut-être, qui interpelle ; un travail ardu, difficile, mais un vrai sujet d’étude et de débat. Pas d’être une animatrice de télévision débitant des lieux communs à propos des propos « nauséabonds » d’Éric Zemmour ou de Robert Ménard.
Parce que la philosophie semble mener à cela : à une psychologie de bazar pour écran plat.
Invitée de « C à vous » du 1er avril, mademoiselle Pingeot a regardé, hilare, la vidéo de son accrochage avec Zemmour dans cette même émission du 6 novembre 2014, au cours de laquelle elle l’a attaqué bille en tête : « Une femme ne doit pas travailler, ne doit pas penser, ne doit pas avorter non plus […] mais excusez-moi, c’est exactement ce que vous écrivez dans votre livre », sans lui laisser, bien entendu, la moindre demi-seconde pour lui permettre de répondre.
Et notre agrégée de philo s’est gargarisée de cette attitude qui ne fait guère honneur à son sens de la disputatio.
 Que Socrate est loin de nos philosophes contemporains…

Pour s’en justifier, ou enfoncer le clou, elle a évoqué cette radicalisation de Zemmour, Ménard ou …Dieudonné (#padmalgam, surtout #padamalgam !), ces « mecs qui vrillent, qui n’étaient pas aussi radicaux ».

 Et d’évoquer un moment où s’est produite une fracture en eux, mais « je ne sais pas à quoi elle est liée ».
 Les mots « Front national » ont, bien entendu, été prononcés.
Le propre d’un philosophe est d’être capable de réfléchir sur le monde qui nous entoure, avec le recul nécessaire pour conceptualiser certaines idées.
Rappeler cela à Mazarine ne nuirait sans doute pas à sa carrière.
Des gens comme Henri Hude font ce travail, sans bruit et avec brio, loin des plateaux de télévision.

 Mais s’interroger sur les raisons pour lesquelles certains se sont radicalisés – aussi contestable que soit cette affirmation –, c’est faire preuve d’un singulier aveuglement.

Car il suffit d’observer.

 D’analyser aussi, avec les outils que la philosophie politique met à disposition des penseurs.

De réfléchir, sans a priori et avec honnêteté intellectuelle, sur les maux de notre époque et les causes de l’exclusion du champ public d’un certain nombre de gens.

Peut-on demander cela à mademoiselle Pingeot ?

Dans la famille Mitterrand, on passe vite des Pensées de Pascal aux Mazarinades

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