7 mars 2015
Une semaine demain après sa mort, on ne sait toujours pas et…on ne saura sans doute jamais qui a fait tuer Boris Nemstov.
Xénophobie ordinaire anti-russe…On sait en revanche qu’il fallait que ses assassins se sentent bien sûr d’eux pour aller le tuer à deux pas du Kremlin, dans le quartier le plus surveillé de Moscou, et que ce n’est pas de n’importe quel opposant que le Kremlin est maintenant débarrassé.
Mais il abusent aussi, on n’a pas les assassins en 5 jours…
Bon, il nous a juste fallu 33 ans (peut-être) pour l’attentat de la rue des Rosiers, mais bon…
Il fallait que les assassins de Cabu se sentent bien sûr d’eux pour aller le tuer à deux pas de l’Elysée, au coeur de notre capitale…Boris Nemstov avait été vice premier ministre de Boris Eltsine dont il fut l’un des dauphins possibles, avant que Vladimir Poutine n’emporte la mise.
Il avait autrement dit été au cœur du processus de privatisation de l’économie russe, de ce partage des richesses nationales entre hommes de l’ancien appareil communiste et nouveaux chevaliers d’industrie qui fut le plus grand hold-up de l’Histoire.
Bel éclair de lucidité.Non seulement il savait tout des secrets de famille de la nouvelle Russie, mais il avait été très proche de par ses fonctions de beaucoup des gens qui sont aujourd’hui à la tête des plus grandes fortunes du pays.
C’est moi ou ça fait un sacré mobile pour un assassinat ?C’était en un mot un homme du nouveau sérail russe, mais un homme en rupture avec ce milieu qu’il avait tant contribué à créer, car tout comme il y avait eu de rares communistes soviétiques qui croyaient au communiste, il y avait également eu d’authentiques libéraux dans l’entourage de Boris Eltsine.
Juste par curiosité, qu’est-ce qu’il en sait s’il était “en rupture” et si c’était une “authentique libéral” ?Sincèrement convaincus que la liberté du marché et la liberté tout court n’allaient pas l’une sans l’autre, Boris Nemstov était l’un d’entre eux, mais lorsque l’ère Poutine est venue démentir ses certitudes, il était passé à l’opposition avec tout autant de volontarisme.
C’est clair que les années Eltsine, c’était le paradis démocratique… Comme quand Eltsine a fait tirer sur le Parlement….
Il pourfendait la corruption, il dénonçait l’annexion de la Crimée et l’ingérence des troupes russes en Ukraine orientale, il était tout entier opposant à Vladimir Poutine et avec lui, l’opposition disposait de sa seule figure d’envergure nationale.
Son parti de coalition a en effet obtenu 0,97 % des vois aux législatives de 2007… (les lecteurs russes peuvent-ils d’ailleurs nous parler de son image en Russie en 2015 en commentaire svp ?)
Et le parti communiste 11,7 %. C’est donc son leader “la seule figure d’envergure nationale”…Mais si on explique que Poutine est opposé aux communistes, euh, ils vont plus rien comprendre à la narrative les auditeurs…
Cependant Guetta oublie peut-être simplement de préciser “figure… vendue à l’occident comme son mentor” pour être juste.
Cela aurait suffi à en faire un homme dangereux, mais Boris Nemstov était surtout le seul opposant à pouvoir être pris au sérieux par les grandes fortunes russes, par cet argent qui désormais s’inquiète toujours plus de l’aventure ukrainienne.
Hein ? Il bossait donc pour ceux qui ont fait “le plus grand hold-up de l’histoire” ?Les pirates des années 90 sont devenus des grands noms de la banque et de l’industrie, ils n’aspiraient plus maintenant qu’à être reconnus et intégrés par leurs pairs occidentaux, et certainement pas à voir la Russie se refermer sur elle-même, ou pire encore, voguer vers la chine.
Heu, les pirates russes veulent donc être reconnus par les pirates de nos pays donc ?Il y a aujourd’hui une rupture entre Vladimir Poutine et l’argent russe, qui se sent trahi par ce président dont il avait pourtant été l’un des deux parrains
Ah flute, ce n’est donc pas l’argent des pirates qui gouverne en Russie ? Ce n’est donc pas “une démocratie” comme chez nous, CQFD !avec les “Siloviki”, les hommes des forces de sécurité qui ont désormais pris le pas sur ces grandes fortunes dont Boris Nemstov, libéral grand teint et héros des nouvelles classes moyennes, aurait un jour pu devenir la carte politique.
Son assassinat scelle un retournement d’alliances au sommet du pouvoir russe, ce n’est plus les services de sécurité et l’argent mais les services de sécurité et l’église qui œuvrent ensembles à restaurer la grande Russie, en la refondant sur l’absolutisme et le traditionalisme.la carte politique des pirates, on est d’accord ?Et héros des classes moyennes, il le sort d’où ?
Ah, il a du aller à une soirée chez BHL récemment je pense…S’il prenait vraiment l‘envie aux grandes fortunes de s’allier aux classes moyennes pour contrer Vladimir Poutine,
Alors Poutine est soutenu par 80 % de la population, donc par les classes moyennes, mais en fait il faudrait qu’elles s’en détournent, et s’allient avec les pirates pour contrer Poutine qui ne veut pas s’allier avec les pirates, mais plutôt restaurer la grandeur russe – j’ai bien compris ?le sort de Boris Nemstov est venu leur dire ce qui les attendraient alors…
“Mais attention, on ne sait toujours pas qui a fait tuer Boris Nemstov.”Bernard Guetta, Chronique géopolitique sur France Inter, 5 mars 2015
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