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mardi 17 septembre 2024

Von der Leyen obtient la peau de Breton : les Européistes s’entre-dévorent


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©Shutterstock. Tête à claques

 

Que se passe-t-il à Bruxelles ? La démission de Thierry Breton de ses fonctions de commissaire européen chargé « du Marché intérieur, de la Politique industrielle, du Tourisme, du Numérique, de l’Audiovisuel, de la Défense et de l’Espace » et son remplacement par le très serviable macroniste Stéphane Séjourné pose quelques questions.

 

D’abord, celle de la position de Thierry Breton. Le Pdg romancier, devenu le symbole de la chape de plomb posée sur la liberté d’expression par l’Europe, était donc moins solide qu’elle en avait l’air. Le menaçant subissait lui-même des menaces. Un mot de sa lettre de démission laisse perplexe : il évoque la gouvernance « douteuse » d’Ursula von der Leyen. On comprend que, « le 24 juillet, Macron l’a désigné comme le candidat officiel de la France pour un second mandat au collège des commissaires ». Comme il prolongeait son mandat, la France pouvait se contenter de proposer un seul candidat, lui-même donc. L’assurance d’une reconduite paisible dans ce poste très influent.

La voix de Macron ne compte plus

Le 25 juillet, Macron confirme et propose comme convenu son ami Breton comme candidat pour un second mandat, publiquement. Mais voilà, quelques jours plus tard, dans la dernière période des négociations, explique Breton dans sa lettre, Von der Leyen demande à la France de retirer le nom du Français, « pour des raisons personnelles dont ils n’ont pas parlé directement », écrit toujours Breton. Diable ! Lesquelles ? Résultat, Breton fait sa valise : son ennemi juré Elon Musk, le propriétaire de X, peut sabler le champagne. Premier constat : « la voix du président de la République ne compte pas beaucoup », constate le député européen RN Jean-Paul Garraud joint par BV. Macron aura donc immédiatement ravalé sa superbe, repris sa décision et couché les pouces devant Von der Leyen. Grandeur de la France, qu’es-tu donc devenue ?

Il faut dire que, jusqu’au bout, avec une admirable application, Thierry Breton aura réussi à incarner le pire de l’Europe déconnectée, autoritaire et liberticide, menaçant les réseaux sociaux de sanctions financières prohibitives au cas où certains twittos sortiraient des clous imposés. Confiant à Facebook, X et consorts le soin de faire la police, et avec zèle. Séjourné enterrera-t-il cette machine à écraser les mots et les idées ? Rien n’est moins sûr…

L'Elysée Fort Chabrol

D'autres questions qui en disent long sur le fonctionnement de l’Europe et sur la pauvre peau de chagrin qu’est devenue la souveraineté française, par la volonté des élus représentants du peuple français. Un comble ! On s’étonne ainsi de voir nommé à ce poste majeur en Europe et particulièrement dangereux le très falot Stéphane Séjourné, éphémère ministre des Affaires étrangères marqué par l’aveu de ses difficultés de lecture. Séjourné n’a pas été porté à la Commission par le talent. Alors, à quoi ou à qui doit-il ce poste ?

Par ailleurs, « il semblerait que la nomination de Séjourné ait eu l’accord du Premier ministre Michel Barnier, avance Jean-Paul Garraud. Au delà de la personne de Séjourné, nommer un macroniste pur sucre pour représenter la France signifie que la politique du pays sera la même ». Comment la stratégie d'indépendance prônée par Barnier lors des débats pour la présidence LR en 2021 s'accommodera-t-elle d'un Séjourné au poster de Breton ?

Caparaçonné dans un Elysée qui prend peu à peu des allures de Fort Chabrol, le très européiste président français verrouille sans doute le dernier carré de son champ d’intervention, son domaine réservé et la passion d’une vie : l’Europe supranationale qu’il sert fidèlement depuis ses débuts en politique. Le voici sous haute surveillance de celle qu’il rêva de remplacer un jour : Von der Leyen est désormais embarquée dans les flots tumultueux qui agitent la barque du mondialisme et sa version régionale, l’Europe. Jean-Paul Garraud voit dans le départ soudain et emblématique de Thierry Breton « la fin du cycle maastrichtien », résultat de la poussée des droites patriotes dans tout l’Occident.

Quand Breton attaquait Ursula

C'est surtout l'histoire d'une basse vengeance. Déstabilisée par des frondes au sein même de son propre parti le PPE, Von der Leyen a bien subi les attaques de la droite patriote. Mais elle a aussi subi celles d’un certain… Thierry Breton. Le commissaire français au Marché intérieur s’était moqué des résultats électoraux de la présidente de la Commission au sein de son propre parti le PPE, en mars dernier, lors de sa désignation comme candidate. Il doutait ouvertement de sa légitimité pour un second mandat, comme le racontait notre ami Sirgant.

Car l’ambitieux Breton rêvait grand - pourquoi pas le fauteuil de Von der Leyen ? - et misait sur les succès de électoraux de Macron. Raté ! Il a du coup vendu un peu trop tôt la peau de l’Ursula : « Malgré ses qualités, Ursula von der Leyen est mise en minorité par son propre parti, écrivait-il le 7 mars dernier dans un tweet qu'il aura le temps de regretter. La vraie question, désormais : est-il possible de (re)confier la gestion de l’Europe au PPE pour cinq ans de plus, soit vingt-cinq ans d’affilée ? Le PPE lui-même ne semble pas croire en sa candidate », exécutait l’insolent commissaire. Il avait été rapidement recadré. « Von der Leyen n'a pas pardonné, explique Fabrice Leggeri, ancien patron de Frontex devenu député européen RN, fin connaisseur des arcanes de l'UE. Affaibli en France après ses revers électoraux, Macron est du coup faible en Europe » Il n'aura pu soutenir Breton. Dans le clair-obscur du Babel européiste, les fauves supranationaux s’entre-dévorent. On attend maintenant la suite du spectacle.


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