Il y a six mois, dans les flonflons et la chaleur communicative des pince-fesses eurocratiques, les États membres et le Parlement européen avaient trouvé un beau sujet d’accord : l'interdiction des ventes de voitures à moteur thermique en 2035.
Et, donc, à partir de cette date, les industriels étaient sommés de ne plus fabriquer que des véhicules électriques.
C’était de la même inspiration que la loi Climat et Résilience de 2021 - française mais déclinée partout - qui imposait à toutes les agglomérations de plus de 150.000 habitants la mise en place, au 31 décembre 2024, de ZFE (zones à faibles émissions).
Sonnez hautbois, résonnez musettes, tout irait donc pour le mieux dans le meilleur des monde écologique !
Mais, après l’ivresse, c’est le retour aux dures réalités et, déjà, plusieurs municipalités perçoivent le tic-tac de la bombe sociale qui se profile : l’interdiction, pour les pauvres des périphéries - un tiers du parc automobile et trois sur quatre en Seine-Saint-Denis -, d’imposer la vue de leurs haillons aux habitants des grandes villes. Alors la loi, d’accord, mais hâtons-nous lentement...
Mieux encore, voici qu’au moment de traduire dans les textes bruxellois le mirifique accord d’octobre, l’Allemagne renâcle. Elle n’est pas la seule, mais sans le poids de ses 83 millions d’habitants, impossible d’atteindre les 65 % de la population de l’Union européenne nécessaires à l’adoption !
Officiellement, elle voudrait qu’on étudie plus à fond comment les carburants synthétiques pourraient être utilisés dans les moteurs à combustion après 2035. Cette sorte de fioul de synthèse serait produit à partir de CO2, en provenance des activités industrielles et grâce à de l'électricité bas carbone. Un peu comme si on fabriquait du caramel pour en extraire le sucre, mais... grâce à une énergie propre. C’est génial, le progrès !
Mieux même : Berlin voudrait au préalable qu’on avance sur une législation sur les « infrastructures pour carburants alternatifs ». On n’a déjà pas assez de bornes de recharge électrique... Il faudrait, en plus, installer partout des pompes pour son ersatz de pétrole.
En réalité, l’Allemagne, soumise depuis des décennies à ses écolos qui lui ont fait faire à peu près toutes les bêtises imaginables en matière d’énergie (la liste serait trop longue), a quand même réalisé un miracle : faire diminuer par la France l’avantage comparatif que lui donnait son énergie électrique nucléaire propre et peu chère en la forçant à la rationner et à la vendre aux autres à vil prix, et même à racheter leurs surplus au prix fort. Une performance que Paris a docilement accomplie, tandis que l’Allemagne devenait un des pays les plus polluants d’Europe.
Mais les Teutons semblent s’être soudain souvenus que leur industrie automobile nationale, basée sur le moteur thermique, faisait vivre plus ou moins directement environ 14 % de la population. Que l’électrification rapide du parc automobile européen ouvrait un boulevard à une Chine qui a au moins une décennie d’avance sur le sujet. Et que jamais un kilo de batterie ne contiendra autant d’énergie stockable qu’un litre de pétrole (10 kWh, soit 100 jours de travail de force d’un humain.) Raison pour laquelle, malgré un Green New Deal qui subventionne beaucoup de petits et de gros malins, on se servira du pistolet à essence probablement jusqu’à la dernière goutte.
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