Monsieur le Président,
« Il faut savoir quitter la table lorsque l’amour est desservi » fredonnait Charles Aznavour pour évoquer le déclin d’un couple à la dérive.
Si tant est qu’il y ait eu un jour une part d’estime, une once de sympathie, un brin de gratitude, un grignon d’empathie entre la France et vous Monsieur le Président, voilà qu’il ne subsiste plus rien de cette pseudo-romance opportunément bâtie sur les arpents de quelques stratèges politiciens.
Si la crise que traverse notre pays est bien évidemment imputable à la réforme des retraites, elle l’est aussi et peut être surtout à ce que vous représentez. Autrement dit, une forme de suffisance et d’irrespect échafaudée et entretenue depuis votre arrivée à l’Elysée.
Les Français ne vous aiment pas Monsieur le Président. Souvenez-vous, en mai dernier le pays qui vous a reconduit pour 5 ans au sommet de l’Etat comptait 48.7 millions d’électeurs, parmi lesquels 18,7 millions vous ont accordé leurs suffrages. Soit 38,5 % des Français appelés aux urnes dont certains, et vous le savez bien, s’y sont transportés à leur cœur défendant. 61,5 % ont voté pour votre adversaire, ont voté blanc, se sont abstenu ou n’ont pas fait le déplacement. Les deux tiers de vos concitoyens n’ont donc pas souhaité vous accorder leur confiance, sachant que, dans le tiers restant, certains l’ont fait par dépit. Et le dépit, Monsieur le Président, n’est pas un bon sentiment.
Vous avez donc été réélu pour ainsi dire à la surface des urnes, vous qui marchiez sur l’eau durant cette campagne où vous vous êtes payé le luxe d’être absent des débats laissant à vos adversaires, non sans une certaine condescendance, le soin de s’étriper entre eux tout en vous désignant comme étant le premier responsable d’une irréversible Bérézina.
Aujourd’hui, c’est à dire au lendemain du 49-3, 82 % de la population estime que vous n’auriez jamais dû passer à la hussarde en utilisant cet article tout autant anti démocratique que dévastateur. Et vous faites, avec les membres de votre gouvernement, avec ceux de votre très incertaine majorité, preuve d’un déni qui tient de l’arrogance et du mépris, là où les valeurs de la République s’inclinent devant des méthodes comparables à celle d’une monarchie. Tout simplement car c’est sur l’ego d’un seul homme que repose depuis bientôt 6 ans les destinées de notre pays.
Alors, bien sûr, il y a les bons petits soldats, les exécutants, les exécutés, les préposés à la mauvaise foi, ceux qui passent devant, ceux qui passent leurs temps à négocier, les traîtres et les sacrifiés. Ce contingent d’opérette qui, à bout de souffle et d’arguments, vous est dévolu, comme l’étaient les ministres dans le conte d’Andersen. Ceux qui, davantage intéressés par le pouvoir que par le devoir, n’osaient pas avouer que les habits de l’empereur étaient imaginés, que le roi était nu. Alors de grâce, Monsieur, pour cette France que vous présidez, ayez le courage de mesurer la portée du naufrage à présent que la partie est perdue, que le sortilège est définitivement éventé.
Jean-Paul Pelras
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Ici, les commentaires sont libres.
Libres ne veut pas dire insultants, injurieux, diffamatoires.
À chacun de s’appliquer cette règle qui fera la richesse et l’intérêt de nos débats.
Les commentaires injurieux seront supprimés par le modérateur.
Merci d’avance.