Au lendemain de l'intervention télévisée du Président Macron, les manifestations à Paris et en province contre la réforme des retraites adoptée par le passage en force du 49.3 se multiplient.
Avec leur cortège désormais quotidien de débordements, dégradations et violences. À Bordeaux, dans la soirée du jeudi 23 mars, des émeutiers ont allumé un incendie qui a dévoré la porte du XVIIIe siècle, un chef-d'œuvre du patrimoine français.
Quatorze personnes ont été interpellées dans les heures qui ont suivi. Un individu a été mis en examen et placé en détention provisoire, trois autres personnes suspectées d'avoir participé à l'incendie comparaissent, ce lundi, devant le tribunal correctionnel de Bordeaux et un mineur a été déféré au tribunal pour enfants.
Mais le site d'information Rue89 et le député LFI se sont empressés de dénoncer le coupable : l'extrême droite.
Dès 22 heures, ce jeudi 23 mars, Rue89 interrogeait : « Des casseurs d'extrême droite derrière la tentative d'incendie de la mairie de Bordeaux ? » À l'appui, plusieurs vidéos et quelques arguments. Dans l'une de ces vidéos, « tournée par Rue89 Bordeaux », selon les auteurs de l'article, « on peut entendre en effet distinctement quelqu’un crier "elle est à qui, la France ?" et plusieurs personnes répondre : "Elle est à nous" ».
Depuis plusieurs jours, #Bordeaux connaît la violence sans que Pierre #Hurmic ne réagisse.
— Nicolas Florian (@NicolasFlorian_) March 23, 2023
Ce soir, un cap a été franchi et c’est l’hôtel de ville, notre maison commune qui a été incendié.
Les auteurs doivent être punis sévèrement. pic.twitter.com/VTX6cEEq0i
Sur d’autres vidéos de la même scène, toujours selon Rue89, « "Front national remplace Macron !" est clairement audible ».
« Une signature des identitaires », conclut imprudemment Rue89, pour qui la tenue d'un procès « de huit militants d'extrême droite jugés pour violences racistes » le même jour à Bordeaux vient renforcer la preuve.
D'autant que, ajoute le média de gauche, « selon nos informations, les associations antiracistes qui ont manifesté ce jeudi matin à Bordeaux, en ouverture du procès, redoutaient une intervention des soutiens de Bordeaux nationaliste, le groupuscule dissout par le ministère de l’Intérieur »
Enfin, affirment encore les auteurs de l'article, « le maire de Bordeaux est depuis l’affaire du sapin dans le collimateur de la droite extrême traditionaliste – il avait reçu des menaces de mort à cette époque. Il a récemment participé à plusieurs manifestations de soutien au Planning familial et aux associations de soutien aux étrangers, visés par des tags racistes ces dernières semaines. »
Des allégations très vite exploitées par le député NUPES Benjamin Lucas, qui s'empresse de tweeter, dès le 24 mars, « que tous ceux qui ont accusé les manifestants s'excusent »...
Que tous ceux qui ont accusé les manifestants s’excusent. https://t.co/4fR81MKutN
— Benjamin LUCAS (@Benjam1Lucas) March 24, 2023
L'enquête progresse : des profils « proches de l'ultra-gauche », selon le parquet ?
Mais dès le 24 mars à 18 h, on apprenait que « l'enquête progresse » avec, selon RTL, la découverte « d'un scénario très élaboré » puisqu'il semble que « quelques heures avant l'incendie, les caméras de sécurité et les bornes escamotables de la rue ont été sabotées ». Enquête qui, justement, permet d'en savoir « un peu plus sur le profil des cinq personnes interpellées, parmi lesquelles un mineur ». De quoi intéresser Rue89 et Benjamin Lucas...
Selon RTL, « tous portaient l'équipement caractéristique des émeutiers : chaîne de vélo, barre de fer, matraque télescopique. Le parquet de Bordeaux précise que deux des individus mis en cause sont déjà bien connus de la police pour outrages, port d'arme, usage de stupéfiants. Ils seraient proches de l'ultra-gauche. »
CNews, de son côté, détaille : « Il s'agit de trois personnes majeures et d'un mineur, arrêtés en possession de "multiples armes" telles une matraque télescopique, une barre en PVC et une chaîne de vélo. Deux d'entre eux, également âgés d'une vingtaine d'années, avaient fait l'objet par le passé de condamnations judiciaires pour outrage ou encore usage de stupéfiants. L'enquête a été confiée à la police judiciaire, a précisé le parquet. »
France 3 Régions, qui relaie les déclarations du procureur Olivier Étienne, va dans le même sens, non sans précautions : « Ces individus n'ont pas agi par opinion politique, mais ont vu dans les débordements en marge de la mobilisation contre la réforme des retraites un exutoire. » Mais la chaîne prend soin de préciser : « Parmi eux, des sans-abri et des jeunes marginaux, mais aussi des étudiants âgés de 18 à 20 ans, certains étant identifiés Black Blocs. »
Des éléments qui n'accréditent pas la thèse de la culpabilité de l'extrême droite diffusée par Rue89. La précipitation de Benjamin Lucas à relayer cette nouvelle « fake news » de l'extrême gauche le conduira-t-elle à faire repentance selon sa propre exhortation : que tous ceux qui ont accusé l'extrême droite s'excusent ? On peut rêver...
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