Comment fera-t-il pour tenir plus de 4 ans alors que la partition entre les Français et le pouvoir n’a jamais été aussi prégnante ?
Si ce n’est en usant de méthodes encore plus clivantes, en rendant aux Français, en quelques sortes, la monnaie de leur pièce, en continuant à les contraindre, en abusant de ce pouvoir qui exacerbe les tensions, les insurrections, la détestation ?
Un quart de la population seulement se satisfait de la politique menée par le président de la République. Et ce sont 9 petites voix d’écart qui, du moins le croit-il, légitiment sa réforme, son autorité, sa fonction.
Nul ne peut prédire ce que seront les jours à venir dans notre pays. Mais nous pouvons d’ores et déjà en déduire que ce n’est pas en misant sur le pourrissement de la situation que l’exécutif va, cette fois ci, l’emporter. Le scénario millésimé 2023 n’a rien à voir avec celui des Gilets jaunes. Tout d’abord car il s’exprime 6 ans après la première élection d’Emmanuel Macron et son accession au pouvoir. Ce qui pouvait encore être pardonné, absous ou accepté en 2018 ne l’est plus aujourd’hui, car sont passés par là les atermoiements de la crise covid et une interminable période de confinements pendant laquelle si rien ne fut véritablement obligé, tant de choses furent abusivement interdites.
La liste est longue de ce qui ne tourne plus rond en FranceRajoutons à cela les petites phrases présidentielles, les mises en examen ministérielles, les élucubrations élyséennes avec des rappeurs en bas résille et autres gages distribués par Mac Fly ou Carlito, les débats citoyens placebos, l’inflation, la chute du pouvoir d’achat, la hausse du coût des matières premières, celle de l’énergie qu’elle soit ou non corrélée au conflit ukrainien et, entre autres avanies, un système de santé, dans les territoires comme en ville, qui dérive aux frontières de l’agonie.
La liste est longue de ce qui ne tourne plus rond en France avec une balance commerciale déficitaire pour de nombreux secteurs et une dette publique qui dépasse 3000 milliards d’euros, dont 800 imputables en grande partie au « quoi qu’il en coûte ».
Abordons à présent la forme et l’économie pouvant soi-disant être réalisée grâce à la réforme des retraites. Une économie qui pourrait rapporter, selon Bruno Le Maire, 17.7 milliards à l’Etat d’ici 2030. Sachant qu’il faut défalquer de cette somme le montant des surcoûts engendrés par le décalage de l’âge de départ, autrement dit l’assurance chômage, les minimas sociaux, les pensions d’invalidité… Ce qui ramène le gain à 13.5 milliards, soit 0.45 % du déficit public. (Et accessoirement, mais c’est pécher que de le dire, 6.5 % de la fortune détenue par Bernard Arnault en 2022…)
Et puis, après les chiffres arrivent les mots, ceux de Charles de Courson qui, avant que la présidente de l’Assemblée ne coupe le son de son micro, énuméra de façon admirable et très respectable, dans une intervention tirée au cordeau, ce que les Français subissent au quotidien depuis des années. Le Républicain Olivier Marleix n’a pas forcement dit le contraire en prononçant, à bien y regarder, un discours à charge contre le gouvernement. Seulement voilà il ne vota pas la motion de censure prêtant allégeance, comme le fit Ciotti à celui qui a peut-être promis de ne pas dissoudre l’Assemblée pour que tout ce beau monde reste encore bien au chaud, et plus si affinités, pendant quelques années.
Car, à moins d’un éclair de lucidité, il nous reste encore 4 printemps et autant d’hivers à tirer, à subir la mauvaise foi d’une équipe présidentielle qui agite en permanence le culte de la persécution, comme le firent encore une fois, devant l’Assemblée, Elisabeth Borne et Aurore Bergé. Quatre ans de suffisance et de mépris avec, pour continuer sur le chemin du déni, la réception dimanche prochain de Charles III à Versailles alors que, compte tenu des circonstances, Varennes eut été plus approprié.
Politiciens à bout de souffleQuatre ans à tenir avec une étrange redistribution des cartes où il n’existe plus ni gauche, ni droite, où les obédiences ont volé en éclat à l’image d’une partie (presque majoritaire) de la classe politique désunie sur le front des idées et unie pour en finir avec ce qu’elle considère comme étant une succession d’atteintes à la démocratie. Cette démocratie dont la France est garante quand elle joue sa partition dans le concert des Nations. Ces Nations, et nous le voyons avec les titres de la presse étrangère, qui considèrent que le recours au 49-3 est une défaite pour l’exécutif. Une défaite dont une large majorité des Français n’a que faire. Car ce qui compte c’est le devenir de nos familles, de notre quotidien, de notre pouvoir d’achat, de nos métiers, de notre pays, plus que celui d’une poignée de politiciens à bout de souffle prêts à tout, y compris à susciter la chienlit, pour ne pas reconnaître leur échec, leur débâcle, leur incurie.
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