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jeudi 23 mars 2023

Manifestations anti-bassines : une note des services de renseignement prévoit un week-end « à haut risque »


 Marie-Camille Le Conte 22 mars 2023

 

Le chantier de réserves d’eau enclenché dans les – les fameuses «  » - n’a pas fini de créer la polémique. 

On se souvient du 29 octobre dernier, où des manifestations menées par les opposants au projet avaient abouti à d’importantes violences, faisant notamment 61 blessés côté gendarmes et 30 chez les manifestants. Une nouvelle édition devrait avoir lieu ce week-end, les 24, 25 et 26 mars, et le rassemblement qui se profile semble présager d'une ampleur inédite.

C’est une note du service central du renseignement territorial (SCRT), à laquelle RTL a eu accès, qui lance l’alerte. « Une multitude d’actions offensives » devraient avoir lieu et, parmi les manifestants, « plus d’un millier d’éléments radicaux » suscitent l'inquiétude des renseignements. 7.000 à 10.000 personnes sont attendues, alors même que la manifestation d’octobre avait rassemblé entre 3.000 et 4.000 personnes. La note rapporte, en outre, que des « cortèges et actions périphériques se constitueront dans le plus grand secret » et que « des opérations de sabotage sont susceptibles d'être menées par des groupes d'activistes ». Autant de menaces qui ont amené les renseignements à classer le week-end « à haut risque » - et cela, malgré les trois arrêtés pris par la préfecture : un arrêté d’interdiction de manifester autour des communes concernées, un arrêté d’interdiction de transporter des armes et un autre pour interdire le transport de produits dangereux.

Si l’on en croit la communication faite autour du rassemblement, les différents collectifs qui soutiennent la mobilisation semblent en effet plus déterminés que jamais : « Il faut maintenant faire en sorte que ce refus aboutisse », scande le collectif Bassines non merci, dans un communiqué publié sur son site. L’organisation, dont le slogan est « ¡No Bassarán! », développe ensuite les enjeux de cette mobilisation, qui seront « d’impacter concrètement les projets de bassines et leur construction, à Sainte-Soline, Mauzé-sur-le-Mignon ou ailleurs… Elle pourra se déployer aussi vers les lieux de pouvoir où ces projets sont échafaudés. » Une volonté à peine voilée d’en découdre sérieusement avec les artisans du projet.

Si la rage qui anime ces écologistes occupe le débat public et concentre le sujet sur eux seuls – exactement ce qu’ils cherchent -, il est cependant intéressant de se pencher sur le pendant de cette mobilisation, à savoir les agriculteurs de la Coop de l’eau, ceux qui ont besoin de la mise en place de ces réserves d’eau, et qui prennent de plein fouet l’opposition violente de leurs détracteurs. Outre leur crainte de voir « leur outil de travail détruit » ce week-end, ces agriculteurs payent chaque jour leur désaccord avec les écologistes. L’avocat de la Coop de l’eau dénonce une « stigmatisation au quotidien » dont ses clients seraient victimes, une plainte pour harcèlement moral a d’ailleurs été déposée par plusieurs agriculteurs, la semaine dernière. « Sur les réseaux sociaux, ils ont repris des photos et certains opposants m'ont accusé d'être un "agricultueur". Après, j'ai été affiché en tant que voleur d'eau avec ma tête lorsqu'ils avaient fait un faux jugement devant le tribunal », dénonce ainsi un producteur de céréales des auprès de France Bleu. « Cette eau, on en a besoin, moi, sans cette eau, ma ferme, elle disparaîtra », déplore un autre. L’état d’esprit des membres de la Coop de l’eau est en tout cas radicalement différent de celui des manifestants : face au chaos qui devrait régner ce week-end, l’association appelle au calme. « On appelle tous les agriculteurs à rester sur leurs fermes ce week-end, penser à eux et à leurs familles et à ne pas répondre à des provocations qui risquent d'arriver », résume Thierry Boudaud, président de la Coop de l’eau.

Les jours qui viennent promettent d’être éprouvants pour les agriculteurs et les forces de l’ordre, et l’on ose espérer que Gérald Darmanin réagira avec plus de force que le 29 octobre dernier. « J’espère que toutes les forces politiques républicaines condamneront ces violences », avait-il brièvement commenté sur Twitter, à propos des forces de l'ordre blessées. Une bien faible compassion pour des gendarmes envoyés au feu par ses soins.

 


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