Marc Eynaud 29 mars 2023
Visite
mouvementée dans le département du Lot-et-Garonne pour la secrétaire
nationale d'EELV Marine Tondelier après que Serge Bousquet-Cassagne,
président de la chambre d'agriculture du Lot-et-Garonne, lui a déclaré
qu'elle n'était pas la bienvenue dans le département.
Des paroles
suivies d'effets... Explications au micro de Boulevard Voltaire.
Marc Eynaud. Pourquoi vous êtes-vous opposé à la visite de Marine Tondelier dans votre département ?
Serge Bousquet-Cassagne. Pour la simple raison que
durant la journée de dimanche, j’ai visionné des reportages sur les
chaînes d’info qui montraient l’extrême violence à Sainte-Soline. Ces
violences ont complètement été couvertes par EELV. Donc, je ne voyais
pas arriver en Lot-et-Garonne, où se trouvent des paysans respectueux,
travailleurs et performants, quelqu’un qui viendrait nous dicter ce
qu’on a à faire chez nous et, surtout, qui viendrait nous dire que
c’était les gendarmes qui avaient mis eux-mêmes le feu à leur véhicule.
Voilà pourquoi nous avons décidé que cette dame ne viendrait pas en
Lot-et-Garonne et que nous avons mené ces actions qui ont fait qu’elle a
pu seulement participer à une petite manifestation à Marmande pendant
un quart d’heure. Ensuite, elle a dû être exfiltrée de la manifestation
par les forces de l’ordre. Toutes les opérations qu’elle devait mener et
ses réunions n’ont pas eu lieu.
M. E. N’avez-vous pas l’impression qu’il s’agit d’une forme
de violence, d’interdire à un élu de circuler librement sur le
territoire national ?
S. B.-C. Pas du tout ! J’ai trente ans de
syndicalisme agricole derrière moi, j’ai souvent mis du purin sur les
voitures de gendarmerie, mais je ne les ai jamais brûlées.
Il y a une
espèce d’escalade qui fait que nous qui sommes des paysans «
républicains » et respectons l'ordre, nous ne tolérons pas que des gens
perchés viennent nous raconter leur vie, que des citadins ou des
Parisiens viennent nous inventer une nouvelle façon de faire
l’agriculture, alors que nous sommes les paysans les plus vertueux, les
plus performants du monde.
M. E. N’y a-t-il pas un certain conflit entre une écologie
déconnectée de la réalité selon les agriculteurs et une agriculture non
vertueuse selon les écologistes ?
S. B.-C. C’est le rat des champs contre le rat des
villes. On n'est pas compris, et on ne cherchera plus à expliquer, cela
ne sert à rien. Les consommateurs ou les élites politiques de tous
bords sont déconnectés du travail des paysans. Ici, en Lot-et-Garonne,
c’est un jardin, les paysages sont magnifiques ils ont été façonnés par
la main de l’homme, par les paysans depuis des siècles. On produit de
tout, excepté l’avocat et la banane ! On vient nous donner des leçons
alors que nous respectons toutes les normes à la con qu’on nous fout
dans le museau pour nous empêcher de travailler. On respecte tout, on
est bosseur, on produit. Pendant le Covid, nous étions au boulot. À un
moment donné, il faut que tout cela s’arrête. J’y associe mes amis
ruraux, mes amis chasseurs qui, eux aussi, en ont « plein le cul » (et
je pèse mes mots) qu'on vienne taper sur leurs traditions, leur façon de
vivre et de chasser. Finalement, on ne vient les chercher que pour des
battues administratives car dans ce pays, la friche a tellement gagné.
La déproduction mortifère prônée par Europe Écologie Les Verts et
d'autres fait qu’on ne produit plus rien. Tout vient de l’étranger. On
est à côté de la plaque et vous voulez qu’on l'accueille pour qu’elle
nous donne des leçons ? Elle rentre chez elle, et nous on reste chez
nous.
M. E. Vous n’attendez plus rien, de la classe politique, quelle qu'elle soit ?
S. B.-C. Non ! À mon âge, après moulte expérience,
avec beaucoup d’espoir porté dans les uns et les autres, je réalise
qu’on n'attend plus rien de Paris, ni de Bruxelles. On demande juste
qu'on nous foute la paix et qu’on nous laisse travailler.
CQFD
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