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jeudi 23 mars 2023

Loi d’accélération du nucléaire : là, d’un coup, la majorité des oppositions ne sent plus le gaz !


 

 Georges Michel 22 mars 2023

Lundi, il aura fallu beaucoup d’énergie au gouvernement pour accoucher la retraites aux forceps du 49.3. 

Une énergie renouvelable ou pas ? On le saura dans les prochains jours avec une Élisabeth Borne qui, bien que gardant la confiance d'Emmanuel Macron, semble passablement essorée. Mardi, en revanche, l’adoption de la loi sur l’accélération du nucléaire est passée comme une lettre à la poste, quand elle n’est pas en grève : 402 voix pour, 102 contre.

Les groupes de la majorité présidentielle (Renaissance, Horizons et MoDem) ont voté largement pour le projet de loi présenté par , mais aussi les oppositions et RN, pas vraiment rancunières après s’être fait pratiquement insulter par Aurore Bergé, présidente du groupe Renaissance, lors de son allocution, lundi, pour soutenir le gouvernement. Comme quoi l’intérêt général peut être plus fort que la basse politicaillerie et le sectarisme. D’ailleurs, l’argument entendu du côté de la majorité, dénonçant les attelages improbables, voire « clownesques », pour reprendre le qualificatif employé par Bruno Le Maire, lors du ralliement des voix RN et NUPES sur la motion du groupe LIOT portée par Charles de Courson, est rangé comme par miracle au rancard. Là, pas de problème : en clair, pour voter cette loi sur le nucléaire, le RN ne sent pas le gaz ! D’ailleurs, le ministre a bien été obligé de saluer les « majorités de projets » et « l’esprit de construction » en espérant qu’il pourra perdurer. Ça, c’est une autre histoire…

À gauche, du côté de la NUPES, en revanche, on n’a pas retrouvé la même unanimité et les vieux clivages sur la question du nucléaire sont apparus en pleine lumière. Les communistes sont restés majoritairement fidèles à leur tradition pro-nucléaire : 10 sur les 22 députés communistes ont voté pour, 4 ont voté contre, 4 se sont abstenus. En revanche, les 31 députés du  groupe socialiste et apparentés ont voté à l’unanimité contre le projet. Au fond, les socialistes s'en tiennent au pacte faustien passé en 2011 avec les écolos pour de basses raisons électorales. Bien évidemment, les 22 députés du groupe écolo ont voté à l’unanimité contre le projet de loi.

402 pour, 102 contre : une majorité écrasante, donc. On peut s’en réjouir. Néanmoins…

Néanmoins, cela peut-il nous faire oublier le temps perdu ? Cela peut-il dédouaner de leurs responsabilités tous ceux qui ont contribué à démanteler, ces dernières années, notre parc nucléaire construit patiemment durant des décennies ? Certains ne sont plus aux affaires. D’autres y sont encore. Il faut entendre ce qu’Hervé Machenaud, ancien directeur exécutif d’EDF, a déclaré devant la commission d’enquête parlementaire visant à « établir les raisons de la perte de souveraineté et l’indépendance énergétique de la France » : « L’influence politique de l'écologie antinucléaire a investi l’appareil d’État à tous les niveaux [...] C’est un miracle qu’on ait réussi à maintenir un parc nucléaire avec une telle efficacité dans un contexte politique qui se détériore de jour en jour depuis quarante ans. » Cela fait peur.

Et puis, comment ne pas évoquer la déclaration d’Élisabeth Borne, le 1er juillet 2020, devant les sénateurs au sujet de Fessenheim. Des propos qui méritent d’être cités in extenso : « L’arrêt de Fessenheim incarne l’écologie de responsabilité […] Avec cette décision, nous tenons nos promesses. Nous transformons en profondeur notre modèle énergétique et nous accompagnons les Français et les territoires dans cette transformation. Avec l’arrêt des deux réacteurs de Fessenheim, nous engageons à 50 % la réduction de la part du nucléaire d’ici 2035 tout en développant massivement les énergies renouvelables… » Enfin, comment ne pas citer les propos d'Emmanuel Macron en personne au sujet de la fermeture de 18 réacteurs nucléaires « d’ici 2035 ». Pour le Président, il fallait entendre « les protestations d’alarme sociale » mais « sans renoncer à nos responsabilités » car « il y a aussi une alarme environnementale ». C'était en novembre 2018. Autant dire hier. Disons que tout le monde peut faire un petit bout de chemin de Damas.

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