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samedi 18 mars 2023

Au lendemain du 49.3 : et maintenant ?


 Georges Michel 17 mars 2023

Ambiance de fin de règne, alors qu’ a encore plus de quatre ans « à tirer » à l’Élysée, pour certains, victoire à la Pyrrhus, pour ne pas dire échec du gouvernement, pour d’autres. 

Mais nom d’une pipe, pas du tout, dit Olivier Dussopt, « cela n’est pas un échec » ! 

Si on veut. « Ce n' fut pas Waterloo, mais ce n' fut pas Arcole », comme chantait Jacques Brel dans « Au suivant ». Au fait, qui sera le suivant ou la suivante ? Élisabeth Borne n’est peut-être pas toute nue dans sa serviette (précisions : toujours comme dans la chanson de Brel, pour qu’il n’y ait pas de mauvaise interprétation !), mais plus d’un commentateur n’a pas manqué de pointer du doigt que, désormais, est un roi nu et que l’image du premier de ses ministres est salement esquintée. Échec dans ses tentatives pour convaincre les syndicats, l’opinion et, finalement, une majorité de députés. Cet échec est aussi celui d’, qui est resté « tapi dans l’ombre », pour reprendre les mots mêmes d’Élisabeth Borne, jeudi après-midi, à la tribune de l’Assemblée, à l’adresse des députés RN. Et maintenant ?

Motions de censure. Notre ami Marc Eynaud a fait les comptes. Sauf coup de théâtre, il est peu probable que la déposée par le groupe Libertés, Indépendants, Outre-Mer et Territoires (LIOT), groupe dans lequel on trouve le très chevronné Charles de Courson, rassemble assez de députés LR pour faire chuter le gouvernement. Donc, le gouvernement ne devrait pas tomber. Éric Ciotti, qui ne veut « pas ajouter du chaos au chaos », ne votera aucune mention de censure.

Le chaos pour qui ? Pour les LR, peut-être en cas de dissolution. Peut-on rappeler à ce gaulliste que la seule fois où un gouvernement fut renversé à l’issue d’une , ce fut sous de Gaulle, le 5 octobre 1962. On était au sortir de la guerre d’Algérie et tout n’était pas que paix et félicité dans le pays. De Gaulle prononça la dissolution de l’Assemblée et les Français lui donnèrent raison. Il est vrai que le parti gaulliste, alors, n’était pas constitué en syndic de faillite et que, probablement, l’issue des urnes aujourd'hui ne permettrait pas de dégager une majorité claire, tant le pays est fracturé. Une fracture aggravée par bientôt six années de macronisme.

D’aucuns voient les prémices de ce chaos dans les manifestations et leur cortège de « débordements », comme on dit. Des débordements qui se sont multipliés, jeudi soir, dans plusieurs grandes villes, après l’annonce du déclenchement du . Des « incidents ont éclaté », selon la formule consacrée, un peu partout dans le pays : « Rennes, Nantes, Amiens, Lille, Grenoble ou encore Marseille », nous dit Ouest-France. À Paris, place de la Concorde, gaz lacrymogènes et canons à eau ont été utilisés. Combien étaient les manifestants ? Autour de 6.000. Ce n’était pas, non plus, le 6 février 1934, lorsque des dizaines de milliers de manifestants de droite s’étaient massés, en quelques heures à peine, pour crier leur dégoût d’une IIIe République à bout de souffle. Ce vendredi, toujours à Paris, le périphérique à hauteur de la porte de Clignancourt a été envahi par des manifestants, bloquant ainsi la circulation.

Alors, -t-on voir ces mouvements d’humeur plus ou moins spontanés se multiplier à travers le pays dans les prochains jours ? Un mouvement du genre « gilets jaunes », c’est-à-dire hors de contrôle des syndicats qui, d’une certaine façon, dans cette affaire de la , ont aussi échoué à convaincre… le gouvernement. Si la situation chaotique venait ainsi à perdurer, sauf drame (mort, par exemple), il est possible que le pouvoir finisse par en profiter en jouant, comme il a su si bien le faire lors du mouvement des gilets jaunes, la carte du parti de l’ordre. N’oublions pas qu’Emmanuel Macron, dans les sondages, conserve son noyau dur. Cette carte de l’ordre qui, finalement, depuis Thiers, a toujours payé, un personnage semble vouloir l’utiliser : , bien sûr. Un ministre de l’Intérieur qui a demandé, jeudi soir, aux préfets, des « mesures renforcées de protection » pour les élus de la majorité (on en est là, dans ce pays), sans doute à juste titre. Un Gérald Darmanin, encore, qui, ce vendredi matin, selon Mediapart, après avoir annulé un déplacement en Gironde, a convoqué tous les préfets pour une visioconférence au sujet de la situation sociale. Une petite dramaturgie, ça ne peut pas faire de mal pour l'image. 

Une façon de tenter de s’imposer comme l’homme fort d’un gouvernement sans doute un peu médusé. On ne sait jamais, au cas où…

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