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dimanche 13 novembre 2022

[Tribune] Les écolos nous méga-bassinent !



Yves d'Amécourt 12 novembre 2022

La semaine dernière, les réserves d'eau agricoles de Sainte-Soline, dans les Deux-Sèvres, ont été vandalisées par un collectif composé de l’extrême gauche et d’écologistes radicaux.

Ce combat contre les réserves de substitution ici, là contre les barrages ou les retenues collinaires, emmené par des ONG comme Greenpeace ou autres lobbies altermondialistes, s’attaque aussi à l’élevage, à la consommation de viande et à ce qu’ils nomment « l’agriculture agro-industrielle ».

Pour que le combat paraisse juste, il convient de trouver un nom qui fasse peur pour désigner l’ennemi : dans le cas des réserves d’eau de substitution de Vendée, de Charente ou des Deux-Sèvres, ce sera les « méga-bassines » !

Ensuite, il faut culpabiliser le peuple afin qu’il prenne position. Ainsi peut-on lire, sur le site de Greenpeace, que « 71 % des terres agricoles de l’Union européenne sont destinés à nourrir du bétail au lieu de nourrir les hommes »… L’existence de ces « méga-bassines » serait donc directement liée à notre consommation de viande : « Mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa ! » Une nouvelle Inquisition est à l’œuvre !

Globalement, la France ne manque pas d’eau

Greenpeace, dans ses démonstrations, omet juste d’expliquer que ces 71 % destinés « à la nourriture des animaux » ne sont pas concernés par les besoins d’irrigation. En effet, la moitié de ces surfaces sont des pâturages dont une grande partie ne serait, de toute façon, pas cultivable, notamment dans les zones arides et dans les zones de montagne. Que dans la moitié qui reste, seule une petite partie fait appel à l’irrigation. En France, par exemple, seuls 8 % des cultures sont irriguées.

Greenpeace omet aussi d’expliquer que la France ne manque pas d’eau. En effet, la France reçoit, chaque année, 200 milliards de m3 d’eau : 80 milliards ruissellent vers la mer par les rivières et les fleuves, 120 milliards s’infiltrent dans les sols pour rejoindre les nappes phréatiques ou s’évaporent grâce à la végétalisation vers les nuages pour former de nouvelles pluies.

Or, l’usage de l’eau pour l’irrigation, aujourd’hui, en France, reste très marginal puisqu’elle n’utilise que 4,7 milliards de m3/an, soit 2,35 % de l’eau que l’on reçoit !

L’eau est à l’agriculture ce que la monnaie est à l’économie

Sans eau, il n’y a pas d’agriculture possible. L’irrigation fait partie de l’histoire de l’agriculture. La Mésopotamie était autrefois le grenier du monde grâce à l’irrigation et au génie des hommes. En Israël, grâce à l’irrigation, on cultive dans le désert. C’est là-bas qu’on a inventé le goutte-à-goutte.
Il faut laisser les agriculteurs, avec les pouvoirs publics, construire des retenues d’eau pour capter l’eau de pluie l’hiver et l’utiliser l’été. Ici, ce sera un barrage, là, une retenue collinaire, là, encore, une nappe de proximité… La solution est choisie en fonction de la géologie, des reliefs et de l’hydrogéologie. En Vendée, dans les Deux-Sèvres et en Charente, la solution préconisée est celle des réserves de substitution. De grands bassins artificiels que l’on alimente en période de précipitations, lorsque les nappes regorgent d’eau, pour utiliser l’eau en été, pour irriguer les cultures. Cette zone géologique que l’on nomme « le seuil du Poitou » a des caractéristiques géologiques propres qui ne permettent pas un stockage dans les nappes de proximités car le calcaire est très présent et avec lui le réseau karstique.

Ainsi cette solution a-t-elle été imaginée par les collectivités locales, les agriculteurs avec la coopération du BRGM[1] dont la réputation n’est plus à faire. Elle permet le maintien des zones humides et la protection de la biodiversité. Elle évite de pomper l’eau dans les cours d’eau ou dans le marais en été. Contrairement aux allégations des écologistes, ces réserves n’accaparent pas l’eau, elles permettent au contraire de la gérer pour en permettre tous les usages. Au contraire, elles sont justement dimensionnées pour irriguer les cultures sans priver les autres milieux de l’environnement de leurs besoins en eau : les populations, la faune et la flore (biodiversité), les rivières, marais, zones humides et cours d’eau alentour. Dans le Lot-et-Garonne, des retenues d’eau collinaires permettent de maintenir le niveau des rivières l’été, lesquelles, sans eux, seraient asséchées. L’ingénieux canal du midi ne pourrait pas fonctionner sans le lac et le barrage de Saint Ferréol imaginés et construits par Pierre-Paul Riquet en 1667. Ils sont aujourd’hui classés au patrimoine mondial de l’humanité.

L’eau ne se consomme pas, elle circule

Contrairement au vocabulaire largement employé par les écologistes, l’eau ne se consomme pas. Elle circule. L’eau d’irrigation, par exemple, passe par la plante et retourne au milieu naturel soit par infiltration soit par évaporation. Les écologistes expliquent que l’un des problèmes de ces réserves est que l’eau ainsi stockée s’évapore ! La belle affaire ! Elle va former un nuage et retomber plus loin. Où est le problème ? En France, l’irrigation n’épuise pas les ressources en eau. La qualité des eaux s’améliore de manière continue, même s’il reste toujours des progrès à faire dans la gestion, notamment en multipliant les réserves de toute sorte, et dans les modes d’irrigation.

L’élevage reste la meilleure façon de produire les protéines

Quant à l’idée véhiculée par Greenpeace selon laquelle, si on ne mangeait plus de viande, on aurait besoin de moins de surface de culture et de moins d’irrigation, elle n’est pas fondée. C’est même exactement le contraire qui se passerait. Selon l’INRAE[2] (18 mars 2019) : « Si tout le monde adoptait un régime végétalien, il faudrait plus de terres pour nourrir l’humanité, car les coproduits des cultures ne pourraient pas être valorisés par les animaux pour produire des protéines (viande, lait, œufs) consommables pas l’homme. »
Mais les écologistes radicaux ne l’entendent pas de cette oreille ! Ils ont ainsi inventé des concepts fumeux dont l’unique objectif est de culpabiliser un peu plus les populations. Il faudrait, selon eux, 15.000 litres d’eau pour produire un kilogramme de viande de bœuf, 200 litres pour produire un œuf ! De nombreux médias diffusent cette information comme si c’était une vérité révélée ! Parfois même, ce sont des élus - et non des moindres -, voire de hauts responsables de l’administration, qui diffusent ces mensonges. À ce rythme-là, il n’y aura bientôt plus d’eau sur Terre !

Et pendant ce temps, à Paris…

À Paris, où résident de très nombreux activistes et donneurs de leçons écologistes, chaque jour, ce sont plus de 200.000 m3 d’eau qui sont pompés dans le canal de l’Ourcq et dans la Seine pour être acheminés vers 13.000 bouches, dont l’unique objectif est de nettoyer les caniveaux de la capitale (mégots, déjections canines…). Soit, par an, l’équivalent de 100 « méga-bassines » telles que celle de Saint Soline !

Quant à la France, elle détient un record du monde, avec 3 millions de piscines, soit 144 millions de m3 d’eau stockés, soit l’équivalent de 200 « méga-bassines » comme celle de Sainte Soline.
« Au lieu de regarder la paille qu’il y a dans l’œil de ton voisin, regarde plutôt la poutre qu’il y a dans le tien. »

[1] Bureau de recherche géologique et minière
[2] L’INRAE est un institut de recherche public œuvrant pour un développement cohérent et durable de l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

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