Assa Traoré, ce vendredi 18 novembre, était entendue à l’ONU, dans le cadre de la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination raciale en France, comme elle le rapporte sur sa page Facebook.
Dans une orthographe et une grammaire plus qu’approximatives – « la France a dû répondre aux des rapporteurs sur plusieurs cas discriminatoires et raciales » –, elle explique : « C’est un drame inconsolable qui me porte devant vous. Je me battrai toute ma vie pour que ce qui est arrivé à mon frère Adama n’arrive à aucun autre d’entre nous, à aucun de vos enfants, d’où qu’il vienne, qui qu’il soit, quelle que soit sa couleur ou sa religion. Nous avons des devoirs envers les générations qui nous suivent, celui d’être à la hauteur des valeurs d’égalité que nous portons haut et fort. »
Cette dame a sans nul doute été poliment écoutée. Après tout, cette institution en a vu d’autres en matière de lyrisme tiers-mondiste ou capitaliste, néo-conservateur ou marxiste-léniniste.
En revanche, il n’aurait pas été inopportun qu’on lui rappelle ce triste tropisme franco-français qui lui va si bien, voulant que tout ce qui soit tragique aux USA arrive ensuite chez nous dans le registre comique. Car Assa Traoré a beau arborer une coiffure afro, jamais elle ne sera Angela Davis.
L’égérie des Black Panthers, c’était tout de même autre chose. Ce mouvement séparatiste noir voyait ses hommes (et femmes) régulièrement tomber sous les balles du FBI. Eldridge Cleaver, théoricien de ce parti, n’était pas exactement Harlem Désir. Il se battait aussi pour sa peau. Comme d’autres mettent la leur au bout de leurs idées. De même, la ségrégation raciale des années 60 n’avait rien à voir avec les rentes de situation pleurnichardes de nos actuels militants antiracistes, ayant manifestement oublié que la France fut de longue date le refuge de tous ces artistes noirs opprimés en terres américaines, et même des soldats de la Grande Guerre découvrant, tout étonnés, qu’un Noir pouvait entrer aussi bien qu’un Blanc dans les caboulots de la capitale.
Pauvre Assa Traoré qui se voit telle qu’elle n’est pas… Assa Traoré est à Angela Davis ce que Chantal Goya pourrait être à Billie Holiday.
C'est le principe, les icônes perdent de leur lustre. Assa Traoré fait déjà partie de ces étoiles pâlissantes. À l’occasion de la sortie de Mon fils n’est pas un assassin - livre de Virginie Gautier, femme de l’un des gendarmes mis en cause dans la mort d’Adama Traoré, le frère d’Assa -, Gabrielle Cluzel avait commencé à noter l'effacement de la dernière sainte germanopratine en date.
« Adama » est une marque déposée à l’INPI. Assa Traoré se décline en pin's et tee-shirts, linge de table et autres goodies. Il fallait bien que cette machine s’enraye un jour et que, dans ce bric-à-brac médiatique, on ne retienne plus que le fric. À la publication du livre en question, même Libération tempère son enthousiasme. Les révélations du Point font le reste.
Ainsi, Assa Traoré serait contestée, même chez les plus proches de ses affidés qui lui reprochent notamment ceci : « Le Comité Adama fait cavalier seul et mène sa "révolution" sur les réseaux sociaux, invisibilisant le combat d’autres familles ou en s’en attribuant les mérites. » Un certain Amal Bentounsi, créateur du collectif Urgence, dont le frère aurait été tué par les forces de l’ordre en 2012, se montre plus qu’agacé par le fait que le nom d’Adama Traoré paraisse en plus gros que celui de son frère, sur la page de l’association. Du coup, celui d’Adama Traoré a été biffé de celle de son site à lui. Solidarité, quand tu nous tiens…
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