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vendredi 25 novembre 2022

La France veut doubler le nombre de ses réserves militaires


 
 

Arnaud Florac 24 novembre 2022

Dans le cadre de la nouvelle loi de programmation militaire, actuellement à l'étude, il n'y a pas que les canons qui manquent. 

Le ministère des Armées, sous l'énergique impulsion du général Thierry Burkhard, a fini par se rendre compte que, dans une de masse comme celles qui se profilent à l'horizon, il fallait de la masse. Au fond, le général de Villiers ne disait pas autre chose dans son récent entretien au Figaro. Il est donc question, en liaison avec les entreprises françaises, de permettre à qui le voudra de donner de son temps au service de son pays. Les exemples, cités notamment par BFMTV, ne manquent pas, pour démontrer l'intérêt de cette fructueuse coopération. Ainsi de ce réserviste envoyé en opex au Sahel, chef d'une entreprise informatique dans le civil, spécialiste du cyber pour le succès des armes de la France.

Il n'y aurait pas grand-chose d'autre à faire que rendre grâces au ministère d'avoir compris que la victoire passerait nécessairement par une mobilisation générale...si plusieurs points ne risquaient de gripper les rouages de la machine. D'abord, les entreprises seront-elles favorables à cet emploi de leurs salariés ? Si Geoffroy Roux de Bézieux, qui fit son service dans les commandos marine et reste lié au monde de la défense, devrait, en tant que patron du MEDEF, appuyer ce projet, il faudra cependant trouver de l'argent pour inciter les patrons à retrouver la fibre patriotique. Qui plus est, le fait que le ministre Lecornu évoque la possibilité, pour des « réservistes clandestins », de ne pas mentionner leur engagement et de ne servir que pendant les week-ends et les vacances, montre que la réserve militaire n'est pas nécessairement perçue comme un plus sur un CV.

L'autre problème est également lié à l'argent, magique ou non. Dans le cadre de la nouvelle loi de programmation militaire, il s'agit de remuscler, de densifier l'armée « à l'os » contre laquelle le général de Villiers s'était insurgé, après les coupes franches de Chirac puis Sarkozy. Cela, on l'a bien compris. Toutefois, dans un contexte qui nécessite à la fois la modernisation de la dissuasion nucléaire, la construction d'un nouveau porte-avions, la montée en gamme (et en nombre) de l'armée de l'air, et la poursuite du programme d'équipement de l'armée de terre, la question des réservistes aura-t-elle droit à une enveloppe ? On ne sait pas.

J'ajouterais bien, pour ma part, une troisième question, qui est sans arrière-pensée. On sait que la de est prête à s'engager pour une cause : c'est un des invariants de la fameuse « génération Z », celle qui est née dans les années 2000. Il y a ainsi eu des pics de recrutement pour les armées après les attentats de 2015. On sait aussi, d'un autre côté, que beaucoup de Français de tous âges préfèrent leur patrie d'origine à la France. On sait enfin que les urbains (les « bobos », comme on dit) sont à cent lieues de tout cela. Par conséquent, est-on en mesure de quantifier l'impact de ces mesures d'incitation à servir dans la réserve ? La n'est pas la Prusse, fanatique et mécanique, ni les États-Unis, qui ont besoin de massacres pour faire tenir leur nation. Elle est en revanche capable, historiquement, d'actes de dévouement magnifiques, souvent au bord du gouffre. Y sommes-nous ? Qui vivra verra.

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