Suite de la tribune publiée le 26 novembre.
Découpler le prix du gaz et celui de l’électricité
Le 30 septembre dernier Bruno Le Maire avait écrit à la commissaire européenne Margrethe Vestager, pour demander que soit remis en cause les règles du marché énergétique européen : « pour qu’on arrête une bonne fois pour toutes d’aligner le prix de l’électricité sur le prix du gaz ».
Deux mois plus tard, et ce malgré l’urgence, rien n’a bougé ! Bruno Le Maire ne parle plus de « son combat » pour modifier les règles du marché européen, mais de « boucliers » et de « subventions ». Pour les PME cela s’appellera « l’amortisseur d’électricité[1] ». Une fois encore, au lieu de penser le changement, nous changerons le pansement !
« Pourtant, découpler le prix de l’électricité de celui du gaz est une nécessité urgente, vitale pour atténuer les effets désastreux du prix de l’électricité sur notre industrie et l’ensemble de notre économie », comme le rappelle Bernard Accoyer, ancien président de l'Assemblée nationale, dans une lettre ouverte adressée cette semaine au président Macron.
Quant à nos députés, ils ont d’autres priorités. Pendant que les entreprises de France reçoivent les lettres d’EDF par milliers, notre assemblée nationale débat de l’interdiction de la Corrida ! Est-ce que ce monde est sérieux ?
EDF, le taureau de l’ARENH
Il y a pourtant matière à débattre pour nos députés. Connaissez-vous l’« ARENH » ? Cela signifie « accès régulé à l’électricité nucléaire historique ». Ce système administré, oblige EDF à vendre à ses concurrents 25% de sa production à prix coûtant, au détriment de ses clients historiques ! Une électricité achetée bon marché que les fournisseurs alternatifs revendent à prix d’or sur marché qui lui est indexé sur le prix du gaz. Selon la théorie des vases communicants, il y a fort à parier qu’une partie de l’augmentation qu’EDF impose aujourd’hui à ses clients, vise à compenser le manque à gagner que lui inflige l’ARENH... Un dispositif abscons qui fragilise EDF et ses clients qui est désormais intégré dans le code de l’énergie ! S’il y a une corrida à supprimer, c’est plutôt celle-là.
Retrouver notre souveraineté énergétique
Tout cela est un énorme gâchis. Car s’il y a un sujet où la France disposait d’un avantage économique doublé d’un atout écologique, c’est bien celui de l’énergie. En 2018, la France était le dixième producteur mondial d’électricité et le premier pays exportateur au monde. En 2020, sa production nette s’est élevée à 500,1 TWh, elle était le premier pays exportateur d’Europe, avec un solde exportateur de 43,2 TWh.
Depuis, François Hollande, puis Emmanuel Macron, ont fait à peu près n’importe quoi, au nom d’accords politiques hasardeux avec les verts.
C’est ce que nous écrivions déjà avec David Lisnard, dans une tribune, le 1er août 2021 : « Quand le "en même temps" devient "tout et son contraire" ».Le 18 novembre 2022, le gouvernement Français annonçait la signature d’un accord franco-allemand pour « sécuriser les capacités d'importation d'électricité » en France !
Le retour aux groupes électrogènes ?
Dans sa lettre aux entreprises, EDF conclu : « Le kWh le moins cher est celui qui n’est pas consommé (sic !) En diminuant ou en modulant différemment votre consommation l’hiver prochain, autant que votre activité le permet, vous pourrez ainsi réaliser des économies sur votre facture, tout en contribuant à l’amélioration de la gestion des pointes de consommation (re sic !). »
Si les augmentations restent en l’état, de nombreuses TPE, PME, artisans, commerçants, exploitations agricoles, vont se tourner vers les groupes électrogènes et les énergies fossiles pour diminuer leur consommation d’électricité - décarbonée -, leur besoin de puissance, et redescendre en dessous de la barrière fatidique de 36 kVA pour bénéficier du tarif réglementé et du bouclier tarifaire.
Dommage pour le climat… Juste au moment où le gouvernement lance l’appel à projet (AAP) « Industrie Zéro Fossile », dit « IZF » ! C’est compliqué de sauver la planète avec des politiques de gribouille.
Lorsque l’on parle de survie, nécessité fait loi. Le sentiment général est d’avoir été lâchement abandonné… EDF nous doit plus que la lumière. Emmanuel Macron aussi.
[1]« Une aide forfaitaire sur 25 % de la consommation permettant de compenser l’écart entre le prix plancher de 325€/MWh et un prix plafond de 800€/Mwh, l’amortisseur sera plafonné à 800€/Mwh afin de limiter l’exposition du budget de l’État à la flambée des prix : l’aide maximale serait donc d’environ 120€/MWh pour les entreprises concernées »
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