Les
situations de crise sont toujours propices aux atteintes à la liberté
individuelle.
La tentation est grande, pour les gouvernements, de confondre la protection nécessaire de la société avec son contrôle.
« Big Brother vous regarde » : le monde imaginé par George Orwell pourrait-il devenir une réalité en France ?
Verrons-nous bientôt, dans les rues ou dans des spots publicitaires, des affiches de notre Président nous regardant droit dans les yeux, avec l’avertissement « Macron vous regarde » ?
Pour notre bien, ça va de soi !
C’est de la science-fiction !
Vous prêtez au gouvernement de mauvaises pensées ! Vraiment ?
Pour Michel Butor, la science-fiction est « un fantastique encadré dans un réalisme », ce qui signifie qu’elle prend sa source dans le réel.
Pour éviter tout procès d’intention, limitons-nous aux déclarations de proches de la majorité sur le « traçage numérique », telles que nous les rapporte Le Parisien, alors que l’exécutif envisage d’utiliser cette technique pour lutter contre l’épidémie, quand il s’agira de sortir du confinement. Véritable « cas de conscience » pour les partisans de Macron, au point que, lundi soir, l’un des dirigeants LREM aurait déclaré qu’il réfléchirait à son « appartenance à une majorité qui serait favorable à de telles mesures ».
Tiens donc !
Le gouvernement y songerait-il sérieusement ?
Un pilier de la Macronie s’alarme que « la porte [soit] grande ouverte » à cette perspective, tandis qu’un autre assure que l’exécutif marche sur des œufs : « Ils sont extrêmement prudents. Ils savent qu’ils sont sur un terrain très mouvant. »
À Matignon, on estime que « plein de technologies peuvent se révéler utiles », mais on prend des précautions de langage : « On fera très attention aux libertés publiques, il ne s’agit pas de créer un Big Brother. »
Le fait même de mentionner le dictateur de l’État d’Océania montre que le rapprochement n’est pas si saugrenu que cela !
Toujours selon Le Parisien, Édouard Philippe exclut tout traçage « obligatoire », mais ne serait pas hostile à « un engagement volontaire ».
C’est le choix, également, de Mounir Mahjoubi, l’ex-Monsieur Numérique du gouvernement, qui a rédigé une note parlementaire sur le traçage des données mobiles dans la lutte contre le coronavirus.
Interrogé sur RTL, il explique que « la question des libertés individuelles se pose dans le cas où il n’y a pas de consentement de la personne ».
Il ajoute : « Si c’est sur la base du volontariat, il y a respect de la liberté au sens le plus large du thème, mais ne risque-t-on pas de perdre l’efficacité ? »
Tirez-en vous-même la conclusion : le challenge du gouvernement, c’est de persuader les Français que, pour sauver des vies, on peut mettre de côté les libertés individuelles.
Pas sûr que ces nouveaux joueurs de flûte parviennent à convaincre.
Ils ont beau s’escrimer à tromper les Français, ils n’incitent guère à la confiance.
Voyez-les, tous les soirs, égrener le bilan de l’épidémie, sans un mot sur leur manque de préparation, sur la pénurie de masques ou de tests de dépistage : ils arrivent, ils vont arriver ! nous répètent-ils. Pas question de reconnaître leurs fautes.
Ils ne sont pas non plus gênés de dire, un jour, que les masques sont inutiles et, le lendemain, qu’ils sont indispensables.
Un gouvernement qui nie ses erreurs, qui réécrit l’Histoire pour donner une bonne image de son action, voilà qui ressemble beaucoup au monde décrit par Orwell.
À quand un ministère de la Vérité ?
Philippe Kerlouan
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