MANIFESTATION - De grandes difficultés sont attendues sur les routes...
Plus de 2000 camions - 4.000 selon les organisateurs - ont défilé samedi au pas contre l'écotaxe dont ils réclament l'abandon après la suspension.
Un mouvement qui a entraîné de sérieux ralentissements autour des grandes villes mais sans violences ni incidents.
En fin de matinée, des cortèges poids-lourds se dirigeaient vers Strasbourg, Toulouse, Bordeaux, Marseille, Lyon, Lille et en Ile-de-France autour du marché de gros de Rungis, s'arrêtant sous les portiques de la société Ecomouv installés pour la collecte de l'écotaxe - mais prenant soin de les épargner.
«On est complètement étranglés»
Sur les banderoles déployées sur le pont à l'entrée de Marseille, on pouvait lire : «Ecotaxe dumping social = mort des PME du transport routier» et «Ecotaxe = racket, faillite, chômage».Mais pas question de brouiller le message. «On est complètement étranglés. Nous demandons la suppression pure et simple de l'écotaxe», a déclaré sur l'A63 à proximité de Bordeaux le représentant de la société de transport TLA, Eric Richard.
La mesure a été suspendue siné die fin octobre par le Premier ministre Jean-Marc Ayrault, déterminé a-t-il dit vendredi, à «prendre le temps nécessaire» avant toute nouvelle initiative.
En Bretagne, où la contestation est née, des dizaines de camions convergeaient vers le portique de Lanrodec (Côtes d'Armor), détruit le 3 novembre par des manifestants, tandis que dans l'Est, en Lorraine, quelque 130 camions roulaient vers la pérophérie de Metz et le siège d'Ecomouv.
L'OTRE, la fédération de routiers qui mobilisait samedi en arguant que l'écotaxe coûterait plusieurs dizaines de millions d'euros par entreprise, a donné consigne à ses adhérents d'éviter toute violence et destruction pour ne pas brouiller le message.
2.100 poids-lourds à la mi-journée, selon l'Intérieur
«Tout se passe bien, on est bien conscient de l'impact que pourraient avoir des destructions et c'est pas dans notre état d'esprit», a assuré la présidente de l'OTRE, Aline Mesplès dans le cortège d'Aquitaine sous le portique sur l'A 63.Selon elle, les poids-lourds veillaient à laisser une voie de circulation libre pour les véhicules légers. En revanche pas question de laisser passer les camions étrangers, immatriculés en Espagne ou dans les pays de l'Est: «On ne veut pas que nos concurrents continuent à rouler pendant qu'on est arrêté», a justifié la présidente.
Selon le ministère de l'Intérieur, la contestation avait mobilisé 2.100 poids-lourds à la mi-journée, dont 230 pour la seule Ile-de-France, le porte parole de l'OTRE, Kevin Beard, annonçant de son côté 4.000 camions à midi dans plus d'une trentaine de cortège.
Des forces de l'ordre - gendarmes et CRS - avaient été requises pour protéger les portiques (et le siège) de la société Ecomouv dont l'OTRE demande l'annulation du contrat, autant que pour limiter les perturbations du trafic. Celles-ci étaient sensibles particulièrement au sud de Paris, vers Rungis, en région sur les autoroutes A7 au sud de Lyon et A1, entre Valenciennes et Lille, bloquées par des opérations escargot, ou encore au niveau du portique sur l'A63 en direction de l'Espagne.
Des déviations ont été mises en place là où c'était nécessaire, Bison Fûté s'attendant à des perturbations jusque vers 15H00.
L'OTRE, qui représente les petites entreprises du secteur des transporteurs routiers (3.000 adhérents) était la seule à mobiliser samedi.
Les autres fédérations de transporteurs (Unostra, FNTR, CSD et TLF) ont marqué leur différence par un communiqué commun : rappelant que le ministre des Transports Frédéric Cuvillier les avait reçues mercredi, elles y réaffirment qu'elles s'abstiendront de «toute manifestation type pique-nique sous les portiques» tant que le gouvernement maintiendra ses promesses de majoration forfaitaire et d'un plan de soutien au transport routier.
Sur RTL samedi matin, Dominique Bussereau, député UMP des Charentes et ex-ministre des Transports, a rappelé que l'écotaxe «exonère les transporteurs» qui la reporteront sur leurs clients et vise surtout les camions étrangers qui traversent le pays. Pour lui, les manifestations font «partie d'un climat contre les impôts et l'écotaxe, pas toujours facile à comprendre, sert de bouc émissaire».
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