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lundi 9 octobre 2017

¡ España, una, grande y libre !

 




 
Tel le Phénix, l’Espagne est en train de renaître de ses cendres.

Un peuple ramolli, incapable de ressentir la moindre émotion, le moindre élan pour le sort collectif de sa nation, le voilà qui, soudain, tout d’un coup, réveillé grâce au révulsif extraordinaire représenté par la sécession catalane, est en train de se reconnaître, de s’affirmer en tant que tel pour la première fois depuis quarante ans de règne démocratique.
Il est là, au moment même où, pour écrire ces lignes à chaud, je me retire un instant de la manifestation monstre qui, ayant collapsé les rues de Barcelone, s’y déroule aujourd’hui, avec un nombre impossible à évoluer de manifestants – plusieurs centaines de milliers, certainement –, la plupart des Catalans opprimés pendant toutes ces années noires, auxquels sont venus se joindre de nombreux Espagnols provenant des autres régions du pays.
Quelles sont les issues possibles à l’heure actuelle ?

1) Le gouvernement putschiste de la Generalitat n’a, en ce moment – surtout après que les banques et les grandes entreprises ont pris, vendredi, la poudre d’escampette –, qu’un seul souhait : faire marche arrière.
Ils se sont enfin rendu compte de la poudrière où ils étaient en train de s’enfoncer eux-mêmes.
Mais ils en craignent les conséquences.
D’abord, ils perdraient honteusement la face comme jamais aucun gouvernement ne l’a perdue. L’autre conséquence serait la menace manifeste que les hordes gauchistes du CUP et de Podemos se lancent dans la rue de la façon la plus violente possible.
C’est pourquoi les dirigeants de la Generalitat sont en train de supplier une trêve, les déclarations de Carles Puigdemont, actuel président de la Generalitat, et d’Artur Mas, son prédécesseur, en faisant foi.
2) Mais ils sont allés trop loin et il est encore possible que, mardi prochain, l’indépendance soit formellement proclamée.
Dans ce cas, il serait impossible à Rajoy de continuer à ne rien faire.
Il serait bien obligé d’appliquer l’article 155 de la Constitution et de suspendre l’autonomie de la Catalogne, tout en envoyant les putschistes sous les verrous.
Mais avec un type aussi timoré que l’actuel président du gouvernement espagnol, même cela n’est pas assuré.

3) Or, si les dirigeants de la Generalitat se dégonflaient finalement pour de bon, Rajoy en profiterait sans doute pour établir avec eux de nouvelles concessions et de nouveaux arrangements.
Mais, dans ce cas, ce serait le peuple espagnol qui se dresserait contre lui : tout le système mis en place depuis 1978 étant alors profondément ébranlé, mis en question, et peut-être même renversé.
Reste la grande question : le peuple espagnol, dépourvu d’organisation, privé d’élites politiques, confiant dans sa seule spontanéité, en aurait-il la force ?

Non, probablement.

Sauf si le reniement ou la trahison de Rajoy se produisait malgré la proclamation de l’indépendance de la part des sécessionnistes, auquel cas tout deviendrait alors possible.


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