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dimanche 12 juin 2022

Exclusif : Les soignants sont à bout de souffle, mais le ministère de la Santé fait la fête


 
 
 
 Marc Baudriller 11 juin 2022

Les infirmières n’en peuvent plus. Environ 15.000 soignants ont été éjectés de l’hôpital pour cause de non-vaccination. 

Leurs horaires sont fous, la rémunération bien plus basse qu’ailleurs en Europe. 

Mais voilà, les soignants qui manifestaient en masse devant le ministère des Solidarités et de la à Paris, le 7 juin dernier, seront heureux de l’apprendre : le même ministère ou, plus précisément, la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) qui en fait partie, s’apprête à faire la fête, le 23 juin prochain. Une petite sauterie gentiment arrosée, la cérémonie des « DGOScars ». Il fallait y penser !

 

 

Les affiches ont envahi les locaux du 14, avenue Duquesne, dans le 7e arrondissement de pour inciter à réserver cette soirée. On y distingue en noir et blanc, sur papier à en-tête du ministère, des couples de danseurs endiablés et un curieux personnage à l’allure mazoutée. « Affûtez vos répliques cultes et vos meilleurs pas de danse », invite l’une des affiches. Contacté par Boulevard Voltaire, le ministère confirme les agapes. La fête sera belle, à la DGOS. Mais voilà, cette perspective n’enchante pas tout le monde et des dents grincent. Car la DGOS n’est pas tout à fait pour rien dans la situation catastrophique de nos hôpitaux.

Officiellement, la Direction générale de l’offre de soins « participe à l'élaboration et à la mise en œuvre de la politique de définie à l'article L. 1411-1. Elle est chargée de l'élaboration, du pilotage et de l'évaluation de la politique de l'offre de soins en fonction des objectifs et des priorités de la politique de santé. » Elle assure aussi « le respect de la dignité et des droits des usagers de l'offre de soins ». Et gère, enfin, « la tutelle d'établissements publics nationaux et d'organismes nationaux exerçant leur activité dans le domaine de l'offre de soins ». En clair, c’est cet organisme qui gère l’administration des hôpitaux publics, assure la qualité des soins et organise l’offre de l’hôpital. À sa tête, un certain Jean Castex officia en 2005 et 2006 avec la fonction de directeur de l’hospitalisation et de l’organisation des soins.

La DGOS est fréquemment décrite dans les milieux hospitaliers comme « une bulle hors-sol ». Cette soirée donnera des arguments en ce sens. Le champagne du ministère, pour les soignants qui déplorent l'état lamentable de leurs hôpitaux, aura un goût amer.

Dans un rapport sorti le 29 mars dernier, une commission d’enquête constituée à la demande des Républicains sur la situation de l’hôpital et le système de en France évoquait « l’hôpital à bout de souffle ». Et reconnaissait que son « fonctionnement repose encore trop souvent sur la bonne volonté des personnels et sur une morale du dévouement, voire du sacrifice ». Le même rapport donne quelques idées d’utilisation des queues de budget du ministère et décrit l’état dramatique de ces hôpitaux qui faisaient, voilà pas si longtemps, la fierté du pays : « Vétusté des équipements, charge de travail excessive, mais surtout manque de temps médical et soignant auprès des patients sont autant de facteurs à l’origine d’un profond sentiment de perte de sens qui provoque des départs de personnels en cours de carrière. » Des résultats pareils, ça se fête, non ?

 

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