En France, nous avons, par précaution sanitaire, fermé, à l’automne 2020, les remontées mécaniques, contrariant la saison des sports d’hiver, même si les pistes restaient ouvertes.
Cependant, quelques passionnés sont quand même venus à la montagne, cet hiver, pour profiter des loisirs encore à leur disposition : ski de fond, luges, raquettes, et cela, en dépit de la fermeture des restaurants. Mais lors du troisième confinement, tout cela s’est arrêté puisqu’il était désormais interdit de changer de région.
Or un pays voisin, la Suisse, a choisi une autre politique : elle a laissé tout ouvert. Cette décision n’a pas provoqué de flambée du Covid-19. Les chiffres de contaminations sont même inférieurs dans la Confédération helvétique : la semaine dernière, 141 personnes étaient infectées pour 100.000 habitants dans le Valais suisse, contre 299 en Haute-Savoie à la même date. Il n’y a pas eu, non plus, de foyer d’infection dans les stations de ski, ni de poussée de la pandémie, alors que la France et l’Allemagne, qui ont fermé leurs remontées mécaniques, font face à une troisième vague. Notre gouvernement (comme d’autres) a donc commis une lourde erreur qui a étouffé volontairement un pilier de notre économie de loisirs et creusé notre déficit inutilement.
Il est encore trop tôt pour tirer un bilan des sports d’hiver en Suisse pour cette saison. Les chiffres ne seront pas bons, car la Confédération helvétique a bloqué aux frontières les touristes étrangers, qui représentaient en moyenne 35 % de la clientèle les années passées, selon Le Figaro. Les pertes oscilleraient entre 20 % et 30 %, ce qui serait un bon chiffre : les Suisses auraient donc plus skié que les années précédentes chez eux. Il s’agit sans doute d’une clientèle qui pratiquait les sports d’hiver hors de la Confédération et qui a dû rester en Suisse cette année.
Forte de ce succès, la Confédération se prépare à rouvrir très largement ses lieux publics : les activités culturelles et sportives à l’intérieur vont bientôt reprendre, on pourra manger en terrasse dans les restaurants.
Les stations helvétiques ont pu rester ouvertes car elles avaient pris, dès l’été, des précautions drastiques ; ils avaient embauché du personnel supplémentaire, 10 à 15 % de plus, pour mieux gérer les flux de clients. Les stations ont également investi plusieurs centaines de milliers de francs suisses dans des infrastructures spécifiques (filets, barrières) pour éviter que les clients ne se croisent. Les dirigeants de ces stations se félicitent de l’absence de cluster dans leurs installations et s’auto-congratulent dans la presse.
En France, on regrette la fermeture des remontées mécaniques, mais on se console avec les aides gouvernementales : entre 500 et 700 millions d’euros seront versés aux exploitants et le feu vert de l’Europe permettra de donner plus vite les chèques compensant les pertes de chiffre d’affaires. Néanmoins, la protection de l’État a ses limites, les sous-traitants (fournisseurs, sociétés d’entretien des remontées mécaniques) n’étant pas en général dédommagés. Des projets d’investissements comme l’achat de dameuses ont été reportés, mettant en danger l’économie locale.
En Suisse, il n’y aura pas d’aide, aussi, les petites stations souffriront plus que les grosses et des investissements seront reportés vu la situation. Néanmoins, le monde des sports d’hiver suisse est fier d’avoir préservé un espace de liberté à rebours de ses voisins européens.
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