Le 12 février 2021
Avertissements, filtrages, censure… Depuis un an, les plateformes numériques durcissent leur politique de modération pour combattre la « désinformation » sur la crise sanitaire.
Outre la prétention des GAFAM à vouloir proclamer la vérité, leurs règles sont parfois émaillées de contradictions dangereuses.
Les internautes commencent à s’y habituer. Depuis le début de la pandémie, les plateformes numériques ont mis en place un avertissement en dessous de chaque contenu traitant du coronavirus. Avertissement à géométrie variable, auquel ne sont pas soumis certains grands titres de presse, qui ont perdu une grande part de leur esprit critique ces derniers mois.
Sur Facebook, le « centre d’information » édité par la plateforme nous explique par exemple que « les personnes âgées ne sont pas les seules personnes à risque ». Mais aucune mention du fait que plus de 90 % des décès du Covid-19 ont plus de 65 ans, ni que la moitié ont plus de 85 ans. Vous pourrez lire qu’« il n’a pas été prouvé que l’hydroxychloroquine peut guérir ou traiter le COVID-19 », mais vous ne trouverez rien à lire sur le Remdesivir, traitement précommandé par l’Union européenne avant d’être déconseillé par l’OMS. La plateforme Youtube s’embarrasse moins et renvoie directement l’internaute vers le site du gouvernement. Gouvernement qui, rappelons le, avait lancé sa rubrique « Désinfox coronavirus », avant de faire machine arrière après le tollé qu’avait suscité cet avant goût de « ministère de la Vérité ».
Règles incohérentes et publicité gouvernementaleCe contrôle partial de l’information sur la crise sanitaire ne s’arrête pas là. Le groupe Facebook a annoncé en début de semaine qu’il passait à la vitesse supérieure. Et prévoit de supprimer tous les contenus affirmant que le virus « est produit en usine ou fabriqué par l’homme ». Cela alors même que les pressions sur l’enquête de l’OMS laissent planer le mystère sur l’origine du virus. Même peine pour les messages questionnant l’efficacité du port du masque. Les comptes gouvernementaux auraient-ils été censurés il y a six mois, lorsque les autorités clamaient l’inutilité du masque ? Plus récemment, l’étude publiée dans le Lancet début février, affirmant n’avoir « trouvé aucune preuve d'une diminution du risque de transmission chez les personnes ayant déclaré avoir utilisé un masque » sera-t-elle aussi passée sous silence ?
Autre surprise : le groupe de Mark Zuckerberg affirme qu’il offrira pour 100 millions d’euros d’espace publicitaire aux autorités sanitaires et aux associations pour promouvoir la vaccination. Curieuse démarche des autorités, quand ces dernières ne cessent de déplorer l’influence des GAFAM sur le pouvoir politique. Cette campagne publicitaire s’accompagnera d’une suppression de contenus jugés « mensongers » sur les vaccins. Au delà même du principe, déjà fort contestable, de s’arroger l’autorité de dire ce qui doit être considéré comme vrai ou faux, un autre problème se pose. Comment garantir la faculté d’un algorithme à faire la part des choses entre une théorie farfelue et un article documenté ? Bas les masques pourra-t-il par exemple encore informer ses lecteurs du suivi très approximatif des effets secondaires des vaccins ?
Censure de la controverse scientifique
Plus grave encore : les plateformes s’immiscent également dans le débat scientifique. Youtube aurait supprimé plus de 200 000 vidéos incluant du contenu « dangereux ou trompeur » sur le Covid-19. La généticienne Alexandra Henrion-Caude en a fait les frais en voyant son entretien sur le vaccin, accordé au média TV Libertés, tout simplement supprimé de la plateforme. Twitter a emboîté le pas récemment en annonçant supprimer tout contenu remettant en cause l'intérêt de se faire vacciner.
Cette pente glissante dans laquelle s’engagent ces plateformes met en péril le droit fondamental des citoyens d’accéder à une information plurielle. Le discours monolithique pré-mâché par les GAFAM risque fortement de se substituer à la complexité du réel, la nuance et le débat.
Une stratégie qui ne diminuera pas pour autant la défiance des internautes envers l’information, bien au contraire…
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